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Citations sur Artifices (86)

- Ah, vous voyez, ça vous intéresse, finalement ! Avec vous, il faut prendre son mal en patience.
- Ne parlez pas de moi comme si vous me connaissiez. Vous ne me connaissez pas."
Elsa cesse de sourire. Se plante en face d'Abel et le pousse des deux mains sur les épaules, comme un boxeur en provoquerait un autre dans un combat de rue improvisé. Abel s'arrête, coi. Il est beaucoup plus grand qu'elle et bien plus massif, ça lui fait l'effet d'un colibri énervé qui lui aurait donné un coup de bec.
"Abel, je comprends tout votre truc de méfiance et d'être rugueux, c'est bon, ça va. Vous m'envoyez bouler toutes les deux secondes, et moi je suis bonne pâte, parce que vous vous dites probablement que je suis cinglée, alors les gens toc-toc on peut leur parler mal. Non, je ne vous connais pas, et je ne prétends pas vous connaître. Calmez vos nerfs deux secondes. Quand je dis : avec vous il faut prendre son mal en patience, c'est une manière de dire que je me préoccupe, que vous me touchez, c'est ce que les gens font quand ils se rencontrent, non, vous sortez d'où ? Vous ne rencontrez pas des gens dans votre vie, vous n'essayez pas d'être aimable, ou d'entrer en connivence ? Vous voyez ce que c'est la connivence ? Ce n'est pas méchant."
Pris de court et piqué par cette femme, Abel a l'impression d'être tiraillé et maladroit comme un adolescent, tout à trac il livre à Elsa qu'eh bien, il s'est inscrit sur Tinder, et que lui aussi peut rencontrer des gens.
"Vous vous êtes inscrit sur Tinder ? Quand ça ?
- Il y a deux jours.
- C'est tordant. Et vous avez couché avec quelqu'un ?
- Non. Pas encore. Mais presque, répond Abel, consterné du tour qu'a pris la conversation par sa faute.
- Presque ? Vous êtes un génie.
- J'ai un autre rendez-vous ce soir." Pourquoi continue-t-il à dire ces choses ? s'admoneste-t-il in petto.
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Épier, quand du grabuge se fait entendre, est une action bancale qui oscille entre le voyeurisme et le courage. La curiosité malsaine (ça se passe mal quelque part, j’ai envie d’en savoir plus) pouvant se transformer parfois en sauvetage (ça se passe très mal, il faudrait que j’intervienne). Abel Bac et Camille Pierrat auraient pu ensemble parler longuement de ce sujet tant ils avaient eu à auditionner de témoins ayant été confrontés à ce dilemme. Les témoins pouvaient se montrer actifs ou passifs (tout l’écheveau qu’il y avait à démêler dans sa tête en une seconde quand le choix se posait entre : il faudrait que j’intervienne, il faut que j’intervienne, j’interviens). Certains témoins se payant pour une vie la culpabilité de n’être pas intervenu. Camille n’était pas toujours tendre quand ils débriefaient après coup : « Ce connard entend une gonzesse qui se fait casser la tête dans l’appart d’à côté et ce gros con augmente le son de sa télé ! » Abel, lui, ne jugeait jamais. Comment savoir qui on est tant que ça ne nous est pas arrivé ? répondait-il à Camille, en substance. Car ce n’était jamais si clair dans la bouche de Bac, qui n’était pas un orateur. Et Elsa, qui était devenue Mila, aurait dit aux deux autres si elle avait participé à leur conversation : c’est le kairos. Elle aurait expliqué quelque chose comme : Kairos c’est le dieu grec de l’action opportune. Avant c’est trop tôt, après c’est trop tard. Il faut saisir ou agir à l’instant T. Sinon on peut traîner l’hésitation ou le manquement toute sa vie. Camille Pierrat aurait alors fait remarquer que Kairos c’était aussi le nom du portail Internet de Pôle Emploi et que l’administration française avait un putain de drôle de sens de l’humour.
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Quelle blague ! Le mec ne sait même pas télécharger une application. Le mec utilise encore un plan de Paris en papier.
... Et là, d'un coup, il s'inscrit sur Tinder ? Merci l'embrouille de con. Peut-être qu'il l'enfume, qu'il lui raconte n'importe quoi ?
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- ... Si tu savais le nombre d’affaires que j’ai disséquées, où l’on finit par abandonner l’idée de comprendre le mobile. Où les experts psy se contredisent... Pourquoi les gens font ce qu’ils font ? C’est dans les bouquins qu’on a la solution, pas dans la vie.
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Mila n’avait pas été de ces adolescents qui dès le lycée se promettent de l’art, se revendiquent ainsi faits, s’espèrent déjà doués, regardant de haut tout autour d’eux, avec l’incandescent orgueil de la jeunesse – la jeunesse n’est pas humble ou elle n’est pas jeunesse.
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[…] il attend, il n’y a rien à dire, il attend qu’elle se laisse pulvériser par l’incendie de ses fleurs, qu’elle se repaisse du pourpre et du parme, qu’elle confronte le jaune et le blanc, qu’elle s’étourdisse des taches et des ruptures que crient les pétales, qu’elle se saisisse des bouches, des ailes, des gouffres que forment leurs calices, myriade de têtes folles, d’ovaires offerts, de sexes écartés, impudiques et sauvages, ses fleurs … (p.356)
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[ Sa prof de français de lycée pro ] lui prêtait des livres. Ce n'est pas un mythe, l'école de la République, il y aura toujours des profs pour se pencher jusqu'à la poussière de la terre sur les cassos.
(p. 120)
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Les musées faisaient d’excellents squares où baguenauder pour s’aérer les idées. Il faudrait que les musées soient ouverts comme des parcs, des lieux de circulation libre où l’on irait boire un café avec un collègue, ou faire sa pause sandwich en lisant un livre. Et s’allonger par terre pour une petite sieste.
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C'est curieux comme les artistes pensent que les gens qui ne s'intéressent pas à l'art sont paumés en plein désert. Ou les écrivains qui pensent que les gens qui ne lisent pas sont déboussolés.
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- Vous parlez énormément.
- Et vous, très peu. Ça compense, non ? Vous ne posez pas de questions. Vous ne faites pas de digressions. Comme si votre mécanique altruiste était grippée (...).
- Parler comme vous le faites, sans filtre, c'est un peu agressif.
- Pourquoi vous me laissez faire, alors ?
(p. 107)
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