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Au village de « la Source des chèvres », aux portes du désert, la vie s'organise autour des hommes qui cultivent la terre, épouses et concubines au foyer élèvant les enfants. Autour du maire, de l'imam, du marabout, Zilnia le Fou abreuve la petite communauté de ses prophéties inintelligibles. Et soudain, paix et quiétude ne sont plus qu'illusion, les militaires sont arrivés et bloquent tous les accès, l'isolement est total. Qui est à l'origine de cette situation ? Abbas, homme violent surnommé le Faune, désigne un coupable et fait voler en éclat l'unité et la paix du village. Qui d'autres que les femmes pour mettre fin à ce schéma dictatorial ?

Yahia Belaskri inscrit dans une légende l'écho d'une culture où les extrêmes dictent leurs lois. Au terme des moments les plus tragiques, lorsque tous se soumettent, que les femmes sont humiliées, on se prend à espérer que ses mots magiques, portés par une plume musicale et poétique, feront renaître l'espoir et qu'un vent de liberté ouvrira la voie de tous les possibles.

Un roman inspiré de faits réels passé discrètement sous les promotions de la rentrée littéraire, dommage ! Il n'est pas trop tard, entrez dans la fable!

Lien : https://mireille.brochotnean..
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Le village de la Source des chèvres est traversé par un chemin de terre de trois kilomètres qui vous amène à la grand route. Celle où une fois par jour passe le bus qu'il faut prendre pour aller à la ville et celui qui emmène l'instituteur chaque jour, voyage qui vous occupe quatre heures à l'aller et pareil au retour.
Abdelkrim se prépare à l'aube pour aller à la ville réclamer l'argent qui lui est dû, mais le bus ne passe pas. Abdelkrim est tout de suite inquiet, comme le pressentiment d'un malheur.
Deux jours plus tard, c'est bien un bruit de véhicule qui se fait entendre mais c'est celui de deux camions militaires qui viennent pour interdire l'accès au village et écarter toute tentative d'en partir.
C'est un village de traditions, Abdelkrim y est l'homme le plus jeune 29 ans, marié à Badra 24 ans ils ont trois enfants.
« […] en ce lieu, une jeune fille est bonne à marier dès seize ans ; au-delà, elle devient un fardeau et la médisance s'installe. Pour la jeune femme vive et allègre, tout est prétexte à rire. »
Dans ce village vivent Abbas, l'homme le plus riche, il a trois femmes.
Baki, sorte de maire, qui chaque mois part avec ses registres rendre des comptes aux dirigeants de la ville.
Slimane trente ans marié à Aïcha qui veut vivre en ville, est le meilleur ami d'Abelkrim.
Le plus vieil homme du village est aussi L'imam, il perd la vue et est soutenu par sa femme Yamina.
Ziani le fou est arrivé au village seul à quinze ans, il a toujours vécu en marge, à la fois objet d'attraction et de répulsion.
C'est un monde qui se respecte habituellement mais devant cet évènement qui les condamne tous, Abbas se sent la puissance de désigner un coupable et pour lui c'est Abelkrim.
« L'appel du muezzin retentit au crépuscule d'une journée inconsolable. le prêche de l'imam ne laisse aucun espoir. Des mots tristes appelant à la soumission et au jeûne. »
C'est ainsi que le décor s'installe, une bourgade tranquille, où chacun effectue son travail, vit sa vie et fait souvent taire ses rêves.
Les hommes cultivent leur lopin de terre et font quelques affaires, les femmes font tourner le foyer.
Tout se joue autour de la place du village avec son café et sa mosquée.
A noter l'absence d'adolescents, les filles sont mariées et les garçons partent ailleurs tenter leur chance.
Le village est clos, il faut un coupable, c'est Abbas le Faune qui ouvre la vindicte, il ne le lâchera pas, lui et sa famille les condamnant à l'exil.
Il ne reculera devant rien pour faire valoir son pouvoir, il désigne le coupable et ensuite attribue des bons points à ceux qui courbent l'échine.
Mais est-il le roi en sa demeure ?
Celui qui vitupère a-t-il autant de pouvoirs qu'il le croit ?
Ce sont les voix des femmes qui vont s'élever et faire basculer ce climat de haine vers un ailleurs.
Je n'ai pu m'empêcher de trouver des accents de fable dans ce roman, avec la même force que La Fontaine pour dire la farce de la vie montée par les hommes.
Ici les femmes sont l'allégorie de la liberté, mais avant cela il y aura moult chemins de haine et d'exil à parcourir.
On ne peut pas faire l'impasse sur la similitude avec tous les extrémismes qui gangrènent le monde.
L'auteur nous dit cela avec des phrases qui ont une douceur dans leur lenteur, sans se départir d'une précision de vocabulaire. le tout est rythmé comme une mélopée avec des paroxysmes dans les césures poétiques.
L'ensemble vous envoûte car vous voulez absolument savoir le destin des protagonistes qui vous sont proches et la musicalité qui se dégage et vous enveloppe comme une symphonie en jouant sur un vaste registre d'émotions.
Je crois au pouvoir des mots et à leur force, ce qui donne des ailes à la littérature et construit des ponts à travers le monde.
Une belle découverte et je vais lire ses autres romans.
Merci à Françoise Lecteurs.com pour cette lecture privilégiée.
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Aux portes du désert, le village de la Source des Chèvres se retrouve un matin coupé du monde, l'accès à la route bloqué par des soldats. Entre le café et la mosquée, sur la petite place où résonnent encore la voix du porteur d'eau et le passage des nomades, on cherche un coupable pour s'en débarrasser comme d'une malédiction.
Face aux luttes de pouvoir qui s'engagent, s'élève la voix de Ziani le Fou. Pieds nus, cheveux hirsutes, il clame ses prophéties mais reste celui dont on se moque et se méfie. D'où naîtra l'espoir sinon de celles qui oeuvrent en silence contre l'oppression et la convoitise, contre l'obscurantisme et la résignation ? Avec les femmes, le vent de la révolte se lève enfin.

Une magnifique allégorie sur la liberté et la réconciliation.

Mention spéciale du Prix des 5 continents de la Francophonie
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Il y a dans ce minuscule village au fin fond du bled algérien un résumé de l'humanité : un religieux (l'imam), un officiel (le maire), un riche (qui tire les ficelles), des pauvres (en grand nombre), des dominés (les femmes, surtout), des travailleurs, des lèche-bottes, un sage (qu'on dit fou), un charlatan, un commerçant (parmi les pauvres), etc. Et tous acceptent docilement l'autorité d'en haut, celle de la loi (qui tient les armes), tous sont prêts à se soumettre plutôt que de se battre, car ils ont la trouille, tous sont des lâches.
Un jour, le village est encerclé par des militaires. Par suite d'une décision floue mais impérative, à cause d'une faute inconnue, il est désormais interdit aux habitants de quitter le village ou de recevoir des visiteurs.
Petit à petit, la vie se réorganise tant bien que mal, et chacun devient une caricature de lui-même. Les rôles restent à peu près les mêmes, tout en éclatant au grand jour. Comme si on poussait les curseurs au max. le maire réalise que son titre n'est que du vent, le riche donne ouvertement les ordres, les femmes font vivre tout le monde, le fou assène des vérités, les plus lâches rampent devant les autres.
Un bouc émissaire est désigné. Tout ça, c'est de sa faute. Il devient l'homme à abattre, à isoler pour commencer…
C'est un roman passionnant, qui prend le lecteur et se lit presque d'une traite. L'isolement dont ces gens sont victimes fait surtout ressortir les mauvais côtés de chacun. Les mesquineries, les lâchetés, les hontes, les mensonges… tout ressort sous forme de mépris, de violence.
Y aura-t-il une réaction ? Oui, car malgré tout l'optimisme est la vie ne sont pas oubliés. Toutefois, cet espoir, fragile, viendra d'un manière plutôt inattendue.
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Un village comme oublié au milieu du désert, et qui se réveille, un jour, isolé du monde par un barrage de soldats. Des habitants arrachés à leur routine et qui s'interrogent sur cet enfermement, mais finissent par s'entredéchirer et chercher des boucs-émissaires. Si certains choisissent la résignation et la soumission, d'autres se révoltent ou s'en vont… Et si, finalement, l'espoir était du côté des femmes, revendiquant enfin leur liberté ? Un texte de Yahia Belaskri, à l'écriture pleine de finesse, à la poésie puissante, où la fiction semble naître des frémissements du paysage. Un roman comme un magnifique apologue pour notre temps !
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Chaque mot, chaque phrase semble être une leçon de poésie, une ode à la liberté, à la vie, l'ambition d'utiliser les mots pour libérer nos coeurs. L'auteur ne cherche pas à plaire, il est sincère. Il a choisi la littérature pour exprimer l'essentiel de ce qui fait l'humain, dans ce qu'il a de meilleur et de pire. Mais, au fond et cela demeure fondamental, il nous reste l'amour qui permettra de vaincre la face sombre de nos sentiments.
Le silence des dieux est un beau roman, à lire pour sa douceur et sa vérité. A offrir également, en ces moments troubles où nous avons tant besoin de réconfort et d'espoir.
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💫Le village de la Source des Chèvres est au coeur du désert, à des heures de la ville la plus proche.
Un matin, l'autocar ne passe pas. le Maitre d'école ne vient pas.
Une missive arrive. Les villageois se réunissent : l'un d'eux a jeté l'opprobre sur eux. Personne ne peut entrer ou sortir du village.

💫Un huit clos s'installe. L'ombre et la lumière s'affrontent : le plus beau et le plus terrifiant vont nourrir le comportement de chacun.
Abbas sème les graines de la discorde et de la haine.
Abdelkrim et Slimane cherchent l'élan d'une fraternité. En vain …
Ziani le fou rappelle aux hommes leur humanité mais aussi leurs failles. Il a la puissance du choeur dans les tragédies grecques.

💫Yahia Belaskri conte cette allégorie sur la liberté avec une poésie magistrale. Elle est parfois l'écho de la caverne de Platon. Dans la nuit la plus obscure, l'espoir est porté par la fraternité et la sororité.
💫Je vous recommande le silence des Dieux, inspiré d'un fait réel. Il laisse en nous une beauté difficile à décrire mais enchanteresse.
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Le village de la Source des Chèvres est isolé, aux portes du désert, relié à la ville uniquement par un bus.
Alors, quand, sans réelle raison invoquée, les militaires décident de bloquer l'accès entrant et sortant sous peine de mort, les villageois sont confrontés à la pire des situations : enfermés dans leur propre village, sans aucune issue envisageable.
Et rapidement, les pires côtés d'une communauté vont ressortir. Sous les ordres d'un chef auto-proclamé, les villageois vont pointer du doigt un responsable.

Le Silence des dieux est un beau roman, lumineux, car au milieu de cette violence aveugle, l'entraide nait, la solidarité se développe.
Dans ce monde renversé, Ziani le Fou devient la voix de la raison.
Le texte est poétique, dépaysant, émaillé de chansons et de poèmes.

En lisant ce roman aux allures de fable, j'ai souvent pensé à La ferme des Animaux de George Orwell, même si le sujet n'est pas exactement le même. Finalement, dans le Silence des dieux, ce sont les hommes qui deviennent des bêtes.
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Quelle belle découverte ! L'auteur nous entraîne aux confins du désert algérien dans un village au milieu de nulle part : "la source des chèvres" (où d'ailleurs il n'y a pas de chèvres) à travers une prenante parabole à l'écriture poétique. La vie y est plutôt paisible à l'ombre des palmiers au rythme des marchands avec leurs charrettes , du porteur d'eau , des enfants et de l'école , de l'épicerie , du café et de la mosquée...
Un jour cependant , l'accès au village est empêché par des soldats , le bus reliant les villageois à la ville ne passe plus...Progressivement les habitants sont confinés , la plupart d'entre eux se replient dans leurs peurs et dans leurs démons. La communauté villageoise se divise...Le plus riche d'entre eux , Abbas le Faune assoiffé de pouvoir et de turpitude cherche à soumettre hommes et femmes par tous les moyens ( et des plus sordides !! ) réussissant à s'attirer de nombreux pleutres comme lui...Il faut un bouc émissaire sur qui rejeter toutes les fautes .Cependant la voix "d'un fou " , Ziani , clame à temps et à contretemps leur noirceur et la perte de leur dignité tout en leur ouvrant un horizon "...vous voilà attachés, enchaînés , enfermés par vos maîtres. Faits comme des rats, assiégés ! Bientôt vous ne serez que grains de sable, enfouis au plus profond de l'avilissement. Pourtant le ciel est vaste et bleu, le soleil est toujours là , le vent balaie les dunes et la pierre, le traquet chante , la montagne est à sa place , rien n'a bougé et nul mur n'a été élevé. Vous ne voyez ni n'entendez rien bien sûr , le mur habite votre regard et la haine noircit vos coeurs p59/60 édit. Zulma 2023 .
Ce conte poétique sombre sur la nature humaine nous offre de lumineuses échappées par de beaux personnages à contre-courant de la majorité autour d'Abbas ; ainsi , hormis Ziani , citons : Abdelkrim , Slimane ... leurs épouses emplis de bonté et les autres femmes comme Zohra . Et si un vent de liberté soufflait allant jusqu'à la révolte , jusqu'au refus de toute soumission et de toute ignominie ?
Un grand merci à l'auteur pour cette superbe parabole!
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Bonjour,
je voulais évoquer une de mes dernières lectures. « le silence des dieux » de Yahia Belaskri, une sortie littéraire très récente (octobre 2021).

Aux portes du désert, le village de la Source aux chèvres n'est relié à la route que par une piste de terre. Un matin des soldats en bloquent l'accès et le village se retrouve isolé du monde.

Quel ode à la langue française ! Ce roman est magnifiquement écrit, ciselé, c'est comme lire un long poème. Merci M. Belaskri de m'avoir donné ce plaisir. J'ai lu quelque part que le roman était une fable, oui, c'est vrai, le mot m'est venu en tête durant ma lecture ainsi que celui de conte.

En observateur, le lecteur voit ainsi tout au long du roman, les personnages réagir à une situation que l'on dirait aujourd'hui de crise. Un événement survient et tout dérape, les vrais visages se montrent au grand jour. Les sentiments s'exacerbent jusqu'au dénouement final et la conclusion, sorte de morale moderne.

Au-delà de la poésie de l'écriture, c'est un roman dur et violent qui met en exergue la bêtise humaine, une image de l'expression "bête et méchant". C'est ainsi que j'ai vu une partie des hommes de ce village, une bande d'ignares avec la méchanceté et la couardise vissée au coeur.

Les femmes d'abord décrites comme soumises et assez idiotes elles aussi pour se laisser berner par un charlatan soi-disant saint homme. Mais elles finissent par reprendre la situation en mains à un moment de l'histoire. Comme si leur instinct de survie les réveillait d'une longue soumission, comme si tout à coup, elles mettaient enfin leur capacité de réflexion en oeuvre, libérées du sort qui leur a été imposé.

Je ne peux que vous recommander ce très beau livre qui donne à réfléchir.
Lien : https://www.mrsnorthlit.com/
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