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Je connais bien Clémentine Beauvais. Enfin, j'avais l'impression de bien la connaitre. C'est une autrice qui réussit à me surprendre à chaque fois que je la lis. Elle ose aborder des genres, des publics très différents, et j'en suis très admirative.

Elle se lance ici dans un petit essai, dans cette collection ALT de la maison d'éditions La Martinière Jeunesse, qui compte déjà une dizaine de livres, tous des essais sous le même format, très courts, qui vont directement à l'essentiel.

A l'intention de la jeunesse, je n'en suis pas sûre. Si le format et le ton subtilement provocateur parfois sont bien des arguments qui penchent en faveur de cette classification, le fond s'adresse plutôt à mon humble avis à des lecteurs expérimentés. Et/ou pourrait être utilisé à profit dans des cours de littérature pour aider les élèves à se poser les bonnes questions.

Car c'est l'intérêt principal pour moi de ce texte : amener le lecteur à se poser des questions, à mieux comprendre ce qui est source de plaisir pour lui dans la lecture, à développer par les réponses qu'il y apporte ces plaisirs, à enrichir ses ressentis, à les partager.
Elle met en mots ce qui est pour moi une évidence depuis que je me livre à cet exercice, commenter mes lectures. Cela a modifié mes gouts littéraires, les a développés, m'a permis d'apprécier des textes que je n'aurais jamais lu. Autre évidence, le partage de ces ressentis, la discussion avec d'autres, là aussi est un enrichissement perpétuel, une source de découvertes.

Je n'ai pas été d'accord avec tout ce qu'elle dit, certaines affirmations m'ont paru des évidences, d'autres m'ont fait réfléchir, certaines m'ont laissée sceptique, mais j'en retire une certitude. Je continuerai à partager sur ce site :-)
Et cerise sur le gâteau, ce texte quoique court est très riche en références, de Proust à Reverdy, auteurs lus récemment par certains de mes amis, entre autres.

Merci à Netgalley et aux éditions La Martinière Jeunesse pour ce partage #Commentjouirdelalecture #NetGalleyFrance
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Clémentine Beauvais m'en a convaincue, la lecture, c'est un peu comme le sexe. Pour se saisir de ce qui donne du plaisir, il faut d'abord travailler : déconstruire les inclinaisons qui nous semblent évidentes et naturelles, prendre conscience de ce qui les conditionne et de ce qu'on manque à cause de cela, expérimenter, échanger, réfléchir et identifier ce qui nous fait vraiment prendre notre pied.

« Ce que je vais vous dire peut se résumer ainsi : les plaisirs planplan, poussiéreux et platement personnels que nous grapillons sans faire exprès quand nous lisons ne devraietn plus nous contenter.
Pour la lecture, comme pour le sexe, il faut imaginer une éducation à la jouissance.
Mais comment ?
Et par où commencer ? »

Avec la malice et l'intelligence qu'on lui connaît, l'autrice révèle ce dont on se prive en naturalisant ses goûts de lecture personnels et en ne se mettant pas activement en quête de ce qui nous réjouit. Elle déconstruit les discours dominants sur ce qui fait une bonne lecture et nous invite à interroger ce que provoquent nos lectures, en débattre avec d'autres lecteurs, prendre conscience du type de plaisirs que nous y cherchons, persévérer pour mieux en apprivoiser d'autres moins évidents de prime abord.

J'ai adoré la manière dont ce manifeste évoque les mille et une manières dont un texte peut nous extasier. Beaucoup m'ont parlé et rappelé de mémorables moments de lecture, d'autres m'ont donné envie de lire plus et mieux.

Vous l'aurez compris, ces pages composent un réjouissant programme. Mais cela va plus loin que ce à quoi je m'y attendais – et c'est là qu'on glisse vers un terrain plus politique. Il ne s'agit pas (que) d'une quête hédoniste individuelle. D'une part, on comprend que l'initiation au plaisir de lire est un enjeu d'éducation qui ne demande qu'à être embrassé. D'autre part, on le sait, les livres ouvrent des fenêtres sur le monde. En nous libérant des conceptions dominantes de la littérature, nous nous autorisons des désirs littéraires qui ont le potentiel de repousser l'horizon des possibles et… de changer le monde. Rien que ça ! Pour 3,50€, on aurait tort de se priver. Faites-vous plaisir avec cette lecture stimulante et voluptueuse qui en appelle tant d'autres !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Bonne question. Et question sous-jacente : sait-on jouir de nos lectures ? A quand remonte le dernier coup de coeur ?
Notre autrice ici nous questionne : suis-je lecteur réac. et élitiste (Proust, Stendhal, etc. tout le reste ne vaut rien) ou lecteur plaisir et relativiste (peu importe ce que tu lis du moment que tu lis) ? L'autre jour une femme me pose une question pertinente : à lire autant, êtes-vous abîmés ? Pensez-vous que vous êtes encore suffisamment objectifs pour rester curieux, ou, devenez-vous plus difficiles dans vos choix et vos chroniques ?
Pour ma réponse, j'ai fait une comparaison avec la musique : quand j'étais DJ, je gardais dans mes playlists environ 3% de ce que j'écoutais (c'est dire !). Pour mes lectures, c'est un peu mieux, sur une moyenne de 100 livres entre 10-15 répondent à mon voeux : un bouleversement, un avant et un après. D'autant que les plaisirs et les envies de lecture évoluent aussi dans une vie, parmi mille et un thèmes, et que dans sa critique personne n'a fondamentalement raison. Un best-seller, une meilleure vente, peut faire un flop pour l'un et l'idée d'un film pour un autre. Je crois être encore pleinement curieux à lire de tout mais je connais des libraires qui ne lisent plus, abîmés, trop souvent déçus. Ou pire, qui lisent avec déjà un a priori. Donner sa chance à une oeuvre n'est-ce pas là un joli pouvoir sur l'oubli ? le plus grand malheur du libraire actuel c'est la surproduction littéraire : dans l'incapacité de lire tous le six mois 500 ouvrages, elle a de facto fait que le professionnel... de la lecture soit lui-même dépassé pour délivrer un conseil adéquat ! D'autant qu'on le voit, à force de faire des chroniques : tous les goûts sont dans la nature, heureusement, et que la lecture est profondément un plaisir personnel - qu'on souhaite rendre collective parfois en émettant un avis. Que de questions que provoque ce petit fascicule et sa liste de plaisirs, toujours dans cette collection ALT.
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Partant de l'idée que "les plaisirs sexuels que nous croyons naturels, immédiats et personnels, sont en réalité construits, conditionnés et culturels", Clémentine Beauvais élargit cette notion aux plaisirs engendrés par la lecture qu'il faut apprendre à élargir par une éducation au ressenti.
Elle commence par distinguer deux catégories établies par la société: le discours qui hiérarchise les livres (ceux qu'il faut avoir lus, "il n'appartient qu'à nous de nous hisser à leur hauteur") et celui, plus progressiste en apparence qui prône n'importe quelle lecture, l'important étant de lire. 
Soulignant les limites de cette division, elle rappelle la difficulté de parler des textes qui nous ont plu et dresse une liste non exhaustive des plaisirs suscités par les textes:  du délice addictif , aux enchantements rebelles, en passant par l'orgie de relectures, le tout émaillé de citations et de références. En tout une vingtaine de jouissances possibles, susceptibles d'évoluer au fil du temps pour un même lecteur.
Elle aborde enfin la dimension politique de ces plaisirs de lecture et la nécessité de les analyser.  Un texte revigorant.







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Alors là, c'est très amusant de donner un avis sur cet essai de Clémentine Beauvais. En effet, tous ceux qui l'ont lu comprennent que je vais faire un petit effort dans le choix des mots. Je ne vais donc pas dire que cet écrit m'a transportée, que j'ai été happée par le sujet ou encore que je me suis pris une grande claque. 

« Comment jouir de la lecture ? » est une question qui me plait ; je n'en connais d'ailleurs toujours pas la réponse, même après avoir lu ce texte engagé. Serais-je donc une mauvaise élève ?

Clémentine Beauvais offre une kyrielle de pistes, traitées de manière sérieuse et légère (oui, oui, les deux sont possibles). J'ai aimé m'y perdre. Pas de cul-de-sac ici, uniquement des chemins qui se croisent. le passage qui m'a le plus intéressée est celui qui parle de l'aphantasie (j'en ignorais le nom). Dans mes classes, beaucoup d'élèves ne parviennent pas à se représenter les personnages ou encore les lieux. Clémentine Beauvais nous fait part de sa propre expérience et ça fait du bien.


Ouvrage de référence, curiosité littéraire, ode à l'amour et à la lecture, mot à mot, bouche à bouche… À siroter comme une menthe à l'eau un soir d'été.

Lien : https://www.aliceaufildespag..
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Quelle est futée Clémentine Beauvais de prendre la lecture sous un pan plus coquin ! Quel parallèle elle fait d'entrée d'ouvrage ! Mais elle a tellement raison ! Et c'est bien ce que les professionnel··les de la lecture essaient de faire : montrer que tous les livres sont importants, que chacun peut y trouver ce qu'il cherche, qu'il n'y a pas de mauvais genre littéraire. L'essentiel est le plaisir qu'on prend à ouvrir un livre, à se délecter de l'histoire, à la laisser nous envahir, à nous faire frissonner ou rougir, et parfois même à nous laisser pantois·e une fois la dernière page tournée.
Décidément l'autrice nous épatera toujours, elle n'est jamais là où on l'attend. Et à chaque fois elle touche juste.
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Mettre des mots sur des concepts, des principes, des habitudes culturelles, des théories… voilà la force de Clémentine Beauvais dans cet ouvrage. Alors voilà, je n'ai pas jouis de cette lecture : le format trop court m'a donné le « désir » d'aller plus loin sur le sujet. Je ressors frustré de ce moment presque trop rapide, mais la frustration n'est-elle pas directement liée à la recherche du plaisir ? En tant que professionnel du livre et de l'éducation, cet ouvrage est « un bonbon », « un bijou », qui faire réfléchir et qui remet en cause nos propres conceptions, nos propres pratiques de lecture, l'expression de nos désirs et de nos plaisirs, et nos prescriptions auprès des jeunes. Clémentine Beauvais, en rapprochant le plaisir de lire du plaisir sexuel m'aura fait prendre conscience de mon réel amour de certains livres et me permet d'identifier davantage ce qui me plait, à moi. Et voilà une auteure dont certains romans m'ont réellement donné énormément de jouissance. Alors ça paraîtra peut-être un peu « réac », mais il faut absolument que les enseignants lisent cet ouvrage qui aura le mérite de les éclairer (et peut être d'en faire jouir certains).
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Derrière ce titre racoleur, se cache un petit ouvrage malin et nuancé... Parlons peu, parlons bien, parlons de lecture, de politique, de société et interrogeons-nous sur notre rapport au texte.
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Comme d'habitude, je suis globalement d'accord avec Clémentine Beauvais. Je ne peux donc qu'encourager toustes les profs du monde et de l'univers à le lire et à en discuter avec leurs ados. Vous pouvez aussi l'offrir à votre oncle Bernard qui n'aime que la "vraie littérature" et fait très mal semblant d'avoir lu Proust, ça lui fera les pieds.
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On reconnaît bien la plume malicieuse de Clémentine Beauvais dans ces lignes. Elle commence par comparer la lecture à la sexualité puis rapidement nous annonce que « ce petit manifeste ne parlera pas de sexe (rho, nul, t'as vu j'étais sûre que c'était une arnaque). »
Dans ce court essai, elle met en avant le plaisir de lire mais surtout de savoir reconnaître ce qui provoque chez nous ce plaisir afin de pourvoir identifier nos prochaines lectures. Ou comment s'assurer de lire toujours pour le plaisir, de renouveler cette expérience.
En tant que bibliothécaire, ce texte me parle énormément. Je fais partie de l'équipe « lecture-plaisir ». Trouver le livre qui plaira à un lecteur et lui permettra d'entrer dans la lecture-plaisir est essentielle. Quel livre permettra à une personne d'accrocher et d'en redemander ?
La lecture est plutôt une activité solitaire, intime. Parler de ses lectures n'est pas forcément aisé et donné à tout le monde. Parfois la peur d'être jugé accentue ce phénomène. Et puis nos goûts évoluent en prenant de l'âge. Selon l'autrice, en replaçant les émotions au centre de ses lectures, cela permettrait de s'interroger sur les lectures qui nous apportent une « jouissance ». Toute une éducation qui reste à faire. Un véritable enjeu de société abordé dans ces 30 pages de la collection ALT de la Martinière destinée à un public de plus de 15 ans. Une bibliographie très intéressante est offerte à la fin pour aller plus loin dans la réflexion. Un plaisir à lire, comme toujours avec cette autrice.
Lien : https://joellebooks.fr/2024/..
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Un essai court, percutant, plein d'esprit, d'humour, d'autodérision qui questionne notre rapport à la lecture et notre plaisir de lire...
A lire et à partager autour de soi sans modération !
Peut être un must à lire et relire pour tous ceux qui travaillent dans le domaine des livres et leur médiation...
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