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4,34

sur 607 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Parfaite illustration du « classique atemporel », car offrant une lecture possiblement différente selon l'époque à laquelle il sera lu… Etonnant paradoxe ?

Voilà qui mériterait une réflexion en profondeur… que je mènerais plutôt avec vous autour d'une carafe de rhum, assis sous un abri de paille de canne, à regarder tomber la pluie, ou par défaut à l'attendre… navré pour l'exotisme, mais les usages numériques lentement me sortent du corps… et me voilà encore à parler d'autre chose que de ce très bon livre, « captivant roman historique de caftan et de cimeterre », comme le dit si bien dans sa critique notre fantôme bolaniesque, Dandine.

À défaut de haschich, il reste riche en évasion, ainsi qu'en profondes réflexions sur le pouvoir, la religion, la vérité, relative ou absolue… en plus de nous intéresser à un pan précis de la très riche histoire de l'Islam.

Le préfacier de sa première édition en français y voit une manière détournée pour son auteur, yougoslave d'obédience slovène ( dont l'hymne actuel est « zdravljica ! : Je lève mon verre » ) de critiquer les totalitarismes alors en plein essor européen, à la veille de la seconde guerre mondiale.
Possible interprétation, pas aussi évidente que pour les « Lettres Persanes » de Montesquieu (ou le « Mahomet le prophète » De Voltaire).
Sublime ironie de l'histoire, ce genre de livre aujourd'hui devrait quasiment prendre le chemin inverse, usant des dictatures rouges ou brunes pour nous conter de fanatisme religieux, l'auteur de ces maudits Versets là pour en témoigner…
Sans parler de potentielles accusations d' « appropriation culturelle », sommet de bêtise post-moderne…
D'ailleurs ce livre me renvoie vers une lecture passée, nettement moins connue, d'un autre auteur yougoslave, Vladislav Bajac, et ce très complet « Livre du Bambou », matrice Zazen de la culture Sino-Japonaise médiévale…
Vous comprendrez l'étrange rapprochement…

L'utilisation de ce livre par une équipe française de développement de jeux-vidéos a donné lieu à une nouvelle édition et traduction, dont je n'ai pas trouvé de critique comparative. Les quelques extraits piochés ici et là, dont celui en quatrième de couverture, apparaissent comme moins « littéraires » (on dit parfois plus « contemporain »), bien-sûr sans certitudes, et encore moins de notions vis-à-vis du texte original.

L'éditeur Phébus / Libretto reste sans conteste une solide valeur sûre, pourvoyeur d'une immense variétés de textes de la littérature mondiale, avec en commun une certaine qualité « patrimoniale » et universelle, hors des modes et des coups d'esbroufe, paraissant du coup à certains un peu « vieillot »…
On ne va donc pas leur en vouloir d'avoir tenté de séduire quelques fans d' « Assassin's Creed », toute exhortation à la lecture étant bonne à prendre…
Et cela reste un bon rappel de l'apport des langues moyen-orientales sur les nôtres…

Un solide classique, dont la lecture enrichit par le voyage, bien à sa place dans cette plutôt convaincante liste des « 1001 livres qu'il faut… », laissant derrière le goût de la couleur…
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Les deux premiers chapitres sont inquiétants : par l'entremise de deux jeunes protagonistes qui arrivent à Alamut, assisterait-on consterné à une cuculisation du terrible mythe ? Heureusement, ça se tasse ensuite, même si quelques relents de praline viennent encore parfois gâter la sauce.
Bon, je fais un peu la fine bouche, mais qui aime bien châtie bien. Parce que c'est bien le seul reproche que l'on peut faire à ce roman par ailleurs excellent.

Il est soutenu par le contexte historique très détaillé dans lequel il est situé : autour de l'an mille chrétien, un peu plus de trois siècles après l'Hégire, au moment où les schismes de l'islam sont encore proches. Et ces différents épisodes sont expliqués, ainsi que les délicates affaires de succession du jeune empire Ottoman et du califat du Caire dont dépend alors l'Iran où est situé Alamut. Ainsi que, bien sûr, l'histoire du courant ismaélien auquel appartenaient les troupes du Vieux de la Montagne, chef d'Alamut, et aussi le patriotisme local de ces descendants des glorieux Perses qui ne voulaient pas vivre sous la coupe des rustres Turcs.
C'est donc une belle immersion dans l'histoire, rehaussée par les épisodes les plus fameux (ou légendaires ?) de cette bande de rebelles. Ces hauts faits merveilleux ou terribles, notamment les célèbres haschichins qui partaient gagner leur place au paradis d'Allah en allant assassiner un ennemi au mépris de leur propre vie. Ainsi que l'évocation d'Omar Khayyam, le poète contemporain de cette histoire qui fut probablement proche du Vieux de la Montagne.

Enfin il y a le sous-texte, une critique des ressorts de la dictature, stalinienne en l'occurrence.
Le chef, sa solitude, ses motivations, ses sbires du premier cercle partageant le grand secret que l'idéologie n'est que du bidon, et puis les masses qu'il faut guider par l'idéologie parce qu'elles sont incapables d'assumer la vérité, la totale liberté de l'être humain. En gros, « ni dieu ni maître » mais seuls les forts en sont capables et donc dignes, ce qui justifie qu'ils abusent les masses, pour leur bien. Charmant. (Et probablement à côté de la plaque pour ce qui concerne les ismaéliens et l'Alamut historiques).

On n'est finalement pas loin du chef d'oeuvre, aux réserves exprimées en introduction près.
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Un roman historique de caftan et de cimeterre. Pas un roman jeunesse, pourtant. Derriere le roman d'aventures affleure discretement le roman a these. J'ai savoure les divers episodes, les descriptions de lieux et d'actions, j'ai apprecie l'ecriture, fluide et sans trop d'efforts de style, j'ai fini repu, habite des pensees que ce livre suscite.


Dans la citadelle d'Alamut, nid d'aigles inexpugnable, un meneur d'hommes charismatique, Hassan Ibn Sabbah, prepare une poignee de combattants a renverser les turks Seldjoukides qui sont au pouvoir en Perse. A l'aide de drogues et surtout de la promesse d'un paradis auquel il les a fait illusoirement gouter, il en fait des fedayin, qui n'ont plus peur de mourir, mais au contraire cherchent une mort glorieuse pour leur cause, qui leur permettra d'acceder ipso-facto a ce que le Coran a promis aux pieux exemplaires et aux morts en defense de la foi: “jardins et vignes, et belles aux seins arrondis, d'une egale jeunesse, et coupes debordantes" (sourate 78, an-naba). Avec ses fedayin endoctrines, fanatises, manipules en fait, il seme la terreur chez les Seldjoukides. Ce seront les Hashashiyun, la secte chiite-ismailite des Assassins, qui arboreront le fanatisme comme instrument de pouvoir, la terreur comme arme de conquete. Je cite quelques phrases que l'auteur met dans la bouche de Hassan Ibn Sabbah: “Mon plan est gigantesque. J'ai besoin de croyants qui aspireront à la mort au point de n'avoir peur de rien. Ils devront être littéralement épris de la mort! Je veux qu'ils courent à elle, qu'ils la cherchent, qu'ils la supplient de les prendre en pitié, comme ils feraient d'une vierge dure et peu généreuse”. “Mais la force de toute institution repose essentiellement sur l'aveuglement de ses adeptes ! … Plus bas est le niveau de conscience d'un groupe, plus grande est l'exaltation qui le meut. …la mystification et la ruse sont de toute façon indispensables à celui qui veut mener les foules vers un but clair à ses yeux mais que celles-ci seront toujours incapables de comprendre”. “Penses-tu que la grande majorité des gens se soucie de la vérité ? … pour atteindre le but élevé qui est le nôtre, et qui sert aussi bien son intérêt… mais qu'elle est incapable de comprendre! J'ai frappé à la porte de la bêtise et de la crédulité humaine. J'ai misé sur l'appétit de jouissance et les désirs égoïstes des hommes. Les portes se sont ouvertes toutes grandes devant moi. Je suis devenu un prophète populaire…”. Quel but eleve? La domination du monde!: ” Aussi la suprématie appartiendrait-elle à celui qui tiendrait tous les souverains du monde enchaînés par la peur. Mais pour être efficace la peur doit se donner de grands moyens”.


Vladimir Bartol brosse le tableau d'un fanatisme, d'un totalitarisme, qui sert un homme, ou une poignee d'hommes, a tenir sous leur coupe de nombreux autres, qui ne sont qu'instruments a leurs yeux, et dont ils se servent sans scrupules pour atteindre un pouvoir supreme. Il choisit comme cadre et comme epoque la Perse de la fin du XIe siecle, ou se meuvent d'illustres hommes d'etat comme Nizam el Moulk, de grands lettres et poetes comme Omar Khayyam, et aussi le sinistre Hassan qui, ayant fait d'Alamut son repaire, fut connu comme “le vieux de la montagne". Il a de belles pages pour decrire ces hommes, leurs pensees, leurs actes et leurs destins. Il decrit magnifiquement les lieux ou ils se meuvent, villes et campagnes, detaillant specialement Alamut et ses environs. L'endoctrinement, le lavage de cerveau des jeunes fedayin est longuement suivi, en plusieurs chapitres. D'autres sont consacres a l'etablissement de jeunes esclaves vierges dans le jardin cache derriere la forteresse, pour qu'elles servent de “houris" paradisiaques aux fedayin drogues. le tout sert tres elegamment la trame du livre, et son message, habilement masque par un passe historique et geographique lointain, peut etre lu comme une critique, une attaque, aux endoctrinements de son temps (le livre est publie en 1936), nazisme, fascisme, communisme, qui s'avereront tres vite encore plus funestes que l'ismailisme du vieux de la montagne.


Mais these ou pas these, message ou pas message, ce livre est d'une lecture prenante. de belles descriptions, des dialogues interessants, et beaucoup d'action, de peripeties, de rebondissements. Oui, un captivant roman historique de caftan et de cimeterre. Pour adultes (pour que les vieux adultes se sentent jeunes adultes).

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Un roman qui s'avère être actuel par son sujet : le totalitarisme, il met en scène un homme, Hassan, qui se définit comme un prophète avec un grand destin, il arrive à galvaniser les foules, à faire obéir aveuglément les gens.
Je me suis rendue compte que ce livre datait de 1938. Et pourtant son sujet est intemporel et actuel.
C'est un livre dense avec énormément de personnages aux noms étrangers (d'où la difficulté de se repérer de temps en temps) et une mise en place qui dure pendant deux cents pages, il faut en effet expliquer la situation politique qui nous amène à Alamut, cette citadelle située en haut d'une montagne et réputée imprenable. Il faut s'accrocher mais ça vaut le coup, l'auteur prend le temps d'installer tous les éléments nécessaires à la bonne compréhension de la totalité de l'intrigue.
Et là, l'histoire prend toute son ampleur dans la folie de cet homme qui a mis 20 ans à réaliser son oeuvre à travers sa doctrine et ses disciples. le projet de cet homme est édifiant, il fait preuve d'une intelligence effrayante et d'une détermination sans faille.
Les personnages sont bien travaillés, ils sont tout en sensibilité , ils sont touchants dans leur abnégation totale, leur foi inébranlable en cet homme qu'ils n'ont jamais vu, ils font preuve d'une naïveté surprenante.
Le roman relate l'accomplissement de l'oeuvre de ce prophète, un plan machiavélique, d'une minutie redoutable.
Un petit bémol sur la condition de la femme dans ce livre, elle est réduite au harem d'Hassan et à son bon vouloir sous la gouverne de deux favorites, des femmes entières et sensibles.
Les descriptions sont superbes, les scènes de batailles pleines de bravoure, la plume de l'auteur est très agréable à lire, il fait vivre cette histoire hors norme à la facon d'un conte. Et il n'y a rien de mieux qu'un conte pour mettre en exergue certains comportements à risques et certaines idéologies.
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Ce qui est intéressant dans le roman de Vladimir Bartol, au-delà de l'histoire elle-même, c'est l'intemporalité des faits, qui semblent se répéter depuis la nuit des temps. En choisissant pour son roman, comme toile de fond, une citadelle inexpugnable nichée sur un nid d'aigle, dans les montagnes du nord de l'Iran où réside un chef fanatique, envoyant ses sbires commettre des attentats contre des personnalités politiques, militaires ou autres, l'auteur nous renvoie sans cesse dans l'histoire tourmentée du monde.
Le roman étant publié en 1938, le premier parallèle à faire est la similitude avec Hitler, lui aussi, disposant à l'époque, d'un repaire difficile d'accès dans les Alpes Bavaroises et qui prenait souvent de ce lieu, des décisions fatales pour l'humanité.
Le second parallèle, plus contemporain, est bien sûr, Ben Laden caché dans les montagnes d'Afghanistan, puis après, dans celles du Pakistan, où là encore, il commandait ses soldats kamikazes pour faire d'odieux attentats.
Le récit en valeur intrinsèque, présente des qualités indéniables par ses trouvailles pimentant une histoire déjà oppressante, les clins d'oeil aux contes des mille et une nuit, l'utilisation des drogues, les rapports fallacieux avec la religion, transfigurent ce fabuleux récit en un roman d'aventures à suspense, mais où la réflexion est omniprésente face à la religion, la politique, les dérives sectaires et la violence fanatique.

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Alamut est une forteresse bâtie au IXème siècle dans le nord-ouest de l'actuel Iran. Réputée inexpugnable, elle a été prise à la fin du XIème siècle par Hassan Ibn Sabbâh pour servir de base à la secte chiite ismaélienne des Nizârites. Ces derniers sont des musulmans fondamentalistes qu'Hassan aimait appeler « Assassiyoun » que l'on peut traduire par « ceux qui sont fidèles au fondement de la foi ». Mais ce mot a aussi été mal compris des voyageurs étrangers et souvent traduit par « consommateurs de haschich ». C'est notamment ce que fit Marco Polo qui entamera le développement de la légende d'Alamut. Selon sa description en effet, la forteresse comportait un magnifique jardin secret imitant l'aspect des jardins du Paradis. Son rôle était de convaincre les futurs assassins de la secte — drogués notamment au haschich — qu'ils venaient de faire un bref tour au Paradis afin de les fanatiser avant qu'ils ne partent accomplir leur mission mortelle...

C'est cette légende que l'écrivain slovène Vladimir BARTOL romance dans Alamut. Bien que dirigeant une poignée d'hommes, Hassan Ibn Sabbâh parvint à faire trembler et plier maints dirigeants et personnalités de l'époque, en particulier grâce à sa capacité de manipulation de l'esprit des hommes. Il avait tout d'abord mis en place un système éducatif complet par lequel ses adeptes apprenaient à se battre avec plusieurs types d'armes, mais été aussi initiés aux langues, aux sciences et à la religion. Ensuite Hassan Ibn Sabbâh se faisait passer pour un prophète, ce statut lui permettant d'être l'unique détenteur terrestre des clés du paradis. Et c'est ainsi que la culture de son jardin secret, habité uniquement de très belles femmes vierges, lui permettait d'envoyer qui il voulait dans le « jardin d'Eden ». Les rares élus (ses adeptes les plus méritants), drogués au haschich, avaient ainsi un avant-goût de la « vie éternelle » qu'ils pouvaient rapporter à leurs coreligionnaires. Dès lors le fanatisme religieux était né puisque les adeptes d'Hassan n'avaient plus peur de rien, et surtout pas de la mort, celle-ci signifiant désormais un retour au paradis tant qu'ils demeuraient dévoués à leur maître. Ils faisaient notamment de parfaits tueurs capables d'agir tels des commandos suicides.

En s'appropriant cette légende, Vladimir BARTOL fait preuve d'une grande érudition et du sens de la narration. le roman est en effet très instructif sur le Coran et la religion musulmane, et s'il se lit réellement comme une légende, il fait aussi preuve d'une étonnante modernité. Il est vrai que le propos de BARTOL en 1938 était de dénoncer les régimes totalitaires, quels qu'ils soient, 14 ans après l'accession de Staline au pouvoir, et 5 années après la nomination d'Hitler au poste de chancelier. de fait son roman est très détaillé sur le processus qui conduit au fanatisme et met en garde contre la manipulation des masses (« je partage l'humanité en deux catégories fondamentalement différentes : une poignée de gens qui savent ce qu'il en est des réalités et l'énorme majorité qui ne sait pas »). Cynique, mais réaliste, BARTOL invite tous les peuples à ne jamais abdiquer leur souveraineté, à se méfier des populistes qui promettent un monde meilleur et à ne jamais dédaigner la raison, fondement de l'humanité. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, le propos était tragiquement d'actualité ; il le demeure aujourd'hui pour d'autres raisons.
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Fin du XIème : Au nord-ouest de l'actuelle Iran se dresse Alamut, nid d'aigle imprenable, sur lequel règne en maître Hassan Ibn Sabbâ dit Seïduna. Prophète auto déclaré de la religion Ismaélite, détenteur des clés du paradis, il voue une rancune et une haine féroce à l'encontre des seldjoukides. Afin de défendre et servir sa cause, il forme une armée d'élite au sein de sa forteresse. Ambitieux, stratège, fin connaisseur du genre humain, il sait que seule la manipulation de ses propres troupes et de ses ennemis assurera la survie de la secte et l'accomplissement de ses propres desseins. Afin de disposer de guerriers prompts à tout sacrifice, il les fait accéder au paradis, un Eden artificiel, exalté par le Haschisch et de délicieuses Houris. Sa petite armée d'haschischin va se répandre dans les royaumes voisins et faire trembler les puissances hostiles.

Vladimir BARTOL nous immerge dans la perse de la fin du XIème siècle en nous narrant, sur la base de personnages et faits historiques, la légende paradisiaque du prophète Hassan Ibn Sabbâ. Véritable récit d'aventure, aux saveurs épicées d'orient, sur fond de luttes de pouvoir, cet ouvrage prend vite une dimension politique et philosophique étonnamment contemporaine. En trame de fond se détache les puissants mécanismes de manipulation des masses, une problématique qui touche particulièrement le monde dans lequel nous vivons. Une oeuvre de qualité, tant par sa documentation que par son style, qui tient en haleine de bout en bout.
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Roman historique et d'aventure, à fort contenu philosophique, Alamut, illustre la propension, malheureusement toujours d'actualité, qu'ont certains hommes habiles à utiliser la religion, et par extension, la foi et la crédulité de personnes plus faibles moralement et moins assises intellectuellement, comme prétexte à des fins politiques.

Hassan Ibn Sabbâh, est en lutte contre les Seljoukides et le calife de Bagdad, représentants du sunnisme tout puissant. Il est le maître d'une communauté Ismaélienne, qui prêche la soumission à la branche issu d'Ali, un des premiers disciples et le plus fervent des partisans du Prophète. Retranché dans Alamut, “le nid d'aigle”, il met en place un vaste plan de formations et d'attaques ciblées qui doivent le conduire à sa suprématie dans la région. Des fedayin sont recrutés jeune et suivent une formation complète et accélérée; il sont entourés de professeurs savants quil leur enseignent l'histoire du Prophète et des martyrs, la grammaire arabe, la dialectique, l'algèbre et l'arithmétique, les rudiments de certaines langues étrangères, l'anatomie et les sciences naturelles, l'art poétique...mais surtout l'art de la guerre et la fortification de la volonté. Ainsi ils seront comme un glaive dans les mains de leur maître. Parallèlement à cette vie ascétique, et contrastant avec celle-ci, il nous est donné de suivre la formation et l'existence sensuelle qui préside à la tenue de ce qui semble être un harem. Dans un cadre idyllique de jardins, de fontaines et de jeux d'eau, de ravissantes jeunes filles aux origines diverses, perfectionnent la maîtrise d'agréments tels que la musique, la danse, le chant, la poésie et l'art d'amour, toujours en parallèle avec l'enseignement du Coran et sous la vigilance d'une troupe d'eunuques. Les choses semblent aller leurs cours paisiblement alors que la menace du Sultan se fait toujours plus précises et que le cercle des plus fidèles du maître l'enjoigne de partir au plus vite avant que cette forteresse, réputée inexpugnable, ne devienne leur tombeau…

Ce roman riche basée sur des faits historiques passionnants, pour qui aime l'histoire des religions et de la grande civilisation perse, sonne comme un avertissement. En mettant en lumière un prophète auto-proclamé, dont l'idéologie réelle, d'ordre nihiliste (“Rien n'est vrai, tout est permis”) et dont le plan d'ensemble s'apparente à de l'endoctrinement de masse, Vladimir Bartol nous lance un cri d'alarme : n'abdiquez pas votre raison, gardez vous de ceux qui vous promettent le paradis matériel ou spirituel, maintenez à l'esprit que le plus précieux dans l'humanité, c'est l'homme et que nul ne peut se prévaloir de la signification et de la conduite de votre vie.
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Livre passioinant sur la secte des assassins. C'est le genre de livre que l'on commence et qu'on ne lache pas . Très belle intrigue pleine de cruauté et de poésie avec de magnifiques descriptions qui vous tiendra en haleine jusqu'a la fin. Ce livre est tiré de faits historiques que pour ma part j'ignorai. Belle decouverte
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Le roman démarre un peu niaisement avec ces filles un peu bébêtes dans le Harem. Il faut bien avouer que M. Bartol ne fait pas la part belle à l'intelligence de ces jeunes femmes, mis à part Myriam, elles sont toutes un peu écervelées et c'est peu dire.
Mais nous allons vite entrer dans le vif du sujet avec la formation des futurs fedayins. Sous couvert de Dieu, le grand maître Hassan qui lui n'y croit guère, va engendrer une armée de jeunes hommes prêts à mourir pour lui.
L'endoctrinement est le sujet clé de ce livre, Hassan pour avoir le pouvoir politique, ne recule devant aucune manipulation.
Ce roman écrit en 1938, à l'aube de la guerre, colle parfaitement à l'époque. Mais bien évidemment, la manipulation de masse est toujours d'une sombre actualité, manipulation religieuse, politique, médiatique. Rien ne change !
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