Je m'en voudrais de ne pas prendre le temps avant de m'éloigner un peu de mon île perdue et de cette communauté de lecteurs, de dire quelques mots de roman que j'ai beaucoup aimé.
Il fait alterner deux récits d'abord à des dates différentes, puis qui se rejoindront plus tard, les étapes de quatre jours de route en vélo, le long du canal du Midi, d'un homme, Thomas accompagné de ses deux filles,qui l'accompagnent et l'aident, de Sète à Toulouse d'où il espère pouvoir passer en Espagne et échapper à une extradition demandée par l'Argentine au gouvernement français. Il est recherché pour avoir, avec ses complices montoneros, tué deux policiers lors de l'assaut d'un commissariat. en 1976.
Et le journal intime d'une de ses filles , Ilona , qui, lui, commence en 1987. Dans lequel on apprend très vite que sa mère a été arrêtée aussi sous ses yeux, son père un peu plus tard. le père , Thomas donc, a réussi a s'évader, sa mère est morte, ça elle le sait. Mais pas ce qui s'est réellement passé.
« Je ne sais pas ce que ça a pu être, les derniers instants de maman. »
Elle va l'apprendre progressivement, nous aussi.
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C'est un roman qui parle de deuil d'une mère dans des circonstances dont on n'a pas beaucoup parlé, de ce manque de mère ressenti en permanence, de secrets gardés, , et finalement, comme dans le roman de
Laura Alcoba, des conséquences pour la génération suivante bien obligée de reconstruire . Cette reconstruction, qui est pour moi le fond du roman , alliera finalement plusieurs choses parallèles au cours du temps . Une union avec quelqu'un qui a le même passé, la mise à nu de ce qui s'est réellement passé grâce à tout ce qui peut être enfin échangé entre père et filles au cours de ce périple, deuxième fuite , et d'autres témoignages qui mettront fin au mystère . Rien de pire que le non-dit..
Très touchant roman.