Citations sur On n'a rien vu venir (32)
J'ai envie de dire qu'avec le Parti, ça ne va pas s'arranger. Les vieux, ils ne sont pas en odeur de sainteté. Comme les homos, les gros, les roux, les bigleux, les chevelus, les artistes, les écolos et tous les autres qui ont le tort de dépasser un peu. Les handicapés, c'est pire. Il paraît qu'ils les parquent dans des espèces de centres "adaptés à la mesure de leurs capacités". Je pense à Simon Nogent, et mes oreilles bourdonnent. Quand il s'agit de quelqu'un qu'on connaît en vrai, ça prend une tout autre tournure qu'un nom de catégorie sur un papier.
Comment on en est arrivé là? On n'a rien vu venir...
Les semaines qui ont suivi [l'élection], le Parti a édicté une loi par jour. La première a consisté à dire que cette élection avait été la dernière. Maintenant, l'avis des gens, ils n'en ont plus besoin. Tout est décidé, planifié, ordonné. On a vite compris la vie qui allait avec ce nouvau parti : bien huilée, bien réglée, propre et nette, sans rien qui dépasse. (p.65-66)
Mon père était clown, avant les élections. Mais évidemment, dans la semaine qui a suivi, il s'est retrouvé au chômage. Supprimés, les cirques, fermés les théâtres, dissoutes, les compagnies et les troupes. Aujourd'hui, il faut être productif. Et produire du rire ou du plaisir, ça ne sert à rien. Point. (p.44)
N'attendez pas de devenir des adultes! Aujourd'hui, déjà, vous avez le pouvoir de dire non à ce qui ne vous semble pas juste, de vous indigner face à ce qui vous révolte, de faire preuve d'esprit critique vis-à-vis de ce que vous lisez, de ce que l'on vous donne à regarder à la télévision. Vous avez un avis. Vous pouvez le partager, avec vos amis, vos parents, vos professeurs. Il est bien sûr souhaitable que lesjeunes apprennent de l'expérience accumulée des vieux, mais les vieux ont aussi beaucoup à recevoir des jeunes. Il n'est jamais trop tôt pour s'engager. Et ce beau roman est une des voies qui vous encourageront à résister et à persévérer. (Préface de Stéphane Hessel)
Que feriez -vous si un de vos amis devait quitter le pays à cause de sa couleur de peau ? Que diriez-vous si vos parents choisissaient eux-mêmes les copains avec qui vous pouvez parler ? Que penseriez-vous si une discipline radicale était instaurée à l'école ? C'est de ça que parle 'On n'a rien vu venir', de ce qui peut arriver si l'on n'y prend garde. (p.5-préface)
Un fardeau, encore ce mot terrible. On ne vit pas toutes ces années pour devenir un fardeau.
On n'a même pas transgressé une loi. On s'est juste amusés à retourner les nuanciers. Maintenant, au dessus de la limite à ne pas dépasser, il y a le beige, le blanc cassé et le blanc. Sont désormais autorisés, le caramel, le marron clair, le marron foncé, le brun et, top du top, le noir !
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Et ça, c'est le début de la Liberté !
« C’est sans doute ça qui nous sauvera : le petit courage de chacun"
Devant sa famille médusée, il claudique le long de l'allée qui mène à la maison. Personne ne voit le grand sourire sur son visage, celui qui fête sa victoire : "Simon : 1 - Vie foutue : 0"
Personne non plus ne lit dans ses pensées, de vrais chevaux fougueux qui l'entraînent vers l'avenir, un avenir où il luttera contre les dingues qui veulent l'enfermer.
Un avenir où, chaque jour, il se tiendra debout.
Ça s'est mis en place petit à petit, on n'a rien vu venir. Tant qu'on est pas concernés, tant que ça se passe chez le voisin, on fait le dos rond, nous les premiers.