Je viens de relire ce livre lu il y a quelques décades et que j'avais beaucoup aimé.J'avais beaucoup oublié mais le plaisir est à nouveau pleinement au rendez-vous !
le roman nous est présenté comme un carnet, un journal intime, retrouvé chez un brocanteur et ayant appartenu à une femme décédée.
il relate avec beaucoup de sensibilité la relation entre Sonechka, une jeune fille terne, laide, pauvre, batarde, fille d'une professeur de piano, et Maria Nikolaevna, une soprano à qui tout est donné : la beauté, la richesse, le talent, la gloire..
La rencontre avec la cantatrice la sort de la misère et de la famine, mais lui fait découvrir le fossé qui les sépare. Elle a, vis-à-vis de son employeur, tout à la fois de l'admiration et de la haine. Elle s'insurge contre cette inégalité, est jalouse et rumine sa vengeance, elle veut découvrir les failles chez Maria Nikolaevna, d'emblée elle la soupçonne infidélité et va tout faire pour le prouver.
Son combat s'avérera finalement vain.
Ce que j'admire dans ce roman, de
Nina Berberova, c'‘est la délicatesse avec laquelle tout nous est raconté. le style est absolument remarquable, tout est relaté par petites touches, il y a de très beaux passages sur la musique. Je dois certainement associer la traductrice,
Lydia Chweitzer, à cet hommage.
Tout paraît simple au départ, mais au fur et à mesure du récit, le portrait de la jeune fille dressé par elle-même se précise avec ses sentiments complexes, ses attentes, sa faible estime de soi, sa rancoeur, ses ressentiments, sa jalousie, et sa haine de plus en plus présente.
Des petites touches nous rappellent que le récit commence en Russie au moment de la révolution d'octobre, la famine qui régnait à Saint Petersbourg, les Russes qui fuient leur pays, et les exigences des autorités.
Je suis heureux de l'avoir relu.