Artifices

Les ingrédients d'un polar : une énigme, de la tension, une quête, un flic.
Mais ce n'est pas vraiment un polar.

Deux personnages phare :
Un policier mis à pied pour fraude identitaire, qui vit reclus et s'impose une discipline d'ascète, pour contenir ce qui lui reste de vie et de sens.
Une artiste célébrissime mais anonyme, adepte des expositions éphémères en milieu urbain, happenings dérangeants, la colère en fil rouge.

Entre les deux, un évènement traumatique vieux de 20 ans, qui n'en finit pas de diffuser les cercles concentriques de son onde de choc.

Cette histoire, comme un exorcisme pour en finir avec la douleur et la frustration, est menée tambour battant.

La plume est brutale, presque masculine, avec un sens de la formule étonnant ("robes de mariées comme des virginités de viscose blanche aux boutons mal cousus").
Un récit intelligent, assez inclassable.

Abel Bac est un flic mis à pied pour une raison qu'il ignore.
Solitaire, il vit mal cette situation.
D'étranges faits en rapport avec son passé sont publiés dans la presse.
Mila, une artiste très en vogue mais complètement anonyme est en train d'exécuter un étrange plan.
Abel commence à presque perdre la raison.
Quelle imagination !
De la pure fiction qui part assez loin dans tous les sens.
J'avoue que même le livre terminé, certains faits m'ont échappé.
Une écriture aisée qui entraîne et donne envie de démêler tous ces noeuds.
Les chapitres alternés sur Abel et sur Mila, assez longs au départ, deviennent de plus en plus courts quand le lien entre les deux se resserre.
J'ai plutôt apprécié cette lecture et cette histoire, me demandant souvent où l'auteure allait chercher tout ça.

La colère, la souffrance, la vengeance, la folie sont au coeur de cette histoire. Entre tension, suspense et mystère, Claire Berest nous laisse découvrir lentement, subtilement, les possibles conséquences d'un lourd traumatisme.
Surprenant et artistique.

La plupart des chapitres de ce roman un peu expérimental, naviguant entre polar et réflexions au fil du récit sur l'art contemporain, suivent en alternance le quotidien et le passé d'Abel, un policier suspendu sans qu'on lui en ai donné le motif, et ceux de Mila, une artiste spécialisée dans les happenings. le premier soigne ses insomnies en déambulant sans but dans les rues de Paris ; la seconde, physiquement inconnue du public, met au point sa dernière performance, après quoi elle disparaîtra en tant qu'artiste et se fondra dans la foule anonyme sous son vrai nom. Peu à peu, les incursions dans leur prime jeunesse nous dévoilent que l'un comme l'autre ont subi un grave traumatisme qui pourrait bien être lié à un seul et même événement. Un troisième personnage consolide quelque peu le côté policier du roman, à vrai dire quasi subsidiaire : Camille, la collègue d'Abel ; son attirance pour lui est à sens unique. Et le constat est le même avec Elsa, la voisine du dessus d'Abel, qu'il n'avait d'ailleurs pas remarquée avant qu'elle ne frappe à sa porte, complètement ivre. Elle, en revanche, s'y connaît en matière d'art...
Si l'enquête policière est réduite à sa portion congrue (par exemple, découvrir qui a réussi à introduire un cheval blanc, lusitanien selon Elsa, dans une salle de Beaubourg, et comment ?), les considérations sur l'art, transparaissant via les spéculations de Mila ou les propos d'Elsa, sont plus étoffées. L'art, sous sa déclinaison "performance", est ici le prétexte et le moyen d'une psychothérapie à la fois pour la performeuse et pour un individu choisi, parce que rattaché à elle par un lien qu'il ne perçoit qu'après une accumulation d'indices, pièces d'un puzzle engendrant au fur et à mesure de leur assemblage une image de plus en plus évidente.

Je suis une fidèle lectrice de Claire Berest (et de sa soeur) et pourtant, je suis passée complètement à côté de ce roman sorti en août 2021 ; c'est une amie lectrice fort avisée qui me l'a conseillé. J'ai profité de sa sortie en poche et…. je l'ai dévoré.

Nous sommes bien loin de l'univers habituel de Claire Berest qui s'aventure cette fois dans un genre thriller contemporain qui lui réussit fort bien.

Que s'est-il passé dans la vie d'Abel Bac pour qu'il soit suspendu de ses fonctions de policier ? Abel vit reclus chez lui dans son appartement entouré d'une forêt d'orchidées. Abel souffre d'un choc post-traumatique violent qu'il soigne par de longues marches nocturnes pour échapper à ses cauchemars.

Il y a bien sa collège Camille qui se fait bien du souci pour lui mais elle échoue à le sortir de son marasme. Sa voisine Elsa, fantasque, envahissante et bavarde l'agace, il la fuit aussi.

Pourtant l'attention d'Abel est attirée par des articles de journaux où il est question d'un cheval à Beaubourg, d'une mise en scène étrange au musée de la Chasse.

En fait l'oeuvre d'une certaine Mila artiste anonyme, aux performances surprenantes qui suscitent polémiques et commentaires volontiers nauséabonds ; Mila connue seulement de son avocat.

Quel est le lien entre tous ces personnages, quel évènement traumatique a vécu Abel, pourquoi est-il hanté par un cheval ?

Je ne dévoilerai rien laissant à chacun le soin de cheminer.

J'ai aimé l'écriture, la plongée dans l'univers de l'art contemporain (j'ai notamment découvert une artiste aux expériences étranges Marina Abramovic), l'intrigue qui tient parfaitement la route. Je n'avais rien vu venir.

La vérité se révèlera au grand jour, explosion de souffrance aux frontières de la folie.

A découvrir assurément.

Pas facile de résumer ce roman sans trop en dire pour ne pas gâcher l'évolution de l'intrigue! Je vais essayer de juste vous parler des personnages principaux et du début de l'histoire …

Abel Bac est un inspecteur qui vient d'être mis à pied sans que personne ne sache vraiment pourquoi. Il tourne en rond chez lui dans son petit appartement rempli d'orchidées, enchaînant les insomnies qu'il essaie de contrer en déambulant dans les rues de Paris pour échapper à un cauchemar récurrent : un certain Eric qui tue des gens avec une arme à feu.

Camille Pierrat est sa collègue et elle cherche à comprendre ce qui arrive à Abel Bac. Elle s'intéresse à lui, s'inquiète pour lui… Et elle va l'aider à creuser une enquête officieuse qui l'intrigue : un cheval vivant a été découvert au musée de Beaubourg et le lendemain, il a reçu un journal auquel il n'est pas abonné avec ce cheval en une…

Abel va faire la connaissance de sa voisine Elsa, une étudiante en art, qui va l'éclairer par ses connaissances sur le monde de l'art sur cette affaire qui le titille sans savoir pourquoi. Elle va aussi l'aider à sortir de sa torpeur…

En parallèle, nous découvrons Mila, une artiste contemporaine qui est célèbre pour ses installations qui sortent de l'ordinaire mais qui a su rester cachée, uniquement représentée par son avocat. On revient sur son passé d'artiste mais aussi sur sa jeunesse…

Des liens vont petit à petit se faire entre tous les personnages et au-delà de l'enquête sur les différents « happenings artistiques » qui se multiplient, c'est vraiment un roman sur les états d'âme des différents personnages et une enquête sur le passé que les personnages ont essayé d'enfouir au plus profond d'eux-mêmes.

J'ai beaucoup aimé ce roman qui mêle habilement le polar avec un roman psychologique tout en parlant d'art. Un savant mélangé très réussi qui m'a par moments fait penser aux romans avec Adamsberg de Fred Vargas.
Lien : https://ennalit.wordpress.co..

Sarabande colorée, hallucinée, hypnotique. Ce n'est pas un roman policier, mais il en possède certains codes, ce n'est pas un essai sur l'Art, mais il lui rend hommage de manière magistrale.
Personnages doubles, voraces, éperdus, exubérants ou renfermés, socialement à part, en proie aux désirs, aux terreurs... écrasés par le fantôme de leur passé, ou du moins sidérés, figés dans une bulle temporelle, un huis-clos protecteur qui leur tient lieu de cage dorée.
Une façade composée pour survivre. Un pseudonyme, davantage, une nouvelle identité pour renaître, pour oublier, enterrer, mais à quel prix ?
Au prix d'une déflagration en pleine figure, qui survient une fois que le tapis ne suffit plus à cacher la poussière au-dessous.

Décidément j'adore cette auteure. Roman très prenant, bien écrit, bien rythmé pour nous tenir en haleine. L'histoire est originale et son intrigue très addictive. Je recommande cette auteure. J'avais lu "L'épaisseur d'un cheveu" juste avant et je vais certainement poursuivre avec "La carte postale".

Je suis tombée amoureuse de la plume sublime de Claire Berest avec « Rien n'est Noir » qui fut l'un de mes coups de coeur de l'été. Alors quand j'ai vu « Artifices » en librairie, je l'ai pris sans même en lire le résumé. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre… et j'ai beaucoup apprécié la surprise contenue dans ce roman !

« Artifices » s'articule autour de deux personnages. Nous avons Abel Bac, flic taciturne et blindé de tics obsessionnels, mis à pied pour une raison que l'on ignore et qui occupe ses insomnies à marcher dans Paris. Et nous avons Mila, icône de l'art contemporain dont le visage et le vrai nom n'ont jamais été dévoilés, qui peaufine sa toute dernière oeuvre. Qui est Abel ? Qui est Mila ? Quel lien à Abel avec ce cheval introduit en pleine nuit à Beaubourg et pourquoi ce simple fait divers l'obsède ?

Autour d'Abel nous avons sa collègue Camille, qui s'inquiète de son absence et aimerait aider celui-ci qu'elle n'a jamais connu vraiment mais pour lequel elle éprouve pourtant de l'attachement. Et nous avons Elsa, la nouvelle voisine d'Abel, un peu trop envahissante, qui va lui faire mettre un pied dans l'univers de l'art contemporain.

Le personnage d'Abel m'a énormément touchée. Sa santé mentale ne tient qu'à un fil et il est prêt à basculer à chaque instant. L'expérience traumatique qu'il a vécue transpire par tous ses pores, mais Abel ne veut pas se laisser aider. Il lutte pour que ses démons restent à l'intérieur de lui.

De la souffrance, Mila en a également à revendre. Elle ne serait jamais devenue celle qu'elle est sans ce terrible incident survenu dans sa jeunesse. Son oeuvre est née de cette souffrance, mais personne ne sait qui est Mila. Et elle n'en peut plus de rester dans l'anonymat.

J'ai apprécié les références à l'art contemporain et notamment Marina Abramovic qui tient une place importante dans ce récit. La plume de l'autrice met en valeur cette histoire troublante. Ce livre fort m'a tenue en haleine jusqu'à la fin !

Superbe, une écriture qui ne me laisse absolument pas indifférente, j'aime l'émotion, le stress et parfois même l'urgence qui ressort de la plume de Claire Berest.
Une histoire comme j'aime les savourer des personnages bruts, pas de fioritures, juste de l'essentiel et une histoire folle mais triste ou belle, à chacun de voir… Une histoire qui semble noire, compliquée, pour au final ressentir une douceur de sentiments que je ne n'attendais pas.
Bref, encore une belle surprise avec Claire Berest, cette année 2023 (grâce à de formidables conseils ici même) j'ai découvert les soeurs Berest et quelle superbe trouvaille, chaque livre est une nouvelle ouverture sur un monde que l'on découvre soigneusement et qui nous laisse un doux plaisir et une hâte d'y revenir.