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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
A lire d'une traite , c'est, un peu (un peu plus même ! ) Indigeste. Mais petit à petit, en faisant des pauses qui permettent de respirer, de s'aérer avec d'autres lectures, c'est faisable ... et je me suis surprise à prendre de plus en plus d' intérêt dans cette lecture que j'avais envisagé, un moment, d'abandonner.

Ce livre publié en 1938, avant que la guerre d'Espagne ne prenne fin est d'abord un violent pamphlet contre le franquisme qui est en passe de vaincre avec la complicité, je dirai même la duplicité, du clergé espagnol et du Vatican. Mais Bernanos a compris que cette guerre civile n'était qu'un prologue à “la tragédie universelle à venir”, celle de la seconde guerre mondiale et les exemples qu'il rapporte sont autant d'arguments qui confortent ses prédictions.
Bien sûr Bernanos n'est pas tout blanc et au fil des pages bien des propos peuvent égratigner, choquer.
Alors je préfère me référer au texte écrit par Albert Camus dans Alger Républicain, le 4 juillet 1939, lui , avec son intelligence , son coeur, son humanisme, avait, une fois de plus tout compris :
« Georges Bernanos est un écrivain deux fois trahi. Si les hommes de droite le répudient pour avoir écrit que les assassinats de Franco lui soulevaient le coeur, les partis de gauche l'acclament quand il ne veut point l'être par eux. Car Bernanos est monarchiste. Il l'est comme Péguy le fut et comme peu d'hommes savent l'être. Il garde à la fois l'amour vrai du peuple et le dégoût des formes démocratiques. Il faut croire que cela peut se concilier. Et dans tous les cas, cet écrivain de race mérite le respect et la gratitude de tous les hommes libres. Respecter un homme, c'est le respecter tout entier. Et la première marque de révérence qu'on puisse montrer à Bernanos consiste à ne point l'annexer et à savoir reconnaître son droit à être monarchiste. Je pense qu'il était nécessaire d'écrire cela dans un journal de gauche ».
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Ce livre est un pamphlet, donc le ton est donné. Bernanos est un personnage assez à part, royaliste et de droite chrétienne bien revendiqué dans ce livre.
Disons que ce livre nous livre un portrait sans concession des fascismes, en particulier celui de la guerre d'Espagne. J'y ai retrouvé ce que me racontait à demi mot ma grand-mère, la terreur diffuse, la délation, les assassinats en masse, la collaboration active de l'Eglise catholique.
Bref un "comment en est on arrivé là!".
On constate que Mussolini, et Hitler étaient perçus comme des personnages presque insignifiants, lointains et surtout on ne mesurait pas l'étendue de leur dangerosité.
Ce qui m'agace de l'écrivain, c'est que sa déception comme chrétien devant les agissements de l'Eglise catholique est assez pédante et répétitive, mais bon c'est une autre vision, un autre siècle.

Ce livre est une belle leçon à retenir pour ce que nous risquons peut-être de revivre avec certains personnages politiques troubles mais pas encore retenus dangereux.
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Curieux livre : à mi-chemin entre coup de gueule, dossier journalistique d'une revue spécialisée et confession de fin de vie.

Nous sommes en 1937. Mussolini, Hitler et Staline sont au pouvoir. C'est dire si nous sommes en bonne compagnie. Franco, lui, ne se démonte pas pour autant et décide de mener la terrible Guerre d'Espagne.

Tout dans ce livre nous ramène au Tragique de l'Histoire pour reprendre la notion aronienne. Bernanos a 39 lorsqu'il écrit et, comme tous les hommes de ce temps, il vit en polytraumatisé de la Grande guerre. Son souvenir brûlant, ses horreurs, ses mensonges, ses drames tout autant que ses tragédies, ses conséquences irréparables. Tout y est présent à chaque ligne.

Pour tout arranger, Bernanos et sa famille habitent sur l'île de Majorque en 1937, alors que les spadassins de Franco battent la campagne pour éliminer les Républicains qui pourraient s'y cacher. Il assiste aux massacres, aux horreurs d'une guerre civile, une guerre hispanique qui annonce celle qui se déchaînera deux petites années plus tard dans toute l'Europe.

Si nous pensons que nous vivons une époque difficile, il suffit de lire Bernanos

Et voilà que le clergé catholique espagnol prend fait et cause pour le parti franquiste et bénit les escadrons de la mort qui ne s'embarrasseront pas de formalités inutiles pour supprimer tout ce qui ressemble de près ou de loin à un Républicain.

Bernanos dénonce sans hésiter l'impardonnable. Grand croyant et fervent catholique, Bernanos ne sait alors plus que penser, qui croire, qu'espérer et même dire pour les générations à venir. Il assiste impuissant, pour la deuxième fois de sa vie, à un monde qui s'écroule. Sans rien pouvoir y faire.

Ce livre, difficile, courageux, assez confus, par trop ancré dans une époque forcément révolue, en devient difficile et par moments assez indigeste. C'est évidemment dommage.

Car la pensée de Bernanos est à l'évidence une pensée profonde.

Elle subit hélas le sort commun du temps qui passe.
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Georges Bernanos écrit « Les Grands Cimetières sous la lune » en 1937-1938. Il vit alors en Espagne, à Majorque où la guerre civile a éclaté en 1936. Témoin des massacres perpétrés par les franquistes, il renie son soutien aux nationalistes. Royaliste et catholique, il a rompu avec l'Action Française quelques années plus tôt. « Les Grands Cimetières sous la lune » est un essai dans lequel l'auteur s'attache à développer sa position et l'évolution de son soutien à Franco. S'il reste catholique pratiquant, il dénonce l'évêque de Palerme qui appuie les nationalistes dans leurs massacres et la complicité muette de l'Eglise. le livre doit être replacé dans le contexte historique. Georges Bernanos rend compte des exactions des fascistes italiens, de l'aveuglement des européens devant les menées d'Hitler alors qu'ils se croient « protégés » des visées bolchéviques. L'auteur se livre à des démonstrations où le raisonnement accuse l'hypocrisie de ses contemporains dans leurs pratiques religieuses, leurs engagements politiques. le discours est encore marqué par les premiers engagements de Georges Bernanos et comporte des propos antisémites. le style, le lexique et une certaine « emphase » marquent le livre qui paraît d'un autre temps. Toutefois, Georges Bernanos annonce les grands conflits à venir en observateur partisan et clairvoyant. Resitué dans son contexte, le livre est intéressant .Il demande toutefois critique et exigence dans sa lecture.
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Livre tout a fait accessible malgré un style un peu lourd, répétitif et bourré de références d'époque
Tout d'abord violente diatribe contre les imbéciles contre la petite bourgeoise les intellectuels pontifiants sur tout, la politique le peuple etc. , contre le commerce d'intermédiaires, la politique, l'ordre et l'argent , violente diatribe donc tellement actuelle qu'elle semble parfaitement adaptée à notre époque soit 80 ans plus tard
D'une actualité telle qu'il faut se dépêcher de la lire pendant cette période électorale pour comprendre pour qui on va voter et surtout pourquoi (Tout y est : socialement, politiquement, économiquement, financièrement parlant ( hormis la guerre picrocholine au virus omicron et consorts de notre bon Jupiter et ses compte-rendus quotidiens voire non-stop sur l'ennemi viral )
Ensuite violent pamphlet contre la guerre d'Espagne surtout sur les phalanges fascistes qui commettent des exactions gratuites sur les républicains, sur les incorporations forcées des révolutionnaires fascistes par les curés et les incitations à la tuerie et prêches pour la violence des évêques. La corruption des armées des militaires capables de se vendre au plus offrant et de se retourner contre leurs amis et l'incurie en fait de Franco.
Enfin règlement de compte avec ses détracteurs

Bernanos un homme bien seul, attitude courageuse, pour dénoncer les méthodes expéditives des troupes franquistes C'est bien difficile de renier ce qu'on a adoré et ce sur le moment même c'est à dire en plein conflit et se voir mis à l'index par ses amis
et plébiscité par ses ennemis
On lui sera gré d'être entré dans les détails qui sont précis, factuels et sincères et avoir fait un travail de grand reporter de guerre… civile , d'avoir été, sinon partie prenante, il aurait pu mais à ses risques et périls, le témoin de ce honteux massacre.
Excellent analyse , sans fard, de l'âme humaine de la méthodologie des politiques et cléricaux envers les pauvres les classes du lumpenprolétariat
Bien qu'il affirme haut et fort sa chrétienté et fasse du prosélytisme très conséquent et parfois un peu indigeste il ne ménage pas le clergé, pape compris ni les grenouilles de bénitier
Toutefois Bernanos est partisan de la guerre en bon chrétien et c'est un paradoxe 
Il croit la guerre sainte inévitable car guerre des derniers hommes libres, la guerre des hommes de bonne volonté ce qui relativise grandement ses cris d' orfraie sur les massacres illégitimes dans sa petite île de Palma
Bien qu'il brocarde le « Finissons-en une fois pour toutes ! » dans le fond il y est partisan mais le petit doigt en l'air et pour la « bonne guerre » L'armée pour l'ordre , l'Église pour la morale et le roi pour tous ah la belle argumentation casuistique de l' hypocrisie chrétienne !
Il sait fort bien en outre attaquer ses adversaires temporels en les ciblant du mieux possible tout en niant avoir des griefs contre la Sainte Église l'Institution de Dieu et la Royauté le tout au sens large Les problèmes étant ponctuels et locaux ainsi que le fait de quelques-uns En fait il parle pour lui-même minimisant ainsi sa diatribe et s'en excusant même hypocritement mais c'est un procédé littéraire bien pratique !

Parfois lecture ardue en fonction des faits d'époque relatés ainsi que de personnages plus ou moins célèbres ou pas connus ou il est préférable de se renseigner plutôt que de manquer la compréhension d'un passage cela casse un peu le rythme de la narration mais cela vaut le coup de s'y replonger

Peut-on en conclure que Bernanos fait l'apologie de la paix et la critique de l'ordre et la religion Non non... pas vraiment... il est seulement contre les excès qui nuisent grandement à la réputation de Dieu et il le dit fermement mais dans le fond sans grands risques pour sa santé et celle des siens Il est donc gagnant de tous coté même s'il perd ses amis qui ne le reconnaissent plus : une perte si minime alors qu'il affirme la Vraie Foi Un chrétien royaliste bon teint et moralisateur bien dans ses bottes qui manie avec aisance obséquieuse l'opprobre et pas trop regardant sur le fond… à cause de ses propres oeillères. L' Épisode Palma me semble-t-il, est un méchant prétexte pour régler ses comptes. Opportunisme ? Dommage !
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Le pamphlet, c'est bien quand on est énervé. Et Bernanos l'était visiblement, puisque ça l'a tenu non-stop pendant les 300 pages de son long plaidoyer pour un peu plus d'humanité en politique. le propos est noble, et l'homme savait de quoi il parlait, après avoir bouffé de la guerre des tranchées et soupé des agissements des Nationaux aux Baléares pendant la guerre civile espagnole. Il y avait franchement de quoi être dégoûté de la politique, de l'Église et de ses contemporains. Après, lire sa longue diatribe autant de temps après, ça lui fait perdre un peu de sa fraîcheur, il faut en convenir. Bien des noms cités n'ont plus guère d'écho aujourd'hui. Malgré tout, on peut tirer un certain nombre de ficelles pour établir des parallèles avec le marasme actuel, et l'insondable bêtise des déclarations politiques dont on nous rebat les oreilles à longueur de journée, et il n'est guère difficile d'adhérer aux railleries que Bernanos, qu'on ne peut pas soupçonner de sympathies de gauche, réserve tant aux partis révolutionnaires qu'aux nationalistes bêlants. Il a particulièrement eu l'occasion de souffrir de l'abus de pouvoir exercé par les novices en politique qui répètent à l'envi et en s'égosillant les slogans pré-mâchés qu'ils viennent tout juste d'ingurgiter. du coup, on ne peut que sourire narquoisement à ses coups de fleuret non moucheté qui les égratignent salement. Mais ça s'arrête là, son acharnement finit par être pesant et plomber lourdement un moral déjà mis à mal par nos difficultés à sortir de l'enfance, en tant qu'espèce.
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J'ai été incapable de lire le livre jusqu'à la fin. L'auteur tente de nous convaincre ou de se convaincre lui même que s'il est bon que Franco prenne le pouvoir, la méthode, la guerre civile n'est pas le bon moyen. Et cela dure, dure, dure. Georges Bernanos expose crument les actes de l'église de Majorque, de son évêque au antipode des 10 commandements. le massacre des ouvriers et son exposé est tout à fait spectaculaire. Par définition, les ouvriers étant pauvres, sont de gauche. Ils sont alors raflés à la sortie de l'usine, avec la bénédiction de l'église, emmenés un peu plus loin et exécutés, leurs chemises gardant la trace de leurs sueurs. J'ai entamé cette lecture à laquelle il est fait fréquemment référence dans "Pas Pleurer".
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