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Lydia Chweitzer (Traducteur)
EAN : 9782742701582
74 pages
Actes Sud (25/01/1994)
3.46/5   121 notes
Résumé :
Née à Saint-Pétersbourg dans une famille de fonctionnaires, l'ambitieuse, l'envieuse Tania est emmenée par son père à Irkoutsk et, après la révolution d'Octobre, au Japon où elle épouse un homme qu'elle a 'enlevé’ à sa sœur. Puis elle part avec lui pour Shanghai, et enfin s'installe à Paris où elle s'imagine trouver le bonheur qu'elle se représente par une combinaison élémentaire de sensualité et de réussite sociale. C'est le piège. La misère s'empare du couple, la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est celui des illusions perdues et des ambitions refoulées. C'est un roman noir et désespéré qui raconte la vie de Tania victime d'une société détruite par la guerre et par la révolution socialiste. Ces évènements terribles ont écrasés bien des destins prometteurs et des vies qui s'annonçaient belles. Après un exile au japon et un veuvage, elle qui rêvait d'une vie oisive et superficielle auprès d'un homme aisé se retrouve à Paris au milieu d'autres immigrés russes miséreux qui s'accrochent comme ils peuvent pour survivre. Incapable de travailler, constamment dans l'illusion d'une vie meilleure, elle va donner aux hommes ce qu'ils recherchent pour assurer sa subsistance. le temps passant las et au bord de la rupture elle acceptera d'épouser un maitre d'hôtel ancien cavalier dans la garde du tsar en espérant accrocher un peu de l'existence brillante qu'elle espérait plus jeune. Mais pour tous ces déracinés, comte, duc ou militaire, le passé n'est plus qu'un leurre et le présent une réalité bien peu reluisante. Ce mariage entre cet homme laborieux et cette femme immature tournera au drame, l'amour de l'un ne pouvant combler les manques de l'autre. Ce livre écrit en 1937 a été redécouvert dans les années 80 quand Nina Berberova fut enfin reconnue et célébrée comme une des grandes auteures de la littérature Soviétique. Il faudra le lire pour comprendre à qu'elle point l'immigration russe en France fut pour beaucoup un crève-coeur et un renoncement...
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Nina Berberova aborde ici le thème de l'émigration des russes, elle nous parle de la précarité de ces exilés.
Tania notre anti héroïne a quitté son pays et elle est à la quête du bonheur et pour cela elle s'en remet aux autres en particulier aux hommes. Tania fuit de ville en ville à la recherche d'amants et du bonheur. Mais ce bonheur nous apparaît très vite inconsistant et Tania nous devient antipathique, elle est égocentrique et capricieuse, elle nous agace et n'éveille pas notre compassion.
L'écriture de Nina Berberova est tout en finesse sa plume par petites touches nous ballade dans les villes où Tania la putain n'est pas acteur de sa vie mais se laisse balloter, elle se débat dans sa désespérante solitude et vit un quotidien misérable. Il semble n'y avoir aucune issue pour ces émigrés Nina Berberova nous paraît sans compassion pour Tania qui se laisse ballotter et ne prend pas son destin en main.

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Encore un petit texte de Nina Berberova que j'ai eu plaisir à découvrir. C'est une auteure qui m'émerveille par la justesse de ses mots. En quelques pages, elle vous brosse le portrait d'une femme qui n'a pas la force de ses ambitions médiocres et se noie dans la vacuité de sa vie.

L'ambitieuse Tania a tout pour mener une vie heureuse, un mari, des amants, aucun souci du lendemain, mais rien ni personne jamais, ne la satisfait. Alors, elle cherche plus loin, ailleurs, le bonheur. Parce qu'il est bien connu que l'herbe est plus verte chez le voisin. Mais les années avancent, le temps passe et il lui faut bien vivre...

Un texte dur, difficile, sans pitié aucune pour cette femme vaniteuse, envieuse, qui ne pense qu'à elle et se sert des hommes pour assouvir ses besoins, même les plus précaires. Tania n'est pas à proprement parler une putain, elle est plutôt victime de son époque au cours de laquelle une femme pour se sentir « libre » n'avait que pour seule échappatoire le mariage. Aussi prend-elle des amants dès que son mari décède. de plus, la perte de ses repères dus à l'exil ne favorisent pas son adaptation à la réalité quotidienne. Quant au laquais, voilà un terme bien sévère pour désigner le dernier amant de Tania, serveur dans une grande brasserie parisienne et exilé comme elle. On peut se demander quelle mouche a piqué Nina Berberova pour mépriser ainsi ses personnages et les rabaisser. Mais sans doute est-ce une tournure volontaire pour ne pas s'apitoyer sur le sort des Russes ayant dû fuir la révolution...

Un livre court pour découvrir la vie désespérée de Tania, et surtout pour découvrir l'écriture si particulière de Nina Berberova.



Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Cette petite écervelée -Tania- est laide, dans son coeur dans son corps.
Nous la suivons. A chaque étape de sa vie. Et elle ne grandit pas.
L'écriture de Berberova est tranchante, percutante.
La juxtaposition de phrase longues et courtes donne le ton et révèle autant les caractères des protagonistes que le sens des mots.
Je remarque qu'une fois encore (La souveraine), la mère est absente (décédée alors que Tania avait 15 ans).Tania n'aura pas d'enfant. Je ne chercherais pas d'explication ni même d'excuse à son comportement (il doit bien y en avoir en cherchant du côté de son "moi" ou de son "sur-moi" -je n'y connais rien et je dirais peu importe) car cela ne me correspond pas. Et c'est la magie de Berberova, nous laisser libres. Libres de voir la noirceur ici. Elle pose le constat. Et chacun avec sa pensée lira ce roman selon ses ressentis, sa propre histoire et sa sensibilité. Je vous recommande ces 120 pages de pure délectation.
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A Saint-Pétersbourg au début du XXe siècle, la famille de Tania était plutôt aisée. Mais ils durent fuir au Japon après la Révolution Russe. Devenue veuve, Tania émigre pour la France. Las ! la jeune femme découvre que la vie n'est pas rose à Paris. Elle y retrouve de temps en temps deux-trois amies, reste sans le sou, survit de petits ouvrages manuels tout en cherchant des hommes à peine moins pauvres qu'elle, susceptibles de lui assurer le gîte et le couvert - alors qu'elle rêve de beaucoup plus...

Comme ce court roman est sombre ! On pense à Zola pour le désespoir, la misère des petits logements crasseux, les trois sous gagnés en se brûlant les yeux sur des broderies. La plume, l'art de raconter un destin à la fois vide et tragique rappellent Maupassant - deux fois évoqué dans l'ouvrage, d'ailleurs.

Jalousie, convoitise, déchéance, pauvreté, dépression, folie... soixante-dix pages suffisent largement pour imprégner le lecteur de cette ambiance sordide…

Bof, si le reste de l'oeuvre est aussi gris-noir, j'attendrai sans peine pour découvrir d'autres écrits.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Elle boit aussi. Et vers minuit, il dit qu'il a faim, elle commande comme lui de la vodka et quelque chose à manger, simplement pour accompagner ses trois verres de vodka. Autour des yeux elle a deux cercles larges et noirs et à cause de la vodka sa bouche est devenue molle et profonde. A quoi donc joue-t-il ? se demande-t-elle, engourdie, éméchée. A l'époux légitime ? A l'amant de cœur ou au maquereau ? Et si je le lui demandais sans façon ?

Cette pensée la fait rire aux larmes et elle glapit, sa tête se penche, de ses deux mains elle se tient le visage pour qu'il ne tombe pas sur la table.

Sa soudaine incapacité de se contrôler suscite chez lui passion et tendresse. Elle larmoie pesamment, saisit son verre et le broie avec bruit entre ses doigts blancs et réguliers.

- Pour l'amour du ciel, Tatiana Arkadievna, crie-t-il, le visage en sueur, on peut se blesser comme ça.

Ses doigts et sa robe sont couverts d'éclats de verre, mais lui ne dit plus rien et, les poings serrés sous la table, du bruit dans la tête et du feu au cœur, il reste là, regarde et nage dans le bonheur dont elle est la cause, il ne se rappelle plus rien, il essaie de ne pas respirer, de ne pas ciller, et dans la brume de sa béatitude tout est ivre et net, gai et triste à la fois.

Mais elle s'ennuyait.
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“Elle ne savait pas ce qu’était la vie, mais sentait que ce n’était pas ça, pas ça. Et les années passaient, et maintenant, avec ces pensées pénibles, cet ennui au coeur, avec cette poitrine vieillie et ce visage méchant — où aller ? Qui la prendrait, qui lui indiquerait ce qu’il fallait faire ? Il est impossible que tout soit comme ça dans le monde, si mesquin, si amer…”
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Mais les larmes lui avaient fait perdre le fil de ses pensées, elle ne se rappelait plus elle-même comment et pourquoi cette conversation et ces sanglots avaient commencé. N'avait-elle pas ce dont elle avait toujours rêvé, un homme auprès d'elle qui était prêt à l'aimer et à la protéger toute sa vie ? Et pendant la journée elle pouvait impunément se balader, transformer ses vieilles robes, jouer aux cartes. Pourtant le dégoût qu'elle avait de lui et d'elle-même lui brisait l'âme. Elle ne savait pas ce qu'était la vie, mais sentait que ce n'était pas ça, pas ça. Et les années passaient, et maintenant, avec ces pensées pénibles, cet ennui au coeur, avec cette poitrine vieillie et ce visage méchant - où aller ? Qui la prendrait, qui lui indiquerait ce qu'il fallait faire ? Il est impossible que tout soit comme ça dans le monde, si mesquin, si amer...
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- Comprends-tu, Tassenka, ma petite, ma douce, dit-il tout à coup, je me sens si bien que je ne sais comment le dire. Et la tristesse, je ne sais pourquoi... Je me demande sans cesse : comment ai-je mérité cela ? Et tu sais, auparavant je m'interrogeais souvent - qui suis-je ? pourquoi ? Maintenant j'ai laissé tomber, je n'y pense même plus.
- Tu philosophais.
- Tu parles. Philosopher avec une gueule pareille. Maintenant, je n'en ai même plus envie.
- Dieu soit loué !
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- Aujourd'hui larbin, demain fichu à la porte et raide comme un passe-lacet. S'installera au chômage. Il faut exiger.
- Il est jaloux du premier chien venu.
- D'un côté; il n'a pas tort. Tu ne refuserais pas le dernier des chiens.
Tania éclate d'un rire modulé : cela veut dire que Goulia la considère comme une "grande amoureuse". Elles en avaient parlé un jour, se disant que Nadia et Tata n'étaient pas de "grandes amoureuses". Tania se trouve flattée.
- Il n'a pas d'argent, il philosophe beaucoup. Et puis il est un peu vieux pour moi. Tu comprends ?
- Déjà ? Ah, le fils de chien ! Et il se permet encore d'être jaloux...
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Vidéo de Nina Berberova
Nina BERBEROVA – Documentaire ultime (France 3, 1992) Un documentaire en deux parties, intitulées "Le passeport rouge" et "Allègement du destin", réalisé par Dominique Rabourdin. Présence : Jean-José Marchand et Marie-Armelle Deguy.
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