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Citations sur Images de pensée (19)

Celui à qui on demande conseil fait bien de découvrir d'abord l'opinion de celui qui l'interroge. Personne n'est si facilement convaincu par une intelligence plus grande, et bien peu demanderaient conseil si c'était avec l'intention de suivre un conseil étranger. C'est au contraire sa propre décision, déjà prise dans le silence, qu'on veut encore une fois reconnaître, par son envers pour ainsi dire, sous les espèces du "conseil" de l'autre.
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Toute attention doit déboucher sur l’habitude, pour ne pas faire exploser l’individu, toute habitude doit être troublée par l’attention pour ne pas paralyser l’être humain. Faire attention et s’habituer, se choquer et encaisser, sont la crête et le creux de la vague dans la mer de l’âme.
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[Naples]

La ville est rocheuse. Vue des hauteurs, où les signaux sonores ne parviennent pas, de Castell San Martino, elle dépérit dans le couchant, fusionnant avec la pierre. Seul un bout de rive serpente alors, derrière, les bâtiments s’empilent les uns sur les autres. A côté de villas, sur des fonds sillonnés d’escaliers, des cités-casernes, de six ou sept étages font figure de gratte-ciel. Dans le fond rocheux lui-même où l’on atteint la rive on a creusé des cavernes. Comme sur les tableaux d’ermites du trecento une porte apparaît ici et là dans les rochers. Est-elle ouverte, le regard pénètre alors dans de grandes caves, à la fois chambres et entrepôts. Plus loin des marches mènent à la mer, à des bistrots de pêcheurs installés dans des grottes naturelles. Une lumière trouble et un filet de musique montent de là-bas le soir.
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Et ainsi je partis de là des figues dans les poches du pantalon et de la veste, des figues dans mes mains tendues, des figues dans la bouche. Maintenant je ne pouvais plus arrêter de manger, je devais essayer de me défendre autant que possible de la masse de fruits replets qui m’avait assailli. Mais ce n’était plus un repas, plutôt un bain, tellement l’arôme résineux pénétrait mes affaires, collait à mes mains, tellement il saturait l’air où je m’avançais en portant devant moi mon fardeau. Et puis arriva pour le goût le franchissement d’un col, lorsque satiété et dégoût, les derniers tournants, sont surmontés, et que s’ouvre la perspective d’un paysage gustatif insoupçonné : un torrent fade, ignorant les seuils, verdâtre, d’avidité, qui ne connaissait plus rien que le flot fibreux et filandreux de la chair du fruit ouvert, la métamorphose achevée de la jouissance en habitude, de l’habitude en vice. La haine de ces figues montait en moi, j’avais hâte de faire place nette, de me libérer, de liquider cette matière éclatante, gorgée, je mangeais pour l’anéantir.
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La ville se reflète dans mille yeux, mille objectifs. Car ce ne sont pas seulement le ciel et l’atmosphère, pas seulement les publicités lumineuses sur les boulevards du soir qui ont fait de Paris la « ville lumière ». Paris est la « ville miroir » : l’asphalte poli comme un miroir de ses avenues. Devant tous les cafés des parois de verre ; les femmes se regardent ici plus encore qu’ailleurs. La beauté des Parisiennes est sortie de ces miroirs. Avant que l’homme ne les aperçoive, elles ont déjà interrogé dix miroirs. Une débauche de miroirs entoure aussi l’homme, surtout au café (pour les rendre plus clairs à l’intérieur et pour donner une agréable profondeur à tous les enclos et les boxes minuscules qui partagent les établissements parisiens). Les miroirs sont l’élément spirituel de cette ville, son emblème, à l’intérieur duquel sont venus s’inscrire les emblèmes de toutes les écoles poétiques.
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Vers neuf heures, lorsque je me réveillai, c’était une orgie : les marchés sont les orgies des heures matinales, et la faim, comme aurait dit Jean Paul, sonne l’ouverture du jour, comme l’amour la finale. Les pièces de monnaie firent leur entrée sur un rythme syncopé et, lentement, se pressèrent et se bousculèrent des filles avec des filets rebondis qui de tous côtés invitaient à profiter de leurs rondeurs. Mais à peine étais-je descendu tout habillé sur la place, au moment où je voulais aller sur scène, que l’éclat et la fraîcheur du spectacle avaient disparu. Je compris que tous les dons du matin, comme le lever du soleil, doivent être reçus sur des hauteurs. Et ce qui illuminait, il y a un instant encore les dés frêles du pavé, n’était-ce pas une aurore mercantile ? Elle était maintenant ensevelie sous les papiers et les ordures. Au lieu de la danse et de la musique, il n’y avait plus que l’échange et le trafic. Rien ne peut être aussi irrévocablement perdu qu’un matin.
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L’homme préfère de beaucoup dans l’usage populaire et le proverbe, obéir à ce qui est obscur et énigmatique que de se laisser prêcher dans la langue du bon sens toute la dureté et toute la souffrance de la vie.
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« Le temps c’est de l’argent » - on invoque sur les affiches l’autorité de Lénine pour cette phrase étonnante ; ce sentiment est tellement étranger aux Russes. Ils musardent à tout propos. (On dirait que les minutes sont un tord-boyau dont ils ne peuvent jamais se rassasier, ils sont grisés par le temps.) Lorsqu’on tourne une scène pour un film dans la rue, ils oublient pourquoi ils sont sortis, où ils vont. Ils font escorte pendant des heures et arrivent hagards au bureau. […] L’unité de temps est au fond le « seïtchass ». Cela signifie « tout de suite ». C’est une réponse qu’on peut entendre selon les cas dix, vingt, trente fois, et on peut perdre son temps avec elle pendant des heures, des jours ou des semaines, avant que n’arrive ce qu’on vous a promis. C’est qu’on entend bien peu facilement la réponse « non ». On laisse au temps le soin de refuser.
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La fameuse liste des sept péchés capitaux a dépêché l’orgueil à Gênes, l’avarice à Florence (les anciens Allemands étaient d’un autre avis et qualifiaient de florentin ce qu’on appelle l’amour grec), la luxure à Venise, la colère à Bologne, la gourmandise à Milan, l’envie à Rome et la paresse à Naples.
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PARIS, LA VILLE DANS LE MIROIR
Aucune ville n'est liée aussi intimement au livre que Paris. Si Giraudoux a raison quand il dit que l'homme a le plus haut sentiment de liberté en flânant le log d'un fleuve, la flânerie la plus achevée, par conséquent la plus heureuse, conduit ici encore vers le livre, et dans le livre. Car depuis des siècles le lierre des feuilles savantes s'est attaché sur les quais de la Seine : Paris est la grande salle de lecture d'une bibliothèque que traverse la Seine.
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