Erminio le Milanais

Il est vrai que ce récit n'est guère très palpitant. On aura compris qu'en Italie, il y a une grosse différence entre les siciliens et les milanais. L'histoire est bâtie sur cet antagonisme. Il semble difficile de s'intégrer dans une communauté villageoise sicilienne où le maire règne en maître absolu. Maintenant, cette idée pourrait s'appliquer dans le monde entier. Tout récemment, un film montrait les différences entre les habitants de New-York et ceux de Los Angelès.

J'ai regretté la multiplication des flash-back et des personnages ainsi que le flot d'informations parfois inutiles. Je n'arrive pas à comprendre les motivations des personnages ainsi que le lien particulier qui existe entre Erminio, Luigi et Salvatore. Il n'y aura pas de révélation finale qui pourrait me permettre de mieux cerner les enjeux de ce récit. C'est bien dommage.

Cette fable moralisatrice se laisse tout de même bien lire. On saura que la jalousie est un vilain défaut et qu'il faut plus de tolérance dans le monde...

Quand Erminio Peroni, le milanais, vient prendre son poste dans une petite ville sicilienne, Monteluccia, le maire l'accueille en lui demandant de repartir tout de suite. Les étrangers ne sont pas les bienvenus, seul les siciliens savent dompter d'autres siciliens. Dans ce récit en forme de Flash-back, Erminio, vieux et malade, quitte Monteluccia et revoit une à une les péripéties de sa difficile intégration. A force d'obstination et d'amour des enfants, il se fait respecter et ouvre cet village au monde qui l'entoure, envoyant même un enfant doué dans une école de cirque à New-York. Il a un fils d'une brève histoire d'amour mais suite à un arrangement avec le mari, il ne peut rien lui dire. Il peut juste vivre à coté... Cette bande-dessinée en noir et blanc dépeint avec bonheur et simplicité la vie de ce village, où l'on suit les intrigues politiques et sentimentales, où l'on suit les élèves et leurs difficultés à grandir, où l'on suit surtout Erminio aux prises avec ses désirs, ses aspirations et ses luttes pour exister dans cet environnement d'abord hostile puis amical mais plein de non-dits. le lecteur s'attache aux personnage de cette belle et poignante fiction.

Avec l'aide de Joseph Béhé (Le décalogue, Double Je, Chimères, le légataire, etc.), Erwann Surcouf et Amandine Laprun livrent un premier album très réussi au sein de cette collection Intégra de Vents d'Ouest.

Cet album de 136 pages, construit autour d'une narration en voix-off du personnage nommé Luigi est découpé en 12 chapitres, qui illustrent chacun un des passages d'une lettre écrite par Luigi à l'attention de son cousin Salvatore.

L'histoire tourne autour d'Erminio Peroni et dresse le bilan de la vie de cet instituteur Milanais qui finira tant bien que mal par s'intégrer au sein du petit village sicilien de Monte Luccia. Une petite communauté repliée sur elle-même, sous l'emprise d'un maire manipulateur et tyrannique, et caractérisée par des habitants prisonniers de leurs traditions et de leur propre bêtise.

Cette quête d'intégration au coeur de la Sicile des années 60 surfe sur des thèmes difficiles tels que le racisme, l'intolérance, la différence, la violence parentale, l'infidélité et l'amour, et parvient à dégager des émotions fortes sans jamais tomber dans l'exagération. Les protagonistes sont particulièrement bien réussis, et c'est en mélangeant dureté de caractère et faiblesse d'esprit qu'ils finissent par fermer une à une les portes du bonheur, forçant Erminio à jeter un regard plutôt amer et nostalgique sur sa carrière, sur ses amitiés, sur ses amours et sur cette allergie aux figues héréditaire qui servira de catalyseur à toutes les frustrations accumulées dans cette Sicile au racisme autochtone.

Le dessin noir et blanc vient accentuer le côté inhospitalier de Monte Luccia et de ses habitants, tout en arrivant à nous plonger dans l'ambiance italienne d'époque.

Un récit en toute simplicité, plein d'humanisme et qui ne laisse pas indifférent.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..

Peu de choses à ajouter à la critique de xgalaup si ce n'est que le dessin noir et blanc sert admirablement cette histoire sensible et complexe. A la fois très moderne et proche de la gravure du XIXe siècle, il étale ses nuances (et oui, il y a aussi du gris dans tout ce noir et blanc) de manière très élégante tout en distillant une rudesse sous-jacente. A lire absolument !