Présentation de l'éditeur:
"Sur la place Jamâa-El-Fnâ de Marrakech, Salem le conteur brandit un manuscrit : les mémoires d'Ahmed, l'homme-femme. Ahmed est en réalité Zahra, la huitième fille de Hadj Ahmed le potier, qui, humilié de n'avoir engendré aucun héritier, hurle dans tout le pays ce mensonge fou: un fils, non une fille, lui est né. La nuit, Ahmed, intelligent et poète, se débarrasse de sa souffrance dans un grand cahier. le jour, il choisit la vie et l'aventure et décide de jouir de cette imposture, privilège qui lui épargne la soumission et l'humiliation réservée aux femmes. Passée l'épreuve suprême de l'adolescence – qui signe l'avortement de sa féminité naissante – il se rebelle en accomplissant jusqu'au bout la perversion de son père: il demande une femme en mariage."
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L'enfant de sable" est un roman déjà ancien de
Tahar Ben Jelloun. Souvent dans ces livres de l'autre côté de la Méditerranée on parle de la lourdeur de la tradition, terme aussitôt tempéré par une nuance de compréhension sous peine de passer pour odieux. La huitième fille du couple sera donc un garçon. C'est ainsi que la malédiction sera brisée et que l'honneur sera sauf. Ahmed grandira ainsi, niant sa féminité, se faisant un dolorisme assez pénible, je trouve, de ce sacrifice de l'intime qui met mal à l'aise. Très bien écrit, empruntant la manière des conteurs orientaux, donnant ainsi la parole à plusieurs intervenants, "
L'enfant de sable" est un livre en lequel je ne me reconnais pas malgré la belle langue de
Tahar Ben Jelloun. Pourquoi? Parce que rien de cette culture du secret, de cet ahurissant enfermement qu'on espère uniquement fictionnel, bref rien de ces aveuglements archaïques ne m'a vraiment touché.
On sait que
Tahar Ben Jelloun est un très bon raconteur. On sait que l'écrivain, par la bouche de ses différents interprètes, ne fait qu'exprimer parfois brutalement des vérités enfouies, très enfouies, que je veux croire inhumées. Pourtant tant de trouble sur l'identité profonde, sur le ventre et sur l'âme, tant d'ambiguïté sur la famille et les choses du corps ne laissent que bien peu de place à la tendresse. Ce n'était probablement pas le propos. Mais comme
Ben Jelloun parle bien des places marocaines, de leurs silhouettes furtives et des nuits andalouses!