J'ai lu ce livre parce qu'il est inscrit dans la sélection du Prix « La racine des mots est-elle carrée ?».
Il s'agit d'un livre biographique accessible aux lycéens. J'y ai trouvé quelques longueurs dans la première partie, cependant cette lecture offre quelques intérêts : découvrir une face cachée de la vie du célèbre prix Nobel de physique.
Ce roman fait sortir de l'ombre la première épouse d'
Albert Einstein, qui est passée complètement inaperçue, non seulement en tant qu'épouse, mais aussi en tant que femme scientifique du début 20ème siècle. On découvre la jeunesse d'
Albert Einstein, son caractère indomptable, sa façon de vivre non conventionnelle, quelque peu « bohême » mais aussi l'antisémitisme ambiant dans l'Empire austro-hongrois. L'histoire romancée de Mileva Marić [maritch], brillante étudiante d'origine serbe, admise comme élève à l'Institut Polytechnique de Zurich, séduite par le regard doux d'
Albert Einstein, nous est contée. Ce roman évoque la vie d'une jeune femme et ses contraintes liées à la bienséance et à la réputation (Mileva est surveillée à la pension par la logeuse, les jeunes filles ne doivent pas recevoir seules des garçons. Ses parents s'opposent à ce que Mileva aille rejoindre Albert au lac de Côme). La jeune femme va être confrontée à la dure réalité qui attend les jeunes filles enceintes et non mariées, ainsi qu'aux préjugés sociaux et raciaux : en tant que Serbe (donc slave), elle est discriminée par Mme Einstein mère, qui ne veut pas d'elle pour son fils, par la société suisse qui privilégie les allemands, et aussi parce qu'elle est une femme. de surcroit elle a un handicap de hanche, ce qui l'a rendu excessivement méfiante, solitaire et timide. Mileva, subit les discriminations dues à son sexe à l'Université de Zurich, de la part de ses professeurs et camarades. Albert est lui aussi discriminé pour ses origines juives (il reste longtemps sans obtenir de poste malgré son diplôme). Ce qui est révoltant n'est pas tant le contexte de l'époque, mais le sexisme et la soumission que subit Mileva au sein de son couple. Par le roman, on entre dans l'intimité des époux Einstein, on assiste à la trahison d'Albert, qui exploite les compétences mathématiques de sa femme, la traite comme une simple femme au foyer de l'époque (bonne à tout faire, mère de ses enfants), et s'attribue toutes les gloires à l'extérieur, en écartant son nom de toutes les publications faites dans les années 1905 . Bien sûr le roman, prend le parti non prouvé que Mileva est à l'origine de la théorie de
la relativité, en l'éclairant de l'expérience douloureuse de sa première maternité (la théorie serait née suite au décès de son premier enfant, Lieserl). Néanmoins, il s'appuie sur la véritable correspondance entre les futurs époux, et l'année de l'article fait écho à leur relation. On peut voir dans ce roman également une symbolique : « derrière chaque grand homme, se cache une femme » sous-entendue une épouse qui soutient intellectuellement et affectivement, qui se sacrifie pour l'ascension du mari. C'est du moins l'hommage qui se dégage du livre.