Dialogues des Carmélites /
Georges Bernanos
Quelques temps avant la Révolution de 1789, une jeune aristocrate d'une nature déjà très religieuse et solitaire, Blanche de le Force, entre au Carmel de Compiègne, un ordre très strict, sous le nom de Soeur Blanche de l'Agonie du Christ, un lieu sanctifié où elle espère trouver refuge contre le monde qu'elle craint avant tout.
Un décret révolutionnaire ordonne l'abolition des voeux monastiques dans tous les monastères de l'un et l'autre sexe et l'expulsion des religieuses ici du Carmel sous peine de sanction, qui doivent retourner à la vie civile alors que la Terreur fait rage et que la guillotine guette tout un chacun. Les religieux sont particulièrement visés, car la Révolution est aussi une guerre anti-religieuse. Soeur Blanche est profondément touchée car elle était sur le point de prononcer ses voeux.
On retrouve dans cette oeuvre qui est une pièce de théâtre, les thèmes familiers de
Bernanos, son âme mystique tourmentée ainsi que sa noblesse de pensée et son style puissant. Les thèmes de la foi et de la vie monastique, la peur ou non de la mort, en fait sujet principal, sont développés au travers de dialogues d'une sublime intensité. La dimension importante et quasi mystique de l'échange des morts, à rapprocher de la communion des saints, est illustrée par l'acceptation par la Mère supérieure d'une mort indigne d'elle, dans l'angoisse et le tremblement, pour transférer sa force à la timide Blanche qui montera volontairement et en martyre consciente à l'échafaud. Les non croyants n'y trouveront sans doute pas leur compte. Quant aux croyants, ils seront portés à méditer à coup sûr. le texte de cette pièce, pas très facile à lire, en somme ravira les spécialistes de ce genre de sujet. Un très beau texte certes, mais qui peut laisser perplexe et même imperméable à une certaine idée de la mort.
Pour la petite histoire, notons que cette pièce de théâtre est adaptée d'une nouvelle en langue allemande de Gertrud von le Fort.