Le cargo sentimental

Roman traduit de l'italien par Claude-Sophie Mazéas et qualifié de roman policier. La trame policière me semble toutefois un peu lourde et le roman m'apparaît bien plus « sentimental » au final. L'Italie y est évoquée, avec cette chronique des « années de plomb », de ses « terroristes » et de ses repentis, de résistants, surtout de gauche. La lutte est prédominante chez le narrateur qui ne s'embarrasse guère de nuances. C'est aussi une affaire politique : l'Europe apporte la condamnation du héros, un peu l'autobiographie de Battisti, extradé par la France.

A vrai dire, le personnage aurait plutôt tendance à attirer ma sympathie, surtout après avoir passé quatre ans dans une prison brésilienne... mais il n'est question ici que du livre.
Le personnage, comme l'auteur, a eu des ennuis avec la justice italienne pendant les années de plomb et, accusé d'un crime (probablement par des repentis en échange d'une remise de peine) qu'il dit ne pas avoir commis, il s'est réfugié en France. Puis il y a des femmes, une fille, un père...
Je reste partagé : le cargo est un peu trop sentimental pour moi et l'histoire me semble un peu superficielle, avec ses secrets de famille qui se résolvent des années après et un certain nombre de clichés (la dérive vers la délinquance qui serait due à l'absence du père, bon...), voire de mythes ("la sagesse n'a jamais été mon fort", dans le genre forfanterie...). Par moments, le caractère autobiographique du roman ressort également assez lourdement. Néanmoins, l'auteur ne manque pas d'humour noir et le passage sur le numéro de sécurité sociale est assez hilarant, diablement efficace aussi lorsqu'il s'agit de décrire une société. Les discussions sur une amnistie et le destin des réfugiés dans ce cas met là aussi en relief l'absurde de leur situation.
Je crois que je rajouterais bien une étoile...