Je voyais quatre bonnes raisons de lire ce témoignage : mon admiration sans réserve pour
Modiano, ma passion pour
Proust (que Berl fréquenta assidûment et avec lequel il se querella), ma prédilection pour la chanteuse Mireille (dont il fut l'époux) et le culte que je porte à la voix et aux chansons de
Françoise Hardy (dont il fit sa garde-malade occasionnelle).
Emmanuel Berl, me semblait-il, saurait me toucher.
Cette longue interview menée sans indulgence par le jeune
Modiano est suivie d'un court texte autobiographique du grand homme : aucun des deux textes ne m'a comblé. Berl a connu le tout Paris littéraire de l'entre-deux guerres mais ce qu'il en évoque manque de couleurs, d'odeurs... de vie. Il se révèle très factuel, énumère des noms mais ne laisse aucun portrait marquant de Breton,
Cocteau,
Anna de Noailles, Drieu la Rochelle, Colette, Céline ou
Proust. Ses courts souvenirs ne semblent exister que pour justifier son parcours d'intellectuel juif de gauche : il y dresse une morne litanie de ses familiers et de ses professeurs, évoque les penseurs qui l'ont façonné (
Voltaire,
Goethe...) mais sans panache, ni brillance. Tant de sérieux pour si peu d'humour !
Une déception : tant pis, il fait beau, quittons ce cimetière et allons réécouter Mireille ou Françoise, relire Marcel ou Patrick...
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