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3,9

sur 653 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Georges Bernanos publie en 1936 ce livre qui connaît un grand succès et remporte dans la foulée le grand prix du Roman de l'Académie française.
L'auteur livre, sous la forme d'un journal intime, la vie d'un curé de campagne. En prise avec ses paroissiens, il est rattrapé par sa condition. Dieu s'exprime à travers ses questionnements légitimes.
Bernanos propose une oeuvre douce amère. J'ai vibré avec ce prêtre jusqu'à la dernière page. Malgré un abord difficile dû à mon manque d'habitude de l'écriture d'alors, ce journal m'a donné l'opportunité de m'approcher d'une vocation personnelle. Celle-ci parvient à elle seule à exprimer la beauté du rêve ultime de ces gens de Dieu.
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Ce journal aura été ma lecture la plus singulière de l'année.
Typiquement le roman qui sera difficile de se voir à nouveau publier de manière "grand public" à notre époque si matérialiste...si "rationnelle".
Le curé et la campagne...le siècle, le millénaire dernier. Cette France pas si lointaine en terme de période mais absolument éloignée en termes culturels.
Même si par moments difficiles à comprendre, j'ai beaucoup aimé les interrogations existentielles, philosophiques, religieuses, ses doutes de ce jeune abbé d'un petit village. Ses savoureuses interactions avec un aîné dans ce ministère, avec les taiseux du village, les autorités locales. Ses confrontations avec les petites turbulentes et la petite aristocratie locale. Ému par cette conversation houleuse avec une autre qui débouchera sur la mise à nu de douleurs enfouies de drames épouvantables.
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Pour écrire une courte critique du"journal d'un curé de campagne"de Georges Bernanos,il faut restituer le livre dans son contexte religieux et historique de 1936.
Il aborde des thèmes tel que la spiritualité, la mort, le mal, la corruption ,le rôle de l'église dans la société.D'ailleurs ,ce livre est certainement l'annonce de la désertification des églises, et plus encore de la raréfaction des prêtres .
Ce que je retiens de cette lecture ,c'est le doute à tous les étages.
Ce curé doute de lui-même, de sa foi également.
Ces aïeux, ses supérieurs, ces homologues qui officient dans ces villages gris doutent eux aussi de lui.
Ces paroissiens, du plus riche au plus pauvre, du plus corrompu au plus humble, du plus ignoble au plus respectable doutent aussi de lui.
Je doute, moi aussi, avoir tout compris de cette lecture où il faut rester concentré afin de communier avec l'auteur.
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Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=svV56uvlgnc

Nous suivons dans ce roman un jeune prêtre, qui vient d'arriver dans un village. Prêt à venir en aide aux paroissiens, cette mission va s'avérer plus compliquée que prévu, car la religion les intéresse moins que le concret, que les questions du quotidien.

C'est donc l'histoire d'un homme qui veut vivre pour le spirituel, et qui est toujours ramené vers le bas, vers le corps. Avec déjà ses douleurs d'estomac, qui le rongent comme un rappel éternel que la vie terrestre n'est que souffrance, on sent que ça s'insinue dans sa vie comme une moisissure. Cette douleur, on a parfois l'impression qu'il aime la raviver en manger très acide, du vin, et du pain, comme par hasard. Car notre curé porte le malheur des autres, prend à son compte les fautes, les bassesses de ceux qui l'entourent, et son dépérissement physique ne peut nous empêcher de faire un parallèle avec la figure de Jésus.

« Je prétends simplement que lorsque le Seigneur tire de moi, par hasard, une parole utile aux âmes, je le sens au mal qu'elle me fait »


En voulant expier les péchés des autres, et peut-être en se rendant compte que ce n'est pas la peine car la question du péché semble dépassée dans ce village, il se tisse autour de l'estomac une couronne d'épine, qui va se serrer, se serrer, l'éloigner et l'isoler de plus en plus.

Et en plus de cette souffrance physique, il y a la souffrance spirituelle, causée par les paroissiens, qui sont des gens ancrés dans le prosaïque, dans les cancans, dans les calculs, les bassesses, dans la bêtise ou la malignité. Et c'est un chemin de croix pour notre curé, conséquence directe de deux symptômes : qui sont d'abord sa versatilité, quant à sa foi, à sa vocation aussi, où on le voit passer du désespoir le plus sombre à un enthousiasme quasi-maniaque (mystique dirons-nous). Et puis aussi une tendance à noyer son chagrin dans le vin (ses parents étaient alcooliques, et la récurrence du vin laisse entendre que cela pourrait être aussi son cas). Il s'en défendra peut-être trop fortement dans le livre pour être tout à fait honnête. En tout cas, les préoccupations prosaïques vont empiéter sur le spirituel, que ce soit la soif, la faim, l'inquiétude quant à la manière dont on le perçoit, préoccupations qu'il balayera de sa formule favorite, le n'importe qui foisonne au début du livre, pour se raréfier et réapparaitre à la fin, comme le retour du réel. Car ce n'importe, c'est l'impuissance, l'abandon.


C'est une oeuvre du dialogue, car chaque rencontre, que ce soit avec Torcy l'autre curé, Delbende ou Laville les médecins, avec la comtesse ou sa fille permet d'opposer deux visions sur des sujets aussi variés que la liberté, la justice, la pauvreté, la foi, évidemment, la famille : avec souvent la vision naïve, voire enfantine du héros entachée par celle des autres, moulée par le monde réel. C'est aussi une sorte de conflit générationnel, pourrait-on dire, entre l'idéalisme d'un jeune homme et le cynisme ou la clairvoyance des autres.

— Nous sommes à la guerre, que veux-tu ? Il faut regarder l'ennemi en face », lui dit le curé de Torcy.

Et on sait que ces soldats de Dieu, ce qu'ils ont a affronter, ce n'est pas que l'incroyance des fidèles, c'est les conséquences de la grande guerre, c'est la pauvreté et la misère, c'est l'impuissance et la peur de manquer, c'est la haine entre les membres d'une même famille, c'est la concupiscence, bref, c'est l'homme tel qu'il est.

Et notre curé, parfois, dans cette lutte impossible, nous fait penser à la mort : avec le médecin Delbende, et la comtesse, avec le curé défroqué qu'il rejoint, et même le médecin Laville vers la fin, une parade macabre en accéléré, presque tous les personnages avec qui il aura argumenté vont mourir, parfois dans l'amour de dieu, comme la comtesse, ce qui souligne l'ambiguïté du texte ; dieu préfère-t-il ses fidèles morts ? La souffrance est-t-elle le seul moyen de mettre la foi à l'épreuve ? Bref, notre curé doit-il vivre comme Job, dans le dénuement et la douleur pour prouver son amour de dieu, et quel dieu met à l'épreuve ses brebis de la sorte ?

Ce qui est intéressant aussi, c'est la réflexion sur le texte même, les questionnements du prêtre sur la réception, la manière dont liront ceux qui y auront accès plus tard (ce qui semble annoncé assez tôt, comme s'il se savait déjà condamné). Ce qui nous donne l'impression que d'une part, c'est Bernanos qui parle à travers lui, mais qui renforce d'autre part la plausibilité du texte, plausibilité affermie aussi par le faux-paratexte, toutes ces petites notes qui précisent que des pages sont déchirées, ou raturées, ce qui met en exergue la crise passionnelle (dans le sens christique) du jeune curé.

Bref, un livre à lire si ces thèmes vous intéressent. Je vous remercie, et vous dis à très bientôt.
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Diatribe, ce roman est un récit désenchanté, une protestation contre la société de 1936.  
 
Colère et Douleur
Une colère contre un ordre établi où les riches, les gens titrés dominent les pauvres sans que leur mérite ne justifie leur domination. Mais les humbles, les opprimés ne valent guère mieux ». Misère et la luxure, brutalité et vulgarité, les gens sont décrits vivant sans foi, ni piété sincère : les simagrées tiennent lieu de convictions religieuses tandis que leur avilissement est le résultat d'une civilisation matérialiste, fustigeant la réussite, l'argent et le prestige. le cinéma hebdomadaire pervertit les enfants, tout le monde cherche à s'enrichir frauduleusement. La machine a créé une nouvelle forme d'esclavage, multipliant les chômeurs. Quant à l'Église, elle pactise avec la pouvoir, elle aide les puissants à maintenir les faibles dans la soumission. Les banquiers sont mêmes qualifiés de dieux protecteurs !
Pendant ce temps, le curé éprouve de la sympathie pour les non-conformistes, pour ceux qu'écoeurent la résignation de masse et l'outrecuidance des nantis. Il rêve de rétablir le pauvre dans tous ses droits et sa dignité. Mais, malheureusement, pour les profanes et même ses confrères, il leur apparait naïf empli d'illusions, mal adapté à la vie sociale. Traité avec condescendance, le curé est un personnage souffrant, souffrant dans son coeur mais aussi dans son corps. Il souffre d'un cancer à l'estomac. Pour autant, cet être pur est en proie à une lutte perpétuelle contre le Mal.
 
Le Mal et la Grâce
La créature est l'enjeu d'une lutte incessante que se livrent Dieu et Satan. le monde est un champ clos où s'affrontent le Bien et le Mal. le Mal prédomine, il pousse les hommes à pécher, revêt parfois la forme de l'ennui, tout en mettant l'amour en échec. Les villageois vivent une vie terne, sans joie, subissant les événements avec résignation, attendant la mort. On meurt d'ailleurs beaucoup dans le village. Comme il n'existe aucun esprit de communion, les morts sont vite oubliés. A ceux qui osent se révolter par pitié, colère ou soif de justice humaine, le malheur leur est réservé. le Mal ne donne sa chance qu'à la haine !
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Dans une France en voie de déchristianisation, un jeune séminariste se retrouve à la tête d'une petite paroisse rurale, il pense naïvement que venir veiller au salut des âmes des villageois lui assurera un bon accueil. Sa chétivité atavique et sa tristesse apparente lui fera subir les moqueries des enfants du catéchèse et le mépris des habitants mais sa force de conviction l'aidera à y faire face ainsi qu'au vieux couple d'aristocrates.

S'éloignant maladivement des contingences matérielles, il consigne ses réflexions et les conversations qu'il entretient au gré de ses rencontres qui ébranlent ses convictions. Doutant de son autorité, conscient de sa naïveté, il se demandera toujours si il sert correctement son sacerdoce au fil du récit qui s'articule en 3 parties et où le point d'orgue est l'échange houleux avec la comtesse.

Ce n'est ni une charge contre l'église, ni un texte opposant les croyants et les athées mais simplement un ensemble de questionnements sur la manière de faire face à la laideur, à la souffrance et finalement à la mort. C'est le cheminement fiévreux d'un membre du bas clergé qui voit dans dans son ministère une recherche constante d'amour et d'espérance et non une simple absolution. Il s'acquittera d'ailleurs jusqu'au bout de sa tâche tout en croyant mal faire.

C'est un texte riche et de haute volée qui ne peut laisser indifférent même les lecteurs mécréants comme moi. C'est pourquoi il est incompréhensible qu'une maison d'édition comme Plon ne soit pas en capacité de bénéficier de relecteur et laisse passer autant d'erreurs typographiques dans l'édition pocket.
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Je suis heureux d'avoir rencontré ce curé de campagne par l'intermédiaire de ce journal. J'ai eu de la sympathie et de l'empathie pour cet homme simple, honnête et attachant qui analyse les âmes et la sienne tout particulièrement. J'ai tout particulièrement aimé sa confrontation avec la Comtesse qui est un grand moment du livre, d'une très grande intensité.
Cela m'encourage à lire d'autres ouvrages de cet auteur tombé dans l'oubli.

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Un jeune curé nouvellement affecté à une paroisse de campagne, au milieu du XXᵉ siècle, livre à son journal les épisodes marquants de sa vie, ses doutes, ses impressions et ses états d'âmes.
Un livre dense, mystérieux, intime, je dirais presque mystique à certains moments. Il faut s'arrêter souvent, refermer le livre et réfléchir à ce qui y est écrit.
Commençons d'abord par ce qui m'a moins plu : cette manière très fin XIXᵉ de peindre des personnages souffreteux, indécis, si sensibles qu'ils ne peuvent exprimer leurs sentiments sans changer de couleur, tomber en pâmoison ou se diluer dans des pensées abyssales.

Le décalage de l'époque, une interprétation, une compréhension, une habitation de la pensée chrétienne de Bernanos donne lieu quelquefois à une écriture hermétique, à des illuminations que l'on a parfois du mal à élucider. C'est une des forces de ce livre. On n'en ressort pas indemne. Bernanos nous rentre dedans, ne nous laisse pas en repos. Ce prêtre ingénu qui se croit indigne de tout, renverse pourtant des hommes et femmes-montagnes par sa simplicité sans fond et son absence totale de vanité. Sans aucun sens politique, sa seule présence ou sa parole, lorsqu'il ne la retient pas, touche l'âme des gens comme le regard lucide et sans barrière d'un enfant.
L'enfant, c'est bien là, je crois, le thème central du livre. D'ailleurs, lui-même n'est touché que par des enfants, une petite et une grande. C'est une immersion dans un christianisme qu'on imagine originel, celui des pauvres, des humbles et des simples. Dans l'âme de ce prêtre habite le Dieu chrétien qui ne se reçoit qu'avec une simplicité d'enfant. Il s'accommode mal des raisonnements casuistiques et ne peut sans se perdre s'approcher trop près des puissants.

Qu'a perdu le christianisme au fil des siècles ? Que vaut l'homme face à Dieu, jeté dans cette existence insensée ? Questions torturantes, existentielles, qui ne quitte pas vos pensées sitôt le livre fermé.
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Le curé d'Ambricourt aime tous ses ouailles, des paysans aux aristocrates. Mais ce n'est même pas là sa qualité la plus notable. C'est avant tout qu'il voit son rôle non pas dans celui d'aider à combler les injustices mais d'abord dans celui de faire accepter le monde et son lot de pauvreté. Et pour cela, il entend faire comprendre à chacun qu'il faut laisser entrer un peu du Christ dans son coeur. On peut le regretter, n'y rien comprendre, s'en offusquer même, mais y reconnaître, déjà, une mission ô combien plus ardue que de se donner le beau rôle en enflammant le coeur des foules par des discours bien sentis.
C'est que pour Bernanos, si la vérité du christianisme est porteuse d'une révolution, elle n'est pas là où l'on croit. Et si elle s'adresse aux pauvres, car, rappelle le curé, "c'est à eux que Dieu nous envoie d'abord", ce n'est pas pour leur annoncer la fin de leur misère, mais bien plutôt avec ce message : "reconnaissez votre Reine (la pauvreté), jurez-lui hommage et fidélité ».
Dans de telles circonstances, comment espérer ? Comment rester fidèle au message même de l'Église ? Comment exiger d'un affamé qu'il respecte une telle parole ?
Notre Curé n'en démord toutefois pas : l'homme de foi n'a pas d'autre choix que d'espérer en acceptant le Christ. Mais on aurait tort de croire que le christianisme de Bernanos est celui d'un homme conservateur, qui invite à la soumission et valorise les inégalités. La vraie révolution au contraire, selon lui, tient non pas dans la substitution d'un ordre (qui risque de remettre au goût du jour de nouvelles inégalités) à un autre d'un système, mais passe par la rupture avec le système de valeur en place : c'est cela accepter la pauvreté (contrairement à la misère qui est souffrance de sa condition). Accepter la pauvreté, c'est renoncer à la richesse, car ni le vrai ni le juste ne s'évaluent en quantité d'or.
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Journal d'un curé de campagne est un classique exigeant. le héros et narrateur narre dans son journal sa vie quotidienne dans un petit village du nord de la France au début du XXe siècle. Issu d'une famille pauvre, le jeune curé va être confronté à l'impiété et aux vices des villageois. Riches et pauvres s'ennuient mortellement et semblent se complaire dans la boue des ragots. Lui-même n'échappe pas aux commérages. Sa faible constitution et son régime alimentaire composé uniquement de pain et de vin font jaser. Les notables du village le méprisent. Isolé, incompris, il traverse alors une période faite de souffrances physiques et morales, qui n'est pas sans lui rappeler le chemin parcouru par le Christ.
Mon avis est mitigé : j'ai eu bien du mal à commencer véritablement le roman qui ne m'a pas transporté. Certaines pages ont nécessité une seconde lecture tant le sujet me semblait dense et complexe. Bernanos suggère, laisse percevoir et comprendre plus qu'il ne montre concrètement. Néanmoins, l'écriture est d'une beauté folle et remue le lecteur athée aussi bien que croyant. Je pense poursuivre un jour la découverte de Bernanos avec Sous le soleil de Satan.
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