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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
De tous les livres lus jusqu'à présent de cette auteure, « le mal noir » est sans doute celui qui m'a le plus touchée. Sans doute parce que son héros est englué dans une sorte de fatalisme et de chagrin qui le ronge jusqu'à l'os et qui fait de lui un être à part et attachant.

Pour immigrer aux Etats-Unis, Evguéni Petrovitch se résout à mettre en vente le seul bien qu'il lui reste de sa femme, une paire de boucles d'oreilles en diamants. Mais celles-ci lui apportent beaucoup moins que ce qu'il en espérait : l'un des diamants est gâché par le mal noir...

Le mal noir est aussi quelque chose qu'il a en lui et que l'on découvre doucement au fur et à mesure de la lecture. Lentement, on pénètre au coeur et dans la tête du héros, sa quête est sans fond, sans frontière...

Une jolie parabole pour décrire l'absence, le manque, l'errance des immigrés russes à travers le monde.

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Evguéni Petrovitch est veuf et il traîne sa brutale solitude comme un boulet. « Rien ne m'aide à surmonter ma perte, à accepter mon malheur, à m'accommoder avec talent de la catastrophe. » (p. 101) À Paris et à New-York, il rencontre Alia et Lioudmila, deux femmes phares prêtes à l'aimer. Mais rongé par sa peine, il est sourd à leurs appels d'amour. Plus que tout, il est convaincu que sa vie est marquée depuis toujours d'un mal noir, à l'instar de la pierre qu'il avait offert à son épouse. « Dès le début […], le mal était en elle. L'homme n'existait pas encore, mais la contagion avait déjà fait son oeuvre. » (p. 19) En mettant un océan entre sa perte et lui, saura-t-il s'inventer un avenir ?

Ce très court roman de Nina Berberova, à l'instar de L'accompagnatrice, est un texte d'une très grande puissance où l'ellipse est toujours plus éloquente que la description. En peu de mots, l'auteure écrit un superbe portrait en creux de l'épouse disparue. Elle ne dessine que la silhouette, laissant au lecteur le soin et la liberté de remplir les volumes. Quel dommage – quel grand dommage ! – que la quatrième de couverture, dès la première phrase, explique le veuvage d'Evguéni Petrovitch, révélation que le livre ne donne que dans ses dernières pages. Si ce livre vous tente, fuyez la quatrième !
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Nina Berberova propose un très beau roman sur l'exil peut- être un peu trop désespéré pour moi.
Evguéni Petrovitch, le narrateur, vit seul à Paris et cherche à rejoindre les États-Unis. Pour cela, il lui faut de l'argent et la seule possibilité pour lui est de vendre une paire de boucles d'oreilles avec des diamants, laissée en gage il y a des années après la mort de sa femme. Malheureusement, il découvre qu'une des boucles ne vaut plus rien car le diamant est atteint du mal noir. C'est un mal invisible à l'oeil nu mais profondément ancré, un phénomène inexplicable et une belle métaphore du deuil qui le ronge, lui l'exilé qui n'arrive plus à aimer. D'ailleurs il dit "Je suis moi-même un miroir qui ne reflète plus rien".
Il va pourtant réussir à quitter Paris en hébergeant une compatriote Aléa Ivanova qui paye pour pouvoir récupérer son appartement en tant que locataire attitrée.
Quittant Paris pour New York, il trouve un travail de secrétaire chez Lev Lvovitch et se rapproche de sa fille Liudmila à qui il redonne l'envie de vivre mais qu'il fuit ne sachant plus aimer. Evgueni à peur, il part pour Chicago pour une nouvelle errance comme s'il était incapable de trouver sa place quelque part.
Le dernier roman écrit par Nina Berberova montre son extrême sensibilité et si la métaphore du mal noir d'un être tourmenté est très belle, la construction de ce texte autour de la géographie des lieux de l'exilé lui donne une dimension particulière.


Challenge Riquiqui 2021
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Avec une économie de moyen assez rare et une précision quasi-chirurgicale, Nina Berberova dessine en quelques pages simples et fortes le portrait d'un homme, exilé russe à Paris, qui paraît assister à sa vie plutôt que de la vivre réellement. Entrainé par les événements, dénué d'affect, il possède pourtant un « désir vague ». Par « désir vague », j'entends qu'il poursuit un but, certes, mais sans se faire aucune illusion sur le changement que l'accomplissement de ce but apporterait à son existence. Il sait déjà que rien ne changera. Nulle volonté féroce dans ce désir, nul rêve naïf, nulle chimère, si bien que la force manque et que son errance paraît relever d'un ultime entêtement : se prouver à lui-même qu'il n'est pas encore mort.

Cet homme est intelligent et cultivé, sans agressivité, assez passif face aux événements, et possède un charisme doux qui attire les femmes. Deux d'entre elles vont tomber sous son charme, et lui-même, un instant hésitant et dubitatif, paraît croire qu'elles pourront peut-être le sauver et l'extraire du puits profond où il a été précipité. Jusqu'au moment où la cruelle vérité lui tape sur l'épaule pour lui rappeler qu'il n'en est rien. Il reprend alors son errance.

Au trois-quarts du livre seulement, on comprend que cet homme a vécu un drame insurmontable. Et ce n'est que vers la toute fin du roman que Nina Berberova nous en livre les détails. Ce portrait d'un désespéré est remarquable, car il ne tombe pas dans le pathos, nous ne refermons pas le livre avec les yeux humides, nous ne nous apitoyons pas sur son sort. Il n'en a pas besoin, personne ne peut l'aider. Cet être humain a déjà quitté la vie. En un sens, il n'est plus des nôtres et, si nous le plaignons, nous ne craignons pas que son muet désespoir nous contamine.
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C'est un plaisir renouvelé à chaque lecture des romans de Nina Berberova. Mais dans ce petit récit d'à peine une centaine de pages, elle sait magistralement, dans une sobriété de style incomparable, non seulement poser un décor, raconter une histoire, mais surtout nous faire pénétrer, une fois encore, dans l'âme d'un exilé russe.
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