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EAN : 9782259024396
283 pages
Plon (12/09/1999)
3.46/5   62 notes
Résumé :
Bernanos Georges – La Joie : Voici la suite de L’imposture. M. de Clergerie, sa mère (qui joue la comédie de la folie) et sa fille, Chantal, ont provisoirement quitté Paris pour un séjour à Laigneville. Ils profitent de l’agréable été normand. Au cours d’une discussion avec son père, la jeune Chantal laisse percevoir sa nature mystique, sa pureté et sa simplicité, mais elle ne se sent pas prête pour prendre le voile. Son père souhaite pourtant qu’elle s’établisse: i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'aime bien la vieille littérature, celle du XIXe et XXe siècle, j'adore! Mais avec la joie de Bernanos, j'en sors avec un avis très mitigé, les personnages m'ont déroutés un peu, ils étaient presque tous des Georges Bernanos, c'est l'auteur qui s'est plus révélé on dirait dans sa relation avec Dieu, le livre s'apparente plus à un essai plutôt qu'à un roman malgré des longs dialogues...
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Dans les journaux une telle histoire ne serait rapportée que dans la page des faits divers, parmi d'autres, Georges Bernanos en fait un drame surnaturel d'une intensité incroyable. Ça s'appelle le talent. Un roman terrible avec du mystère, des choses qu'il faut comprendre à demi-mots, d'autres qui restent obscures, des intrigues qu'on découvre peu à peu, une fin en coup de tonnerre et de superbes dialogues. Il ne faut pas lire « La Joie » sans avoir lu avant « L'Imposture » (malheureusement un peu plus fastidieux), ce serait dommage car beaucoup d'aspects de l'intrigue principale y trouvent leur source.
Avec un tel nom, la famille de Clergerie, la grand-mère, le père, la mère morte et la fille pourraient être un symbole du clergé et peut-être même de l'ensemble de l'Eglise catholique. Je ne sais pas jusqu'à quel point il faut interpréter ces symboles, et s'il faut aller jusqu'à faire de « L'Imposture » et de « La Joie » des romans à clef, car on trouve dans la réalité des personnes qui ont probablement inspirées Bernanos (j'ai vaguement lu, il y a quelques années, le livre « De L'Angoisse à L'Extase » de Pierre Janet, et je ne serais pas surpris que ce professeur ait été un modèle du docteur La Pérouse). Je pense que l'essentiel n'est pas là, c'est avant tout une oeuvre d'imagination sur la vie d'une jeune fille toute simple et d'une humilité à toute épreuve.
L'aventure de Chantal est une aventure spirituelle, il y a une graduation dans ses souffrances et son élévation, on la voit passer de l'innocence de l'enfance à la pure sainteté, et cela sans éclat, dans les conditions d'une vie commune. Toute l'action du roman a lieu dans la propriété de son père, et bien qu'elle soit une maison correcte et bourgeoise, une ambiance sournoisement maléfique y règne ; ce sont les domestiques qui le ressentent le plus, mais tout le monde est dans l'attente d'un évènement catastrophique. Tout est en tension sous-jacente et en non-dit, rien de spectaculaire, mais les personnages qui entourent Chantal sont autant d'épreuves pour elle et elles sont toutes de plus en plus périlleuses ; il s'agit qu'elle ne perde ni sa charité ni sa joie.
D'abord face à Fiodor, le chauffeur de M. de Clergerie, joueur invétéré au grand bagout (il y aurait beaucoup à dire sur ce personnage dostoïevskien), ensuite face à sa grand-mère, en apparence une vieille folle avare, puis son (pas très) propre père tout aussi empêtré dans ses remords indéfinis. Enfin la grande épreuve temporelle face à M. La Pérouse, psychanalyste de son état. Déjà Bernanos mettait la psychanalyse et la religion en concurrence dans « L'Imposture », d'une manière presque informulée, mais dans « La Joie » il les oppose carrément et critique la psychanalyse en la personne du docteur La Pérouse, un alcoolique amoraliste. Je pense que Bernanos ne voyait aucun intérêt aux mécanismes de la psyché sans la reconnaissance de la primauté morale. La confession plutôt que l'analyse.
Mais la confrontation spirituelle n'arrive qu'avec l'abbé Cénabre de « L'Imposture ». A vrai dire, la pauvre Chantal attire la corruption comme le miel les mouches. C'est comme si tous les corrompus cherchaient la rédemption auprès d'elle, comme si elle pouvait la donner, comme si elle éclairait le fond de leur âme involontairement, la grande révélatrice. Alors forcément on se demande comment le grand imposteur qui avait déjà résisté au vieil abbé Chevance va se comporter face à cette jeune fille. Va-t-elle réussir là où son maître a échoué ?
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Entre lumière et ténèbres, Georges Bernanos dans La joie, mystique torturé, jette le lecteur avec force dans le spectacle dantesque, celui de la pure, "trop sage" Chantal de Clergerie, emplie de la joie de Dieu, qui, par "simple ignorance de sa vie intérieure" plonge dans "le regard ténébreux" semblable à celui "des bêtes corrompues"du Colonel Fiodor, chauffeur russe de son père, qui la devine.
L'enfer de Bernanos, brûlerait-il semblable à celui de Sartre dans Huis-clos (dont les mots d'Ines sont un exemple: "Vous m'avez volé jusqu'à mon visage, vous le connaissez et je ne le connais pas.")?
Mais se connait-on vraiment soi-même et qui peut vraiment prétendre nous connaître?
Seule la mort, la folie ou l'oubli délivrent du paradoxe.
Une oeuvre classique magistrale!
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"Méfiez-vous de ce qui trouble" lui avait conseillé l'Abbé Chevance.
Chantal de Clergerie, (entre un père veuf académicien égoïste qui rêve de la voir "entrer en religion" et une grand-mère sénile "méchante femme"), pure,bonne,trop claire,trop confiante; se voit un jour troublée par l'insolent Colonel Fiodor, le chauffeur russe "habillé comme un prince" "au regard d'une fixité ténébreuse".
Il est "l'ennemi", "l'homme à craindre". Et cette jeune fille qui "donne sa joie", "parle à Dieu", devenant lucide va ressentir douloureusement sa propre solitude, son vide, ses imperfections.
Cacherait-elle un secret? Le piège se refermera-t-il sur elle?
La joie (prix Fémina 1929) de Georges Bernanos (écrivain français académicien du XX° siècle déchiré et mystique) exulte de ferveur catholique, campe un portrait fort de Chantal de Clergerie, incarnant le bien confrontée au mal et à ses propres doutes et critique l'éducation trop stricte des jeunes filles élevées au couvent , (proies faciles, qui ne savent rien de la vie).
Un peu trop alambiqué à mon goût!

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La joie/Georges Bernanos
Ce roman obtint le prix Fémina 1929.
Le thème général comme souvent chez Bernanos explore le combat du Bien et du mal.
L'action qui se passe en Artois met en scène Mr de Clergerie, châtelain rongé par l'ambition, mais historien médiocre, ravagé par l'angoisse, aux soins de sa mère sénile pour ne pas dire folle, aidé d'une kyrielle de gens de maison dont Fiodor son chauffeur.
Au sujet de Mr de Clergerie : « Il ne souhaite pas l'éclat de la renommée, il n'en veut que les profits. »
L'abbé Cénabre, l'imposteur qui ne croit plus vraiment, est le confesseur de la fille de Mr de Clergerie.
Le docteur de la Pérouse est le médecin de famille : les dialogues avec l'abbé Cénabre sont superbes.
Mais le personnage central est la belle jeune et pure Chantal, sa fille, qui donne plutôt dans le genre extatique et dévouée, emplie de la joie inhérente à sa foi en Dieu. Elle reste indéchiffrable pour son père :
« On s'aperçoit toujours trop tard que les enfants ont une vie propre particulière, à laquelle nous n'avons pas accès. »
Fiodor va venir semer le trouble dans ce candide coeur. Pourtant, l'abbé Chevance son confesseur avant de mourir lui avait bien dit : « Méfiez-vous de ce qui trouble ! » Chantal, élevée au couvent et de ce fait proie facile, se sent piégée par cet homme au regard ténébreux, elle qui incarne le Bien et lui le Mal.
Ce roman de Bernanos, exaltant la ferveur catholique dans un style très riche mais d'un autre temps, est d'un abord assez difficile. Il reste que c'est de la grande littérature.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
« Qu’ai-je fait ? répète-t-elle tristement. Quelle faute ai-je commise ? »
L’idée ne lui vint pas qu’elle souffrait peut-être sans raison, sans but, que la question posée n’a pas de réponse possible, que son angoisse est faite pour se perdre, avec tant d’autres, dans la sérénité universelle, ainsi qu’un cri ne dépasse pas un certain cercle de l’espace, et, hors de ce cercle, n’est rien. […] Mais le jour vient où la vie brise pour jamais la céleste insouciance des petits, impose tout à coup le choix décisif, substitue instantanément la résignation à la joie.
« Je ne suis pas résignée ! disait-elle jadis à son vieil ami. La résignation est triste. Comment se résigner à la volonté de Dieu ? Est-ce qu’on se résigne à être aimée ? » Cela lui paraissait clair, trop clair. Seulement, il y a sans doute dans la volonté de Dieu une part que le triste amour humain ne saurait réduire tout entière, incorporer parfaitement à sa propre substance. La grande soif, la Soif éternelle s’est détournée des sources vives, n’a voulu que le fiel et le vinaigre, n’a désiré que l’amertume.
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Oh ! non ! je ne méprise personne. Quoi que je fasse, moi-même je n’arriverais pas à me mépriser. Le mépris est le poison de la tristesse, monsieur La Pérouse. La tristesse bue, c’est lui qui reste au fond… une boue noire, amère. Et si malheureuse que je puisse être un jour, la tristesse n’aura pas de part en moi, jamais… Vous ne me faites plus peur, monsieur La Pérouse, ni vous, ni les autres. Jadis je craignais le mal ; non pas comme on doit le craindre, j’en avais horreur. Je sais à présent qu’il ne faut avoir horreur de rien. Une fille pieuse, qui entend sa messe, communie, cela vous paraît bien sot, bien puéril ; vous avez vite fait de nous prendre pour des innocentes… Hé bien, nous en savons parfois plus long sur le mal que bien des gens qui n’ont appris qu’à offenser Dieu. J’ai vu mourir un saint, moi qui vous parle, et ce n’est pas ce qu’on imagine, cela ne ressemble pas à ce qu’on lit dans les livres ; il faut tenir ferme là-devant : on sent craquer l’armure de l’âme. Alors, j’ai compris ce qu’était le péché… Le péché, nous sommes tous dedans, les uns pour en jouir, d’autres pour en souffrir, mais à la fin du compte, c’est le même pain que nous rompons au bord de la fontaine, en retenant notre salive, le même dégoût.
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Sans doute, elle n’ignorait pas le mal et n’avait jamais feint de l’ignorer, trop sensible et trop vive pour se dissimuler à soi-même, comme tant d’ingénues volontaires, certaines méfiances et certains dégoûts, mais sa droiture était la plus forte. Ce pressentiment du péché, de ses dégradations, de sa misère, restait vague, indéterminé, parce qu’il faut la déchirante expérience de l’admiration ou de l’amitié déçue pour nous livrer le secret tragique du mal, mettre à nu son ressort caché, cette hypocrisie fondamentale, non des attitudes, mais des intentions, qui fait de la vie de beaucoup d’hommes un drame hideux dont ils ont eux-mêmes perdu la clef, un prodige de duperie et d’artifice, une mort vivante. Mais qui peut décevoir celle qui croit d’avance ne posséder ni mériter rien, n’attend rien que de l’indulgence ou de la charité d’autrui ? Qui peut décevoir la joyeuse humilité ? L’agonie du vieux prêtre avait pourtant fait ce miracle.
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Tu ne sais rien du monde, tu n’en veux rien savoir, c’est tellement plus simple ! Ta mère prétendait déjà marcher à travers les chemins boueux avec la petite pantoufle de Cendrillon. Oui, il fallait que tu l’apprisses un jour ou l’autre, le monde n’est pas fait pour les anges. Je suis un catholique irréprochable, j’ai consacré une partie de ma vie à l’histoire de l’Eglise et je dis : le monde n’est pas fait pour les anges. J’ajoute même : tant pis pour les anges qui s’y hasardent sans précaution !
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Toute vie surnaturelle a sa consommation dans la douleur, mais l’expérience n’en a jamais détourné les saints.
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Videos de Georges Bernanos (43) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Bernanos
« Rien ne me réconcilie, je suis vivant dans votre nuit abominable, je lève mes mains dans le désespoir, je lève les mains dans la transe et le transport de l'espérance sauvage et sourde ! » (Paul Claudel, Cinq Grandes Odes)
« Singulière figure que celle de Georges Bernanos (1888-1948) […]. Sorte de Protée des haines et de l'amour, il semble ne jamais offrir deux fois le même visage. Il y aurait plusieurs Bernanos : un Bernanos de droite, à cause des Camelots du Roi, un Bernanos de gauche à cause des Grands Cimetières sous la lune ; un Bernanos romancier des abîmes de la condition humaine, ou un Bernanos pamphlétaire névropathe ; un Bernanos anticlérical, un Bernanos pieux catholique ; un Bernanos antisémite, un Bernanos réactionnaire, un Bernanos prophète, un Bernanos énergumène, un Bernanos enthousiaste... L'inventaire est sans fin […]. Romancier, essayiste, journaliste, Bernanos est l'homme d'une oeuvre vaste mais unifiée, tout entière contenue dans cette tâche qu'il découvrit être la sienne : rendre témoignage à la vérité, en manifestant de toutes les manières possibles ce qui est pour lui la finalité de toute condition humaine. […] Bernanos ne se faisait aucune illusion quant à l'efficace immédiate de ses écrits sur la marche du monde. C'est, toujours et seulement, de la révolte de l'esprit, la seule qui vaille, qu'il est question chez lui. […] » (Romain Debluë)
« […] C'est sans doute ma vocation d'écrire, ce n'est ni mon goût ni mon plaisir, je ne puis m'empêcher d'en courir le risque, voilà tout. Et ce risque me paraît chaque fois plus grand, parce que l'expérience de la vie nous décourage de plaire, et qu'il est moins facile encore de convaincre. J'ai commencé d'écrire trop tard, beaucoup trop tard, à un âge où on ne peut plus être fier des quelques vérités qu'on possède, parce qu'on ne s'imagine plus les avoir conquises, on sait parfaitement qu'elles sont venues à vous, au moment favorable, alors que nous ne les attendions pas, que parfois même nous leur tournions le dos. Comment espérer imposer aux autres ce qui vous a été donné par hasard, ou par grâce ? […] Il faut vraiment n'avoir pas dépassé la quarantaine, pour croire que dix pages, cent pages, mille pages d'affirmations massives sont capables de forcer une conscience : c'est vouloir ouvrir la délicate serrure d'un coffre-fort avec une clef de porte cochère. L'âge aidant, il me paraît maintenant presque aussi ridicule et aussi vain de dire au public : « Crois-moi ! » qu'à une femme : « Aime-moi ! » et le résultat est le même, soit qu'on ordonne ou qu'on supplie. Rien n'est plus facile que de prêcher la vérité. le miracle, c'est de la faire aimer. […] » (Georges Bernanos, Comprendre, c'est aimer, paru dans La Prensa, à Buenos Aires, le 19 janvier 1941.)
0:04 - Réponse à une enquête 11:30 - Générique
Référence bibliographique : Georges Bernanos, Scandale de la vérité, essais, pamphlets, articles et témoignages, Éditions Robert Laffont, 2019
Image d'illustration : https://www.france-libre.net/bernanos-appel/
Bande sonore originale : Carlos Viola - The Four Witnesses (Piano Version)
Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/the-four-witnesses
#GeorgesBernanos #scandaledelavérité #LittératureFrançaise
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