La lecture des falsificateurs fut une expérience curieuse, un chemin pavé de fausses pistes et de faux-semblants. Pied au plancher,
Antoine Bello nous fait suivre le parcours d'un étudiant islandais partant auditer une usine au Groenland, original mais bougrement ennuyeux. Premier détour inattendu, son rapport est modifié, à la marge. Simple erreur ? Toute l'intrigue tient là-dedans. Il n'y aurait pas d'histoire si erreur il y avait. A son insu, il devient un rouage d'une agence falsifiant tout ce que nous pensions véridique, des faits historiques, des connaissances ethniques et botaniques etc…Tout semble avoir été falsifié, ou même inventé, au point de susciter le scepticisme du lecteur et raviver la flamme de la théorie du complot mondial. Les américains ont-ils été sur la lune ? Napoléon a-t-il jamais existé ? les talibans ont-ils vraiment frappé le World Trade center ? On s'égare, toutes mes excuses.
Sliv, ce charmant petit gars islandais, prend part à cette agence d'un genre nouveau, mais quelle est-elle, pour qui roule-t-elle ? les 400 pages du livre nous rapprocheront de la réponse. Mais au fil des feuilles,
Antoine Bello jongle habilement entre plusieurs styles littéraires, le lecteur ne sait que penser, roman d'espionnage ? parfois ! Singerie d'Harry Potter ? un peu ! thriller complotiste ? peut-être ! roman fleur bleu ? en partie ! de là, impossible de décrire le genre, l'auteur tire dans toutes les directions, avec merveille pour certaines parties, et profonde naïveté pour d'autres. On éprouve un grand plaisir à se cultiver ainsi, à découvrir des faits sociaux ou historiques incroyablement documentés. Mais la part encyclopédique du roman côtoie malheureusement des personnages stéréotypés au bout des ongles, dont les rapports de force et débats ne feraient pas rougir le comptoir du café du commerce.
Somme toute,
Les falsificateurs sont aussi fascinants que naïfs, mais le bouquin ne tombe pas des mains, il tient en haleine jusqu'à la dernière phrase, et au vue de la multiplicité des styles utilisés, il faut bien avouer qu'il s'agit là d'un tour de force. A lire !