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4,35

sur 610 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je quitte Alamut, bien que le Vieux de la Montagne y reste ; même après la fermeture de ce livre.

Le Vieux de la Montagne, comme l'auteur de ce livre, façonne Alamut à sa façon, pour la rendre imprenable, inviolable, car Alamut cache en son sein ... un paradis rempli de jeunes filles destinées à rester vierges pour l'éternité ... Mais Alamut concentre surtout des hommes, que le Vieux de la Montagne destine à le servir ... Jusqu'à la mort : les fedayins.

Notre attention de lecteurs se focalise tantôt sur le Vieux de la Montagne, le maître d'Alamut qui se veut prophète, tantôt sur ceux qui le suivent, tantôt sur ceux qui osent l'affronter ... tantôt sur les fedayins et les jeunes filles des jardins d'Alamut ... Et nous découvrons leur destin, un destin décidé par Dieu sait qui ... Par l'auteur de ce livre ? Par Dieu lui-même ? Par le Vieux de la Montagne ? Par eux-mêmes (si tant est que des personnages peuvent décider de leur destin) ?

Ce destin, nous lecteurs le partageons, tant que nous restons sur Alamut. Et je dois dire que ce n'est pas évident de quitter Alamut car nul n'y entre et nul n'en sort vivant de cette forteresse ... Et il est difficile de résister à l'emprise du Vieux de la Montagne ... de plus, le Vieux de la Montagne ne sort jamais d'Alamut ... Car il retient prisonnier moult personnages entre ses serres mais lui-même s'enferme volontiers ...

À la fin de ce livre, nous ne pouvons que reconnaître qu'Alamut, cette grande illusion, est plus que séduisante et d'autant plus dangereuse ... Aussi préférerons-nous nous libérer d'Alamut, s'il est possible de s'en délivrer de ce livre ...
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Voici un beau roman classique écrit en 1938 et qui s'inscrit dans les tourments de la Perse moyenâgeuse. Récit d'une forteresse et de son terrible maître, récit d'une doctrine et de la clé du totalitarisme, cette tragédie en cinq actes nous fait vibrer au plus près de ses principaux protagonistes, nous emmenant d'aventures en dialogues, de cruautés en fastes, de stratégie en affrontements. Une jolie trouvaille !
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Ce qu'il y a de terrible dans ce livre, c'est qu'il date de 1938 et qu'il est et a été BEAUCOUP TROP CONFIDENTIEL.
C'est le genre de livres qui montrent que l'humain fonctionne un peu toujours de la même façon, quelle que soit l'époque, quelle que soit sa religion, quelle que soit sa croyance... le pouvoir et la hiérarchisation, le besoin de créer des légendes, pour faire plier et soumettre les petits et pouvoir pouvoir pouvoir... Tout ça en vain, puisque la mort nous rattrapera tous.
Soit. Hyper intéressant concernant l'Islam précisément. Ces mêmes fonctionnements, ces mêmes supercheries, ces mêmes dévoiement, comme on a pu les voir dans l'église catholique, dans l'Empire romain, et tant d'autres.
Ce roman décrit tout simplement des parcours de vie, à tous les étages, avec une certaine valeur sociologique et psychologique... Plus agréable à lire que ce genre de livres. Et tout aussi intéressant et percutant, je pense.
Enfin, même si la fiction est une réalité, ou si ce livre est en réalité une fiction, ça fait réfléchir, les fonctionnements et rouages existent encore et toujours.
Les djihadistes actuels ressemblent tellement bien à certains des personnages. Cette folie induite pour se battre juqu'à la mort pour une cause parfaitement dévoyée. du drame sur du drame sur du drame.
L'être humain, dans toute son anti-splendeur.
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Pour commencer, je veux dire mon étonnement que ce livre soit si peu connu... Il aurait largement sa place à mon avis à côté d'autres romans qu'on désigne comme "grands classiques". À vrai dire, je ne m'attendais pas à un tel chef d'oeuvre, n'en ayant quasiment jamais entendu parler. Pourtant, qu'est-ce que c'est bien ! Mais qu'est-ce que c'est bien !
Je préviens tout de suite que ma critique contiendra de nombreuses révélations. Sans quoi, il m'est impossible d'en parler comme je voudrais.
L'intrigue se déroule en terre d'Islam, dans l'Iran de la fin du XIe siècle. Un mystérieux seigneur, Hassan Sabbâh, passant auprès de ses fidèles pour le nouveau prophète, occupe avec sa petite armée le château d'Alamut, dans les montagnes iraniennes. Bartol conserve le mystère longtemps sur son personnage, aussi bien pour ses fidèles devant qui il n'apparaît pas tout de suite, que pour les lecteurs, ne procédant d'abord que par évocations. Par sa présence invisible, Hassan en devient davantage fantasmé, mythisé. Cela m'a fait penser au capitaine Achab dans Moby Dick et au Kurtz d'Au coeur des ténèbres ou d'Apocalypse Now, dont les apparitions tardives viennent finalement satisfaire, soulager la longue attente presque insupportable.
Hassan Sabbâh appartient à ce qu'on appelle la doctrine ismaélienne, un courant chiite de l'Islam. Celle-ci prédit la venue prochaine sur terre d'un nouveau super prophète, Al-Mahdi, descendant d'Ismaël. C'est du moins la partie pour ainsi dire officielle de l'ismaélisme. Car, dans le secret, ses chefs sont athées, ils savent pertinemment que la vérité est inaccessible, que les croyances et les religions sont rien d'autre que des contes et des fables. L'énorme majorité des gens, elle, au contraire, a besoin pour vivre de ces fables, et souvent elle refuse la seule vérité qui soit, pour les chefs ismaéliens, que "rien n'est vrai", préférant les "mensonges palpables, solides", qui au moins la font espérer et croire en quelque chose, plutôt qu'une vérité crue qui ne l'arrange pas et dont elle ne tire rien.
M. Sabbâh, chef suprême de cette doctrine, athée donc, décide de se servir de ce besoin de la foule de se voir conter maints récits fantastiques pour réaliser son joli programme politique de dominer le monde, c'est-à-dire obtenir le pouvoir suprême en anéantissant le sultan et le calife de Bagdad. Ce n'est même pas faire le mal, se défend-il, c'est même la compassion qui dicte mon action. En effet, la foule bête et ignorante, pour être heureuse, réclame des histoires et des contes, eh bien il se propose simplement de lui en donner.
Par conséquent, pour asseoir son pouvoir, il projette une immense entreprise de manipulation… "Je veux éprouver l'aveuglement humain jusqu'à ses limites extrêmes", explique-t-il. le prophète Muhammad avait promis le paradis aux fidèles qui auraient vaillamment combattu pour "la juste cause". Seulement, personne n'étant revenu de l'au-delà pour témoigner, la foi dans cette promesse s'est apparemment progressivement estompée à partir de sa mort. Fort de l'expérience de son illustre prédécesseur, Hassan se détermine donc à reconstituer en secret, dans les jardins cachés à l'arrière du château, le paradis du ciel afin cette fois de l'ouvrir aux vivants. Il n'aurait qu'à dire qu'Allah lui a remis la clef. Ainsi les combattants privilégiés autorisés à y pénétrer, pour une nuit seulement, pensant être dans le vrai paradis, pourraient témoigner ensuite auprès de leurs camarades et des autres fidèles, à leur retour "sur terre", qu'Hassan est bien le nouveau prophète. Qu'ils ont effectivement rencontré les houris (les vierges promises au paradis), bu du vin en leur compagnie au milieu de somptueux jardins, et qu'ils ont en général pu profiter de tous les fastes du paradis. Cela renforcera la foi de tous. Et leur détermination. Et leur combattivité. Et l'assurance de se battre pour la seule vraie foi. Bref, cela fanatisera... jusqu'à mourir d'envie... de mourir, pour enfin retrouver le paradis entrevu…
Les personnages sont tous très bien dessinés et très beaux, aussi bien les hommes que les femmes, en nombre quasiment égal. Car le roman est aussi affaire d'amour... d'amour impossible, entre les fedayin (soldats d'élite fanatisés) et les fausses houris. J'ai aimé particulièrement le personnage de Myriam, à la fois dur et tendre. Nous qui sommes dans le secret de la manipulation, on est tenu en haleine tout au long du roman. On se demande comment tout va finir, on a une immense empathie, tellement ça va loin, tant on les imagine tous considérablement impliqués dans leurs émotions et dans leur foi.
Hassan est un personnage profond et très paradoxal, sous ses tentatives de cohérence. Comme toutes les personnalités complexes, il aspire toute sa vie à découvrir le sens des choses, leur cohérence, des argumentations. Mais la densité et la profondeur de sa pensée font que c'est impossible et qu'il est empli de contradictions. Par exemple, étrangement, il trouve son projet plein d'humilité : lui a la sagesse d'avoir renoncé au royaume du ciel, qu'il laisse à Dieu et à on ne sait quels êtres surhumains, pour humblement se contenter de celui de la terre, seul accessible à l'entendement humain... Il est ainsi un mélange d'humilité et de mégalomanie, qu'exprime cette formule sortie de la bouche d'un de ses siens amis : "Tu veux être sur terre ce qu'Allah est au ciel". Lui-même évoque l'image du "pou digne de respect".
J'ai aimé sa morale à la fin, sa prise de conscience, quand il se rend compte que toute sa vie il a cru en fait à une divinité, mais pas à celle de sa jeunesse, pas à celle des religions. Plutôt une divinité du tout, détachée du bien et du mal, qui ne fait que constater nos agissements, "se mouvant dans des milliers de contraires et cependant strictement mesurée et limitée. L'infini dans le fini. Un gigantesque chaos dans un saladier de verre." Il semble donc vain et inutile dans ce monde-là de rechercher une quelconque justice. C'est un monde "où tombent malades le juste et le coupable, le puissant et le faible, le raisonnable et le sot. Où le bonheur et la douleur sont semés aveuglément à tous les vents et où la même fin, la mort, attend chaque être vivant". En un mot, l'univers serait a-juste.
Cela faisait longtemps que je n'avais été aussi enthousiasmé par la lecture d'un roman. Vladimir Bartol paraît s'appuyer sur des vérités historiques. Il s'agit de la naissance et de la formation des fameux Assassins, de la série de jeux vidéo Assassin's Creed. C'est une oeuvre totale, très érudite, éminemment politique, aussi sentimentale, avec de profondes réflexions philosophiques et religieuses, très actuelle puisqu'elle traite beaucoup des mécanismes de radicalisation. L'intrigue met un peu de temps à se mettre en place, mais tout est merveilleusement organisé, ciselé, cohérent. Je la recommande mille fois et la relirai moi-même dans quelques années avec beaucoup de plaisir.
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Alamut fut au XIème siècle un château fortifié où Hassan Ibn Sabbâh rassemble tous ceux qui se réclament de la doctrine d'Ismaël.
Vladimir Bartol nous conte l'histoire de ce personnage historique qui après avoir longtemps étudié la religion et beaucoup appris de ses voyages, se proclame chef des Ismaéliens et nouveau prophète. Il a un grand rêve : détruire l'empire turc des Seldjoukides. Il réorganise l'ismaélisme et dans sa citadelle d'Alamut en Iran, il créé l'école des fedayin (élites prêtes à tous les sacrifices). Et pour envoyer ses « Haschashin » au combat, il lui faudra user de stratagèmes pour les mener au Paradis et à ses beautés célestes.

C'est mon libraire qui a mis ce livre entre mes mains. Je ne m'attendais pas à cette histoire à peine romancée. Et s'il n'était qu'un livre sur les rouages du fanatisme, ce serait déjà très instructif mais il propose aussi une réflexion philosophique tout en étant un roman d'aventures. Quelle prouesse ! C'est un gros gros coup de coeur. Malgré ma méconnaissance du monde arabe, la lecture a été fluide et passionnante.
Je suis rarement déçue par Les Editions Libretto. Leurs histoires véhiculent longtemps en moi.
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C'est autour de ces quelques 620 pages que s'est centré mon univers littéraire pendant un bon mois et qu'il s'en est découlé un coup de coeur. Un bon mois, parce qu'il n'était pas permis de lire ce livre trop vite, tant il est dense, original et intéressant. On se retrouve très vite, dès les premières pages, happé par les personnages et par l'impressionnante forteresse d'Alamut. Personnages à foison dont il faut faire l'effort de remettre qui est qui régulièrement (et ce n'est pas toujours chose aisé) ce qui ne rend pas la lecture très lisible à ce niveau, alors que pourtant l'écriture est très fluide. Mais une fois au moins les personnages les plus principaux bien retenus, il est facile de se laisser prendre dans l'histoire incroyable et machiavélique d'Alamut. Ce livre est si riche d'enseignements, notamment sur le monde musulman, qui nous fait voyager, mais aussi sur la façon dont un tyran sectaire peut prendre en haleine ses sujets. J'ai eu quelques coups de coeur pour certains protagonistes dont j'étais bien en peine de les voir se soumettre aux demandes intransigeantes de ce dictateur. J'aurai aimé sauver quelques âmes perdues en lisant ce roman. Celui-ci m'a donc fait taper du poing face à la violence du fanatisme. Je referme ce bouquin avec le mal de me défaire de son univers. Chapeau bas à cet ouvrage, si ce n'est en négatif que le statut de la femme est minoré.
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Mais quelle claque ! Ce livre est tellement moderne alors qu'il a été écrit en 1938. Ce récit est extraordinaire, tragique, et effrayant. Mais surtout, elle a une telle résonnance de nos jours… le fanatisme religieux est largement évoqué, et est autant plus actuel. le style est très propre, c'est un réel plaisir de lire ce type de roman. Quand on sait en plus qu'il s'agit d'une véritable histoire (qui a d'ailleurs donné naissance aux fameux « assassins »), c'est encore plus intéressant.
Je pense que ce roman est à découvrir absolument…
Encore un énorme merci à Margaux, libraire KUBE qui m'a conseillé une bombe, comme toujours.
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Ce roman, mi philosophique, mi historique, se passe en Iran dans la forteresse d'Alamut, en 1092, où vit une secte Ismaélienne. Les Haschichins ( ou assassins), mènent une lutte religieuse contre le sultan de Turquie. Les deux principaux personnages sont , Halima, une ancienne esclave arrivée au Harem d'Alamut, et Avina Ibn Tahir, soldat volontaire éduqué dans la fascination de la mort et du dévouement. Nous suivons la manipulation psychologique qui leur ai enseigné.
C'est un roman agréable et fluide à lire, avec beaucoup de dialogues, et du grande richesse.
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Ce roman est basé sur une légende : le maitre de la forteresse d'Alamut (nord de l'Iran) a inventé un stratagème pour fanatiser ses soldats.
Ecrit dans les années 1930, pour dénoncer les totalitarismes, ce texte est encore très actuel : il parle de fanatisme religieux, de la manipulation des masses, du cynisme des dirigeants.
Il est très intéressant, et très agréable à lire.
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Ce livre est un énorme coup de coeur, auquel je ne m'attendais pas du tout, pensant lire un simple roman d'aventures mettant en scène la célèbre forteresse d'Alamut.

Si les deux premiers chapitres m'ont intriguée par leurs protagonistes un peu naïfs, la suite révèle toute la maestria de Vladimir Bartol, qui parvient en quelques 600 pages à nous décrire les remous qui agitent la société iranienne du XI siècle, prise entre les influences seldjoukides et fatimides, la prééminence religieuse de l'arabe et l'héritage persan millénaire, et les différents schismes de l'Islam, entre autres celui de l'Ismaélisme. le lecteur plonge avec délice dans ce cadre médiéval et raffiné, où la poésie n'est jamais bien loin.

Mais au-delà de ce décor enchanteur qu'on pourrait presque qualifier d'orientaliste, Alamut nous livre l'extraordinaire récit des conclusions philosophiques d'un homme, Hassan ibn al-Sabbah, et de son machiavélique plan qui en découle : manipuler de jeunes hommes en leur entr'ouvrant les portes d'un paradis factice, qu'ils ne retrouveront qu'à leur mort, vers laquelle ils se précipitent dès lors de bonne grâce. On frémit comme les autres personnages à la découverte de ces tractations, et on ne peut pourtant s'empêcher d'écouter cet homme qui justifie ses actes par une réflexion approfondie sur le bonheur des uns et des autres, sur le sens d'une vie, sur la capacité supérieure de certains à questionner ce qui les entoure et à ne pas se contenter de notions superficielles...

Loin d'être un roman cynique sur la manipulation des foules, Alamut attendrit par ses personnages complexes, tiraillés entre leurs sentiments passés et présents, entre leurs idéaux et leur mise en pratique ; l'amour y tient une grande place, sans jamais tomber dans une mièvre romance.

Que dire enfin de cette extraordinaire narration qui emprunte à la fois à la quête initiatique pour Halima et Ibn Tahir, à la dialectique lorsque Seïduna explicite et argumente sa stratégie en compagnie de ses compagnons, au théâtre lorsque ces derniers s'installent pour observer leurs cobayes lors de l'acte suivant, et bien sûr aux tragédies grecques dans le dénouement des trajectoires de certains des personnages...

Époustouflant et terriblement moderne, tant la parabole du Vieux de la Montagne fonctionne quelle que soit l'époque ; au risque de me répéter, c'est un vrai coup de coeur !
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