Les mondains sont des êtres solitaires perdus dans une abondance de connaissances floues. Ils se rassurent à coups de poignées de mains. Chaque nouvelle bise est un trophée. Ils se donnent une illusion d'importance en saluant des gens célèbres, alors qu'eux-mêmes ne fichent rien de leurs dix doigts. Ils s'arrangent pour ne fréquenter que des endroits extrêmement bruyants pour ne pas pouvoir parler. Les fêtes ont été données à l'homme pour lui permette de cacher sa pensée.
Pour bien conduire bourré, il suffit de viser entre les immeubles.
La troisième année, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle: dégoûtée, votre femme vous quitte. La mauvaise nouvelle: vous commencez un nouveau livre.
C'est la vie qui a le dernier mot.
J'ai regardé ma montre : il était 23h59. Encore 60 secondes, et nous serons fixés.
Ce qui m'étonne le plus, c'est de voir à quel point mon amour pour Alice a remplacé celui que j'éprouvais
pour Anne, comme si les deux histoires étaient des vases communicants. Je suis horrifié d'avoir si peu
hésité. Il n'y aura pas de vaudeville, pas de dilemme entre la « légitime » et l'amante, simplement un être
qui prend la place d'un autre, en douceur, sans faire de scandale, comme si on entrait dans mon cerveau
sur la pointe des pieds. Ne peut-on pas aimer quelqu'un au détriment de personnes ? C'est certainement ce
crime que je paye maintenant…
Vous savez que vous allez faire souffrir, que vous préféreriez l'éviter, qu'il faudrait raisonner, attendre,
réfléchir, mais « Partir », « Partir ! » Est plus fort que tout. Tout recommencer à zéro. La case « départ »
promet tellement.
Que nous propose ce monde ? De la naissance à la mort, on branche de nos vies sur pilotage automatique,
et il faut du courage surhumain pour dévier le cours.
La première année, on achète des meubles.
La deuxième année, on déplace des meubles.
La troisième année, on partage les meubles.
La première année, on dit : « Si tu me quittes, je me tue. »
La seconde année, on dit : « Si tu me quittes, je souffrirai mais je m'en remettrai. »
La troisième année, on dit : « Si tu me quittes, je sabre le Champagne.