Livre tout a fait accessible malgré un style un peu lourd, répétitif et bourré de références d'époque
Tout d'abord violente diatribe contre les imbéciles contre la petite bourgeoise les intellectuels pontifiants sur tout, la politique le peuple etc. , contre le commerce d'intermédiaires, la politique, l'ordre et l'argent , violente diatribe donc tellement actuelle qu'elle semble parfaitement adaptée à notre époque soit 80 ans plus tard
D'une actualité telle qu'il faut se dépêcher de la lire pendant cette période électorale pour comprendre pour qui on va voter et surtout pourquoi (Tout y est : socialement, politiquement, économiquement, financièrement parlant ( hormis la guerre picrocholine au virus omicron et consorts de notre bon Jupiter et ses compte-rendus quotidiens voire non-stop sur l'ennemi viral )
Ensuite violent pamphlet contre la guerre d'Espagne surtout sur les phalanges fascistes qui commettent des exactions gratuites sur les républicains, sur les incorporations forcées des révolutionnaires fascistes par les curés et les incitations à la tuerie et prêches pour la violence des évêques. La corruption des armées des militaires capables de se vendre au plus offrant et de se retourner contre leurs amis et l'incurie en fait de Franco.
Enfin règlement de compte avec ses détracteurs
Bernanos un homme bien seul, attitude courageuse, pour dénoncer les méthodes expéditives des troupes franquistes C'est bien difficile de renier ce qu'on a adoré et ce sur le moment même c'est à dire en plein conflit et se voir mis à l'index par ses amis
et plébiscité par ses ennemis
On lui sera gré d'être entré dans les détails qui sont précis, factuels et sincères et avoir fait un travail de grand reporter de guerre… civile , d'avoir été, sinon partie prenante, il aurait pu mais à ses risques et périls, le témoin de ce honteux massacre.
Excellent analyse , sans fard, de l'âme humaine de la méthodologie des politiques et cléricaux envers les pauvres les classes du lumpenprolétariat
Bien qu'il affirme haut et fort sa chrétienté et fasse du prosélytisme très conséquent et parfois un peu indigeste il ne ménage pas le clergé, pape compris ni les grenouilles de bénitier
Toutefois
Bernanos est partisan de la guerre en bon chrétien et c'est un paradoxe
Il croit la guerre sainte inévitable car guerre des derniers hommes libres, la guerre des hommes de bonne volonté ce qui relativise grandement ses cris d' orfraie sur les massacres illégitimes dans sa petite île de Palma
Bien qu'il brocarde le « Finissons-en une fois pour toutes ! » dans le fond il y est partisan mais le petit doigt en l'air et pour la « bonne guerre » L'armée pour l'ordre , l'Église pour la morale et le roi pour tous ah la belle argumentation casuistique de l' hypocrisie chrétienne !
Il sait fort bien en outre attaquer ses adversaires temporels en les ciblant du mieux possible tout en niant avoir des griefs contre la Sainte Église l'Institution de Dieu et la Royauté le tout au sens large Les problèmes étant ponctuels et locaux ainsi que le fait de quelques-uns En fait il parle pour lui-même minimisant ainsi sa diatribe et s'en excusant même hypocritement mais c'est un procédé littéraire bien pratique !
Parfois lecture ardue en fonction des faits d'époque relatés ainsi que de personnages plus ou moins célèbres ou pas connus ou il est préférable de se renseigner plutôt que de manquer la compréhension d'un passage cela casse un peu le rythme de la narration mais cela vaut le coup de s'y replonger
Peut-on en conclure que
Bernanos fait l'apologie de la paix et la critique de l'ordre et la religion Non non... pas vraiment... il est seulement contre les excès qui nuisent grandement à la réputation de Dieu et il le dit fermement mais dans le fond sans grands risques pour sa santé et celle des siens Il est donc gagnant de tous coté même s'il perd ses amis qui ne le reconnaissent plus : une perte si minime alors qu'il affirme la Vraie Foi Un chrétien royaliste bon teint et moralisateur bien dans ses bottes qui manie avec aisance obséquieuse l'opprobre et pas trop regardant sur le fond… à cause de ses propres oeillères. L' Épisode Palma me semble-t-il, est un méchant prétexte pour régler ses comptes. Opportunisme ? Dommage !