J'ai toujours eu beaucoup de mal avec les livres de
François Bégaudeau. Je me souviens avoir essayé de lire
Vers la douceur et
La Blessure, la vraie (titre d'une beauté foudroyante au passage) mais sans succès, abandonnant au bout d'une dizaine de pages. Je suis pourtant venu à bout de
Deux Singes ou Ma vie Politique. Avec beaucoup de patience car l'écriture de Bégaudeau est d'une complexité, mêlant à la fois références académiques et langue triviale. Ce qui me plaît est que l'autobiographie dans ce cas-ci apparaît comme une alterbiographie dans le sens où ce n'est pas l'intime qui est narré mais la conscience politique d'un être. Pas de poncifs classiques, ou alors repris sans grande passion. Ce qui ôte en est un sens tout propos sur soi. On pourrait croire que l'auteur met les pieds dans les plats mais en réalité il subvertit un genre en le ramenant vers un état d'esprit collectif. Il faut tout de même avouer qu'il y a beaucoup de longueurs et le décrochage est facile. On se perd dans une existence assez hardue à cerner. On a le sentiment que l'auteur est une bête à traquer tout au long du livre, sans savoir réellement qu'il est (d'où la contre autobiographie). D'où la grande impression de mise en scène. Après tout, cherche-t-on réellement à savoir qui est l'auteur du célèbre
Entre les Murs? Laissons par moment cette fresque politique nous bercer des illusions perdues.
P.S : J'oublie hélas de dire que c'est un récit palpitant qui demeure un parfait manuel d'histoire contemporaine, avec une réflexion pointue sur les évènements historiques et la formation politique. Un livre où l'auteur joue beaucoup sur son image. Mais, un peu étouffe chrétien vers la fin. A lire d'urgence.
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