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4,09

sur 221 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Vous pensiez que Rabelais était relégué au placard ? Qu'il était dépassé, voire ringard ? Eh bien, vous vous trompiez ! Jean-François Beauchemin réhabilite cette langue truculente qui, faisons tomber tous les préjugés se profilant à l'horizon, se lit particulièrement bien. Malgré la noirceur des propos, j'avais un sourire jusqu'aux oreilles, tournant les pages de façon frénétique, voulant en lire toujours plus.

L'histoire, je le disais, est rude : un homme, M. Courge, vit comme un sauvage en forêt. Lorsque sa femme donne naissance à leur fils, elle décède. M. Courge élève donc seul le petit. Jusque-là, vous allez me dire, il n'y a pas de réels problèmes, si ce n'est que l'homme, asocial, vit en autarcie. Oui, mais rajoutons à ceci qu'il "n'est pas tout seul dans sa tête", et vous comprendrez dès lors le danger de la situation pour le fils. Et c'est ce dernier qui va raconter cette histoire au juge. Oui, inévitablement, il va se passer quelque chose... Mais il faudra lire le livre pour le savoir !

J'ai adoré ce bouquin qui m'a d'ailleurs donné envie d'aller relire mes Rabelais. Je vous le conseille vraiment.
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Au coeur de la forêt, à distance du village, le fils raconte. La vie quotidienne rude, la chasse et la cueillette pour assurer la pitance, une autarcie basée sur des connaissances de la nature parfois insuffisantes, et surtout les coups et les sévices, qui surviennent quand le père est pris par ses démons. La mère est morte en couches, à la naissance du narrateur, mais reste présente pour l'enfant qui dialogue avec les défunts.

Si le sujet n'est pas neuf, (mais existe t-il des thèmes vraiment originaux ?), la manière étonne. Ce fils analphabète utilise un langage étrange, des mots inventés, ou issus d'une forme ancienne, dont on ne connaît pas l'origine . Et l'on découvre qu'il s'agit d'une façon propre de s'exprimer lorsque l'enfant se rend au village pour chercher du secours pour son père qui a fait une mauvaise chute: là, le langage des personnes auxquelles il s'adresse à tout d'une langue ordinaire.

C'est quasiment un exercice de style que nous propose l'auteur, ce récit construit avec des néologismes incessants, et des tournures de phrases particulières, mais tout à fait compréhensibles. On s'y fait d'ailleurs assez vite, comme une langue étrangère que l'on apprivoiserait en quelques pages.

Un court roman original, sur le thème de l'amour inconditionnel d'un fils pour son père , que n'étaye aucun langage, sinon celui de la brutalité, une survie quasiment bestiale et un comportement guidé sur l'instinct et marqué par des coups de folie furieuse.

A découvrir pour le style et la violence des sentiments.

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Né dans la cabane que ses parents ont choisie pour se retirer du monde, le fils Courge - c'est son nom - apprend la vie, parfois la survie, du peu que son père à la parole rudimentaire lui concède. Il grandit loin de la société. Sa mère est morte en lui donnant le jour.
L'âge lui conférant l'entendement, prospère alors en lui une ombre. Celle d'un manque qu'il ressent de plus en plus comme fondamental. Sans pourvoir y donner ni contour ni matière, le fils Courge comprend peu à peu qu'avec l'homme naît le besoin de trouver auprès de ses semblables, de ceux qui lui ont donné le jour en particulier, un sentiment de sécurité, de bien-être dans la proximité, une notion à laquelle il ne saurait donner de nom mais dont il en ressent inconsciemment l'impérieuse nécessité.
Privé de bienveillance maternelle, il reste confronté à ce seul père souvent pris lui-même par les visions de ses folies passagères. Ce dernier ne conçoit de nécessités que celles du corps. D'esprit il n'est question que dans ses lubies, de cœur jamais. Son abord n'est que rudesse voire même sauvage brutalité.
Dans le jour des corneilles, Jean-François Beauchemin réalise sous les yeux de son lecteur une expérience de laboratoire. Dans cet huis clos qu'il restreint à la confrontation père-fils, il étudie la construction de l'être humain, l'écartant des nécessités du cœur.
Mais voilà qu'un événement le rapprochant de la société que père et mère ont fui, le fils Courge va entrevoir dans la rencontre inattendue d'une jeune fille du village voisin, Manon, la raison du mal qui le ronge. Il découvre que, tapis au fond de l'être, se blottit le germe d'un besoin instinctif, aussi fondamental que nourriture du corps : le besoin d'amour. Le besoin de partager l'amour plus exactement, car lui n'en manque pas à l'égard de ce père plus cruel qu'aimant. Le besoin d'avoir un retour à cet élan spontané qui le fait rester auprès de cet être atrabilaire et imprévisible.
Le thème est prenant en soi. La façon de l'aborder est très originale. Par la forme qu'il donne à son texte, construit sur la base d'un parler archaïque, d'un langage fleuri, parfois cru, pour aborder des notions primaires, Jean-François Beauchemin le rend ardent, d'une lecture filante, jamais pesante et divertissante au final. Formidable contraste calculé au regard de la gravité du sujet.
En narrateur-acteur, son héros se livre à tous les excès qu'autorise le naturel, le spontané, à toutes les violences de langage et d'action. Cette façon de juxtaposer le comique du verbe, la brutalité des comportements et l'extraordinaire sensibilité de deux êtres frustres est stupéfiante et tellement porteuse d'émotions. On ne peut qu'être séduit par cet ouvrage qui reste au final un grand message d'amour.
J'ai donc moi-même été conquis par ce fabuleux roman. Fonds et forme, c'est très réussi à mon goût. Dès les premiers mots j'ai été saisi par son originalité, puis par ses thème et artifice de construction. Je le recommande vivement.
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Le roman s'ouvre sur le procès du narrateur. On ignore ce qu'il s'est passé, même si on devine déjà qu'il s'agit d'un évènement dramatique. Mais pour pouvoir comprendre comment on en est arrivé là, il va falloir remonter loin dans le passé, jusqu'aux origines de la folie…


Le narrateur commence alors le récit de sa vie, sa naissance dans une cabane perdue au fond des bois. La mort de sa mère en couches, le chagrin de son père, rendu fou par la perte du seul être qui comptait à ses yeux. L'apparition de « ses gens » dans la tête de cet homme bourru, qui le poussent à commettre des actes cruels, inhumains, qui mettent en danger la vie de son fils… Il nous raconte cette vie coupée du monde, où il apprend très tôt à chasser, à pêcher et à se débrouiller dans cette nature ambivalente, tantôt bienfaitrice, tantôt impitoyable. Il y connait la faim, le froid et la folie d'un père taiseux, violent et imprévisible mais auquel il voue un amour inconditionnel dans ce monde sans repères. Amour qu'il découvrira aux côtés de la jolie Manon, une fille du village et qui le mènera à se poser cette question essentielle, obsédante comme une ritournelle : « Père m'aime-t-il, m'aime-t-il seulement ? ». Dès lors, le petit Courge n'aura de cesse de chercher les preuves de cet amour…


Quel choc que ce petit roman écrit par Jean-François Beauchemin ! Un choc dû à l'intrigue elle-même, dont l'extrême violence contraste avec l'innocence et la naïveté de son narrateur, qui raconte son histoire en toute objectivité, sans en mesurer la dureté. Un choc également lié au langage employé par l'auteur, un langage qui déroute au départ le lecteur. Fait de vieux français, d'une construction minimaliste et d'un vocabulaire désuet, il s'avère à la fois âpre et poétique. Très vite on se fait à cette langue venue d'un autre temps, qui n'est pas sans rappeler celle utilisée au moyen-âge, et on se met à en apprécier toute la beauté et la singularité. L'auteur fait preuve de talent et d'un magnifique travail sur le style !


L'histoire, quant à elle, est véritablement fascinante. A la façon d'un conte, on ne sait rien ni du lieu, ni de l'époque à laquelle elle se déroule. le mode de vie sauvage des protagonistes côtoie de loin un monde qui semble bien plus moderne, rendant difficile de situer l'histoire dans le temps. Par ailleurs, la tension liée à l'attente de la révélation du drame ne cesse de s'amplifier au fur et à mesure de la lecture et ne laisse jamais le lecteur indifférent. Jean-François Beauchemin nous offre un texte inclassable et néanmoins remarquable sur la folie, l'isolement et l'amour filial. Un bijou à découvrir !
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Tous mes remerciements à l'opération Masse Critique de Babelio pour m'avoir fait découvrir cet étrange mais bouleversant petit roman de l'auteur québécois Jean-François Beauchemin. En ouvrant « le jour des corneilles », nous plongeons au coeur d'une sombre forêt grouillante de vie et de mystère où vivent en ermites un père et son fils. le père, espèce d'ogre au tempérament orageux, élève seul son enfant depuis la mort tragique de la mère de celui-ci – une éducation bien rude, faite de torgnoles, de mauvais traitements et de coups de gueule. Pourtant, tous ces sévices n'empêchent pas le garçon de lui vouer une admiration passionnée et de voir en lui un surhomme, une force de la nature capable d'en déchiffrer les moindres énigmes. Mais ce surhomme possède une faille, car, presque chaque semaine depuis la mort de sa femme, le père reçoit la visite de « ces gens », des hallucinations qui lui dictent d'étranges et dangereuses missions qu'il force régulièrement son fils à l'aider à effectuer. Les jours passent et l'enfant mûrit, s'interrogeant chaque jour une peu plus sur le monde intriguant qui l'entoure et s'alarmant de la démence grandissante de son père. Et, chaque jour, la même question le hante, leitmotiv fiévreux et obsédant : « Père m'aime-t-il ? M'aime-t-il seulement ? »

Au premier abord, « le jour des corneilles » décontenance un peu par son style d'écriture très inhabituel, mélange de jargon rural et de dialecte médiéval. Pourtant et à condition de lutter contre l'envie de sortir de temps en temps son dictionnaire pour vérifier tel ou tel terme, ce style s'avère rapidement très immersif. Par son étrangeté, il permet d'accentuer l'atmosphère d'isolement et de bizarrerie qui baigne tout le récit. Cet atmosphère très particulière est encore renforcée par le cadre de la forêt, entité vivante et obscure, à la fois source de menaces et de réconfort puisque c'est entre ses racines que le jeune narrateur vient chercher l'amour que son père lui refuse obstinément. Car «Le jour des corneilles » est avant tout une histoire d'amour : l'amour dévorant et maladif d'un fils pour son père, amour doublé du désir désespéré d'être aimé en retour – ou, à défaut de cela, d'avoir au moins la certitude de ne l'avoir jamais été. Pour acquérir cette certitude, le jeune homme ne reculera devant aucune extrémité, pas même la plus tragique…

A la fois cruel et attendrissant, poétique et horrifiant, « le jour des corneilles » est un roman d'une rare puissance émotionnelle. Une très belle expérience à tenter !
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Qu'il est agréable de découvrir un chef-d'oeuvre. Cela arrive assez rarement pour mériter qu'on s'y arrête. Quand un livre est vraiment bon, il l'est du début à la fin. On est comme envouté dès les premières pages par le style de l'auteur. On redécouvre la beauté et la richesse de la langue et on s'aperçoit combien pauvre est le vocabulaire utilisé par 99 % des écrivains contemporains. Tous ces mots font parti de notre langue et pourtant nous ne les utilisons plus. Nous les avons croisés de temps en temps, mais si rarement que l'on en a parfois oublié le sens exact ou la nuance. Cette langue nous paraît presque étrangère (elle l'est en partie car l'auteur est Canadien). Il suffit d'ouvrir ce livre pour être subjugué, alors faites-vous plaisir !
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Merci, merci mille fois au libraire qui m'a conseillé ce livre !



Je n'ai jamais rencontré un tel objet littéraire. Ce livre est un enchantement pour les amoureux de la langue, celle qui vit, celle qui se lit à haute voix. C'est du Rabelais, c'est peut-être du québécois, c'est de l'ancien français, c'est tout ça à la fois, c'est une langue qui chante, qui se savoure, qui vous emplit de plaisir. C'est succulent !

Mais si ce livre n'était que cela, ce serait insuffisant. C'est aussi une histoire, sombre, noire, glauque, et en même temps une belle réflexion sur l'amour. Cet amour que le personnage va chercher jusqu'au tréfonds du corps.

Et cette dernière phrase qui arrache une larme !

Non vraiment, ce livre est un vrai bijou. Et si vous ne l'avez pas encore lu, courez chez votre libraire, votre bibliothécaire, et lisez-le ! Et pas en une fois, hein ? Savourez, dégustez, prenez le temps !
Lien : http://krolfranca.wordpress...
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Un jeune garçon vit avec son père depuis toujours dans une cabane au fond de la forêt, à l'écart du village et des hommes. Sa mère est morte en lui donnant naissance et son père l'élève avec une rudesse notable. C'est que son tout premier geste a été d'enfouir son bébé dans un trou de marmotte et de l'y abandonner. Il finira par se raviser et récupérera l'enfant après de longues heures qui le marquèrent à jamais. Ce fut « la première résidence digne de ce nom que j'eus en l'ici-bas et surtout le seul ami véritable que je coudoyai jamais » nous dira-t'il. de fait, le fils grandit auprès de ce père qui ne montre aucun amour et s'interroge régulièrement sur ce sentiment non palpable. Pendant ce temps-là, le père, atteint d'une folie qui se manifeste régulièrement, oblige son fils à des tâches inutiles et improbables d'une grande violence. le réel et son monde intérieur se mélangent avec pour seul victime ce fils qui cherche toujours les réponses à ses questions.

Un grand roman que voilà, acheté sur un coup de tête suite au conseil d'une collègue libraire, ouvert sans vraiment savoir sur quoi tomber et lu en un seul souffle.
Le fils Courge, qui ne sera jamais nommé, nous raconte ici son histoire depuis sa naissance. Narrateur dont la mémoire dépasse le strict cadre humain, il dénoue le fil de son existence à un juge qui l'accuse. de quoi ? La fin de cette histoire vous donnera la clé.
Il nous raconte donc sa naissance, ce drame originel, qui scellera son destin. Il nous raconte ce père qui veut fuir les hommes pour une raison qu'il découvrira petit à petit. Il nous parle de ces « gens » qui visitent l'esprit de son père et l'oblige à des actes insensés souvent synonymes de violences physiques envers lui. Il nous explique son quotidien, les marches en forêt pour trouver à manger, les herbes médicinales pour tenir l'hiver, la chasse et les difficultés pour vivre. Il évoque ses escapades secrètes au village où la belle Manon lui fait tourner les sens, les punitions de son père lorsqu'il le découvre. Plus troublant, il nous parle des morts qu'il aperçoit, de sa mère notamment qui le visite toujours avec un air triste. La mort, toujours présente dans sa vie, de quelque manière que ce soit, tandis que cette dernière effraie le père.
Et une question toujours qui le hante : « Père m'aimait-il, m'aimait-il seulement ? ».
Qu'est-ce que l'amour ? Pour le fils, c'est une chose palpable dont on devrait pouvoir trouver des traces quelque part. Il les cherchent désespérément, auprès du cadavre de sa mère ou ailleurs sans parvenir à mettre la main dessus.

Récit de la relation au père, récit d'une vie d'ermite, condamné à la solitude, à la violence, au silence, d'une dépendance paternelle que rien ne semble effacer, même les brimades qui sont souvent au point de rupture, le jour des corneilles fascine et effraie. le fils fait preuve d'une dévouement sans faille pour ce père schizophrène qui met souvent sa vie en péril. Et pourtant,
il s'accroche, persuadé de découvrir un jour la source de son amour. Une quête folle et innocente qui bouleverse et fait se mélanger les vivants et les morts. Une quête qui le mènera à la découverte des mots, à leur sens et à leur pouvoir. Les mots vont lui révéler le monde et la richesse du vocabulaire. Élevé par un taiseux, le fils Courge découvrira alors dans la parole salvatrice le sens du mot Amour.

Pour ce roman poignant, Beauchemin imagine une forme surprenante et magnifique. Il utilise une langue à la fois poétique et simple qui s'empare de vieux français, d'argot, de néologismes variés et donnent une couleur unique au témoignage du fils. L'auteur invente un parler étrange qui semble à la fois archaïque et soutenu dans son énonciation. On s'étonne au début de ces mots inhabituels mais très vite leur musicalité prend le dessus et le sens de certains mots nous apparait comme une évidence.

Roman puissant offert dans une langue unique qui évoque un amour filial sans équivoque et célèbre le pouvoir des mots, le jour des corneilles est un coup de coeur qui me hantera longtemps.
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
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Depuis longtemps ce livre était devant moi sur une petite table de ma librairie, celle qui présente cinq ou six petits bijoux. Et c'est après la lecture du" Roitelet" que je le vis !
Petit chef d'oeuvre inclassable !
Un garçon se présente devant un juge, on ne sait pourquoi, très certainement pour justifier ce pourquoi il est jugé.
Il conte son histoire.
Sa mère est morte en le mettant au monde au coeur d'une forêt hostile. Son père après avoir failli le laisser mourir, l'élève de façon brutale.
Cet enfant presque sauvage n'aura de cesse de chercher l'amour de son père. Père si souvent habité par des voix qui le poussent aux pires brutalités.
Lui, le garçon, côtoie les morts, surtout sa mère qui lui prodigue un peu de douceur.
Manon traverse furtivement sa route, le temps de lui donner quelques frissons voluptueux.
Ce conte bouleversant, noir comme "le jour des corneilles" est écrit dans un français peut-être vieux, peut-être simple, peut-être si juste ! Quelques expressions ( sûrement) québécoises se mêlent au récit.
Passez les dix premières pages et vous serez emporté par ce conte qui malgré les apparences ne parle que d'amour.
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Ce livre fut pour moi un ovni littéraire. Je ne sais trop où le classer et lui résumer une histoire en est d'autant plus complexe, n'ayant ni réellement de début et de fin et encore moins d'intrigue.

Le récit commence alors qu'un homme dont nous ignorons tout jusqu'à son nom et dont il est impossible de donner un âge raconte son histoire devant un tribunal. Mais plus on avance dans le récit et plus on se demande si ce « Monsieur le juge » auquel il s'adresse n'est en réalité pas le lecteur lui-même qui, au travers de ces multiples questions existentielles et idéologies philosophiques, pourrait être le juge de cette histoire et par extension de sa propre vie et ses propres réflexions que l'on est tous amenés à se poser.

Qui somme-nous ? Qu'est-ce que la mort ? Et comment définir l'amour ? Trois questions qui reviennent sans cesse dans cet ouvrage à travers la relation très dure entre un père aliéné et un fils mal aimé, vivant en ermite dans une forêt suite à des événements graves qui ont fait perdre foi en l'humanité.

Une autre part importante de ce roman repose sur le style d'écriture totalement atypique de Jean-François Beauchemin qui use d'un vieux français soutenu et quelque peu précieux, mais délicieux à souhait, en contraste total avec le ton auquel on pourrait s'attendre sortant de la bouche d'un garçon qui vécut tel un sauvage toute sa vie. Ce livre est hors du temps car aucun indice nous laisse sous-entendre une époque à laquelle se référer.

Ainsi, cette intemporalité et l'absence d'identité me suggèrent que tout un chacun peut se glisser dans la peau du personnage, que chacun peut lire entre les lignes et interpréter sa propre histoire avec ses propres mots car il s'agit bien là de la fin mot de ce récit : heureux ceux qui communiquent.

Le dessin-animé tiré cet ouvrage et réalisé par Jean-Christophe Dessain réinvente l'histoire magistralement et de manière si poétique que je ne peux que le conseiller.

Merci à la Masse critique et aux éditions Libretto.
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