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Citations sur Le journal des cinq saisons (21)

Chaque matin, je prenais alors le chemin de la cabane, par tous les temps, et, installé à mon bureau devant la fenêtre, je regardais le marais, si près de la berge que les herbes ondoyantes venaient caresser la vitre. Ces hautes herbes formaient un océan, et ma cabane une péniche ou un bateau à l'ancre. Je restais longtemps à regarder par la fenêtre et à musarder plutôt qu'à écrire.
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Je ne me suis pas senti aussi heureux depuis longtemps, et le mieux de tout est que je me sens heureux sans raison.
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Quel rêveur nous a rêvé pour que nous puissions à notre tour commencer à rêver?
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Quel est notre but, notre rôle dans ce monde - préserver et protéger, ou bien détruire, consommer et raser ? Est-ce que le plan, la force qui nous a façonnés sait ce que nous sommes en vérité : des créateurs et des protecteurs, ou des destructeurs ? Cette force veut-elle que nous soyons l'un ou l'autre ?
A quoi sert cette guerre qui se livre à l'intérieur de nous ? Ces conflits produisent-ils, forgent-ils quelque chose - quelque chose de gracieux, digne de la beauté de ce monde - ou bien ont-ils pour conséquence une perte, quelque chose en moins pour chacun de nous comme individus, en tant que nous formons une communauté, que nous possédons une culture ?
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Certains jours, rien ne se produit. Mais au cours des dizaines de milliers d'heures que j'ai passées assis sur cette chaise, à la lisière d'un des écosystèmes les plus riches de la planète, il semble qu'il y a peu de choses que je n'ai pas vues, à un moment ou à un autre, au fil des années. Des ours noirs errant dans le marais, un orignal qui passe sous ma fenêtre, des aigles royaux fondant sur des bernaches, des tétras à collerette tambourinant sur ma table de pique-nique à l'ombre du grand aulne, un couguar traversant les bois un jeune daim moucheté entre les mâchoires, un troupeau de wapitis marchant en file indienne dans la neige, etc. : tout ce spectacle entrevu par l'une de ces deux grandes fenêtres, deux immenses périscopes qui me donnent accès à un monde plus sauvage et plus plein que je tiens à distance durant la première partie de chaque jour afin de pouvoir m'enfoncer dans le pays des rêves de l'écriture, un monde plus sauvage et plus plein dans lequel je peux à nouveau pénétrer durant la seconde partie de chaque jour et marcher horizontalement et latéralement.
C'est une étrange dynamique que de me tenir assis à attendre en contemplant une belle image, impatient déjà de sortir la rejoindre - pour la goûter, la sentir, la humer, m'y promener, y camper et l'explorer -, et pourtant, durant la première partie de chaque journée, me contenter de rester comme au bord, levant les yeux de temps à autre pour la regarder et tenter de m'immerger dans un lieu imaginaire, qui ne ressemble pas exactement au paysage, au relief, à l'humeur du soir précédent juste avant que je ferme les yeux...
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Mais comme chaque saison révèle la mise en place d'une nouvelle vague de coupes claires - deux cents et quelques années de tout un univers de beauté et de grâce soudain réduit à néant -, je me demande quelle espèce d'individus prédateurs et ineptes peut permettre qu'on fasse pareille violence non seulement à leur terre, ou à tout autre terre, sans songer aux paysages qui vont par la suite envahir notre champ de vision en découvrant jour après jour ses versants dénudés, toujours plus dépuoillés. Ces paysages empliront désormais la vie de leurs enfants, jusqu'à ce qu'un jour advienne une génération qui n'aura rien connu d'autre et qui acceptera ce spectacle comme normal et juste, alors que chaque année le dégel montrera l'avancée de l'érosion et que les montagnes peu à peu disparaîtront, le mystère cédant la place aux escarres.
Certains jours, je me dis que ce moment de bascule n'est plus très loin - deux ou trois coupes claires de plus et l'émerveillement s'effacera devant la rage, la joie devant le désespoir, au point de non-retour où nous n'éprouverons pratiquement plus que les seconds, alors que les premiers se seront évanouis, ou presque.
A quel moment se dit-on que trop, c'est trop ?
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Les enfants sont toujours les otages des peurs et des valeurs de leurs parents.
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Est-ce que nous sommes arrivés les derniers dans l'histoire, dans la métaphore, parce que nous avons quelque chose de spécial, et ce monde merveilleux et régi par une loi unique a-t-il été créé pour nous , Ou bien restaiot-il simplement à peine assez de place pour une chose de plus, après que tous les coins et recoins eurent été remplis par des trésors variés de vies, minéraux, d'eaux vives et de feux pétillants ?
Avons-nous été ajoutés en fin de course, encore une fois comme en un test dicté par l'ennui - ou par défi - où il s'agissait de savoir si, ou pour combien de temps, nous réussirions à maintenir, à préserver et à protéger la gloire de cette incroyable création, ce palais vibrant d'énergie, dans lequel nous errons ?
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Jour après jour, je reste sur cette chaise, laissant de côté mon travail, et regardant littéralement pousser l’herbe. J’écoute l’herbe pousser ; et je vois sa couleur foncer peu à peu tandis que les feuilles et les aiguilles alentour continuent à pousser, s’étendant de plus en plus, fournissant à ma cabane une ombre de plus en plus épaisse, alors même que la cuvette de lumière verte, le bassin qu’est ce marais entier devient chaque fois plus chaud, plus brillant.
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D'une certaine façon, même si je n'arrive pas encore à le formuler clairement, je crois que des enfants qui grandissent en ayant la chance de voir des aigles, des coyotes, des cerfs, des élans, des tétras et d'autres animaux similaires tous les jours auront certainement une sorte de matrice, d'étoffe ou de base, dont la nature et la qualité leur seront de plus en plus précieuses en grandissant, au point de devenir un véritable trésor quand elles seront adultes et même - je me rends compte que c'est de ma part un acte de foi - une source de force et de savoir.
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