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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Clémentine Beauvais imagine la vie de la charogne de Charles Baudelaire, extrait du recueil Les fleurs du mal publié en 1857.
En donnant vie à ce corps en décomposition, elle lui offre une voix. Une femme prostituée, couturière, chirurgienne, avorteuse et tueuse. Grâce, au destin remarquable.
Un court roman en vers libres qui bouscule. À la fois beau et terrifiant. Clémentine Beauvais, en femme engagée, porte la voix des femmes, leur donnant la parole, l'importance qu'elles méritent, criant haut et fort leurs valeurs. Une réécriture que je valide à 200% (oui oui c'est possible !). le relire. le partager. En parler. Bref, un petit bijou à lire de toute urgence.

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2021/05/07/38955608.html
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WoW. Déjà je tiens à préciser que je n'ai jamais lu le poème original (le pourrai-je maintenant?) et donc même en lisant le résumé, je ne savais pas trop dans quoi j'allais me lancer. Et c'est sûr que je ne m'attendais pas à ça. D'abord un livre que j'ai eu du mal à lire. Un livre qui parle d'inceste, de viol, de violence faite aux femmes, de vengeance, d'avortement, de mort, de meurtre… et le tout en étant assez graphique (surtout dans la description de la décomposition du corps).
Un texte fort, poignant et violent qui ne passe pas par Quatre Chemins. Les vérités sont dites, l'histoire est écrite, la condition des femmes est évoquée.
Un texte qui prend au tripes et dont l'écriture magnifique ne vous laissera pas de marbre
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La Charogne de Charles Baudelaire est un de mes poèmes préférés depuis ma première lecture à 10 ans. J'avais été frappée par l'image dérangeante de cette carcasse en décomposition, “son ventre plein d'exhalaisons” et par la violence des mots de Baudelaire à sa Muse (Jeanne Duval).
Quand j'ai appris que l'autrice des Petites Reines s'en était inspirée pour tisser Décomposée, j'ai acheté ce livre. Je ne l'ai plus lâché jusqu'à la dernière page. Et je l'ai relu une 2ème fois car le texte me hantait.

Clémentine Beauvais nous offre ici un magnifique texte en vers libres d'une inventivité audacieuse, par ses jeux de formes, sa profusion de genres (tour à tour poème, dialogues théâtraux, monologues, théâtre antique avec son choeur de femmes, jeux de langues…). L'autrice joue avec la forme et les mots d'une manière très intelligente et nous propose un texte qui fait autant appel à nos sens et à nos émotions qu'à notre intellect.

“Tandis que sur mon corps se compose un poème”
La Charogne, c'est Grâce, une femme du XIXème siècle qui essaie de survivre dans un monde dur avec les femmes. Au rythme de la chair en décomposition, l'autrice recompose son histoire. Par ses jeux de langage, elle la coud, la tricote, au fil des souvenirs de Grâce qui peu à peu se décomposent eux aussi. Clémentine donne une voix à Grâce et à Jeanne Duval, la muse de Baudelaire, et à travers elles, ce sont les voix des Femmes qui se font entendre. les Voix de “ses soeurs”.

Décomposée c'est une histoire de corps, de violence, de lutte et de vengeance. Mais c'est aussi une histoire d'amour, de famille, de sororité. Une histoire de Femmes et d'émancipation. C'est un texte puissant, humain, touchant, révoltant, vibrant, cru, sarcastique, bouleversant...

Ce texte a été un énorme coup de coeur, une claque tant par le style que par la forme. J'ai vibré, frissonné, été émue, j'ai eu des papillons dans le ventre devant la beauté de certains vers... Je me suis remise à lire de la poésie depuis.

Juste une dernière remarque, je voulais revenir sur le choix du prénom “Grâce”. Il a évoqué chez moi tellement de choses tout au long de ma lecture. Déjà par le rappel des 3 Grâces, les déesses de la beauté et de la créativité dans l'Antiquité grecque. Grâce devient elle-même la Muse de Baudelaire, lui inspirant au détour du chemin un poème, mais elle est aussi celle de Clémentine.
“une Grâce” c'est aussi ce que l'héroïne accorde aux femmes désespérées qui viennent la voir pour les “libérer”.
Mais “grâce”, c'est surtout le cri de douleur des femmes battues, violentées, meurtries par les hommes et par ce siècle dur.
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Quand j'ai su que Clémentine Beauvais avait publiée un nouveau livre, en vers libres, je ne pouvais pas résister.

Que dire ? Cet ouvrage est éblouissant, enchanteur, et vertueux. Clémentine Beauvais est une déesse de l'écriture, elle manie les mots avec une telle intelligence.
Je n'ai qu'une recommandation à faire à tous les amoureux de la lecture, allez vous procurer ce bijou dès maintenant si ce n'est pas encore fait.
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Texte magnifique, éblouissant inspiré du poème de Baudelaire "une charogne". L'auteur invente la vie de cette charogne retrouvée "au détour d'un sentier" . Elle invente la vie de cette femme prénommée Grâce qui sera couturière d'abord et qui par son habileté va recoudre des femmes battues. Elle deviendra ensuite faiseuse d'anges toujours pour aider ces femmes. Ce texte explique pourquoi et comment elle deviendra charogne "ce beau matin d'été si doux au détour d'un sentier".
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Fini de lire "Décomposée" de Clémentine Beauvais, un très court roman en vers libres qui extrapole la vie de la femme évoquée dans "La charogne" de Charles Baudelaire.
Une composition audacieuse, originale, amusante, engagée. Un livre encore très réussi de l'auteure qui m'épate à chaque fois par son talent.
Un livre qui se situe entre roman et poème
Seul bémol, c'est un peu court pour un roman.
Une jolie découverte.
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Quand j'étais au lycée, j'étais une caricature : celle de la fille en section littéraire ! Les vêtements achetés aux puces, les doc martens élimées, le long manteau informe, les cheveux longs, assise devant le lycée à fumer des clopes en parlant philo, histoire et littérature avec mes amis… toujours un livre dans mon sac (ça par contre ça n'a pas changé !), je lisais et relisais mes textes et auteurs préférés. Il y avait Antigone d'Anouilh, Des souris et des hommes de Steinbeck, les Ethiopiques de Senghor et bien sûr Les fleurs du mal de Baudelaire. Si j'avais une passion particulière pour le Spleen (Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle/Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,/Et que de l'horizon embrassant tout le cercle/II nous verse un jour noir plus triste que les nuits (…) oui, j'étais vraiment joyeuse comme ado…), La charogne est également de ceux qui m'ont particulièrement marquée.

Clémentine Beauvais a probablement été aussi bouleversée que moi par ce poème, pour s'en inspirer dans ce roman/poème en vers libres fascinant. Elle donne la parole à Grâce, qui avant d'être une charogne abandonnée dans un fossé, a été une fille, une soeur, une amante, une femme. Une fille née dans une famille pauvre, une soeur qui a protégé ses cadettes, une amante qui a aimé follement, une femme qui à l'aide de ses aiguilles a aidé d'autres femmes dans une situation délicate… Ce n'est pas seulement l'histoire de Grace, c'est l'histoire de toutes ces femmes, soumises à la violence ou au bon vouloir des hommes, ces femmes qui ne pouvaient être que pute ou épouse.

Clémentine Beauvais a pris le risque de s'emparer d'un poème d'un des grands noms de la littérature, mais la prise de risque en valait la peine, car elle nous offre un texte intense et bouleversant.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Je n'ai jamais eu l'occasion de découvrir les romans jeunesses de Clémentine Beauvais, mais j'avais beaucoup apprécié sa traduction du recueil de poèmes « Chasseurs de lumière » de Tyler Knott Gregson aux éditions Presses de la Cité.


DÉCOMPOSÉE est singulier, atypique. Une beauté extravagante et éblouissante. L'exercice au départ n'est pas évident, mais le rythme s'installe doucement pour te prouver que la poésie n'a rien de ringard.


Ni poème ni roman, ce récit fusionne l'ancien et le futur avec habilité. Tableau alambiqué de vérités dérangeantes aux prises avec des thématiques fortes. Elle décompose la vie d'une héroïne banale épuisée par la vie. Des montagnes à la vie close parisienne, de l'émancipation à faiseuse d'anges, d'amoureuse à tueuse. Chaque note compose cette vie à la fois sauvage et revendicative, décharnée et réelle.


Son corps, dans le fossé, exultant un dernier souffle, déversant ses derniers espoirs, ses derniers rêves, se délitant, chairs arrachées putréfiées, berceau de la vie et de la mort.


Roman intransigeant, dérangeant, peignant l'horreur et la beauté du geste et des maux. Osé et généreux, il emporte, recompose la poésie sur cette musique attractive, battu par les mots qui choquent et s'entrechoquent. Un roman inspirant, réconciliateur, captivant aux multiples couleurs où seul le noir serait banni.


Un très joli coup de coeur pour une histoire aussi passionnante qu'audacieuse.
Lien : https://misschocolatinebouqu..
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Ce texte inclassable est une réécriture du poème Une charogne de Charles Baudelaire, parue dans ses célèbres Fleurs du mal.
Baudelaire avait alors su sublimer l'horrible, faire un poème sur quelque chose qui ne s'y prête pourtant pas aux premiers abords.

Ici, Clémentine Beauvais imagine la vie de cette charogne en décomposition.
Elle la fait parler à Jeanne Duval, la muse de Baudelaire, lui contant son histoire tragique.
L'auteure utilise également des dialogues entre Charles et Jeanne.

Je craignais en commençant la lecture de ce livre d'être tombée dans de la poésie ultra-hermétique, mais fort heureusement ça n'est pas le cas.

Ce texte poétique en vers libre est un hymne féministe puissant, hommage à toutes les femmes bafouées, maltraitées par la vie et par les hommes, hymne à la sororité dans l'adversité.
Cette charogne était une femme qui a fui le cocon familial incestueux avec ses soeurs pour tenter de trouver une vie meilleure dans la capitale.
Elle devient d'abord prostituée, puis couturière au sens propre la journée, avant de recoudre à la nuit tombée toutes ces femmes, ses soeurs de sang et de coeur, en tant qu'avorteuse.
L'âme vengeresse, elle va ensuite se faire le bourreau des hommes coupables de ces presque féminicides... avant de finir comme eux, décomposée moralement et physiquement.

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- Un charogne -

Je ne lis pas de poésie. A tord peut-être. Sans doute. Sûrement maintenant que j'ai mis le nez dans ce texte.
Décomposée, de Clémentine Beauvais est une revisite du poème Une charogne, de Beaudelaire. Elle nous traduit les pensées de cette charogne. Celles qu'elle aurait pu avoir. Celles que nous n'avons pas su entendre.

La charogne ici est simplement une femme meurtrie, qui s'est perdue dans les méandres de la souffrance et de la violence des sentiments. Une femme parmi tant d'autres, qui n'a plus supporté le poids de la vie de ses soeurs, de toutes ces femmes enchaînées, qui vivent le dos courbé. Est-elle seulement tombée dans une folie vengeresse? Non, je crois que c'est une femme qui avait bien toute sa tête et qui a décidé qu'elle en avait assez. Assez de ces blessures physiques. Assez de ces blessures de l'âme. Assez de cette peur qui paralyse. Assez de fermer les yeux.

L'histoire de cette femme en décomposition racontée par Clémentine Beauvais est d'une beauté sans nom. A travers sa plume, c'est une vie naïve au départ malgré les tourments qu'elle endure, jusqu'au moment où tout se brise dans son esprit malgré l'amour qui l'accompagne. Où la patience offerte en don aux femmes dès leur naissance éclate. A travers ces mots, c'est une bataille de plusieurs générations qui est dénoncée, celle des violences faites aux femmes, celle du pouvoir des hommes sur les femmes, celle de la non propriété de chacune sur elle-même.

La charogne, c'est une voix offerte à notre esprit. Une petite graine plantée dont il faut prendre soin pour la faire grandir. C'est une ode à la vie autant qu'à la mort, à l'amour et ce qui peut-être accomplie pour lui. e rappelle que je n'ai aucune expérience en poésie et je ne parle ici, que de mon ressenti de lecture. Ce que je peux affirmer, c'est que ce roman me donne envie d'aller combler mon ignorance dans ce domaine. Merci à @vleel_ pour la découverte et les nouvelles connaissances apportées.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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