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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Aminata, dont on découvre le prénom au fil du livre, a été arrachée à son village, mariée et emmenée en France par son époux. Elle y vit avec lui et leur petite fille. Ne sachant ni lire ni écrire, et ne parlant pratiquement pas le français, elle subit un isolement supplémentaire, et non des moindres, avec l'obligation de porter un voile intégral.

Deux évènements vont asseoir sa volonté d'indépendance et de liberté. Tout d'abord une robe dont le rouge éclatant accroche son regard dans une vitrine devant laquelle elle passe comme un fantôme. Puis un livre déposé sur le palier du voisin, et qu'elle vole.
Elle tournera autour de ces deux objets, longtemps, au rythme des questions qui lui viennent, sur ce qu'elle est, ce qu'elle peut être, ce qu'elle souhaite pour sa fille, et comment...

L'écriture est d'une poésie sobre, les mots vont droit au but. le questionnement d'Aminata se heurte aux murs de l'appartement, ou aux limites de la cage de tissu qui l'entrave.
J'ai suivi l'éclosion de cette femme pas à pas avec passion, la gorge serrée.
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Rouge, Liberté... Rouge, Liberté ... Rouge, Liberté... Liberté, Liberté, Liberté... à crier, à hurler, à imposer.
C'est comme un signal qui clignote dans sa tête.
Combat de femme, ce livre sous ses airs anodins est à laisser entre toutes les mains.
Qu'entraînera ce cap passé? Après avoir bravé ses peurs, quel sera son sort?
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Beau moment de lecture avec ce petit roman, presque une nouvelle ou une fable
sur la condition des femmes opprimées, niées, bafouées
pour lesquelles on souhaiterait tant une petite robe rouge dans une vitrine et -soyons fous!- l'accès à la lecture...
Bravo à l'auteure pour Aminata et toutes les autres !

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j'ai été touchée par ce très court roman, à la fin du livre cette femme est devenue mon amie. J'ai envie de lui prendre la main pour l'aider a avancer sur le chemin de la liberté. Je trouve que l'écriture correspond exactement au personnage principale simple et forte malgré tout.
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« Kant et la petite robe rouge » est un court roman de Lamia Berrada-Berca, publié tout d'abord (2012, Editions La Cheminante, 104 p.) puis réédité (2021, Editions Do, 104 p.). En fait 103 paragraphes d'une longueur qui n'excède pas une page. Une petite fille et sa mère, deux autres femmes qui entourent la mère, la maitresse de la fille et la vendeuse de robes, et deux hommes, le mari et un voisin. Voilà pour les personnages. Les accessoires : un logement, sans plus avec cuisine et chambre, le magasin de robes, un livre et un dictionnaire.
Une femme donc, mariée, elle dit vendue, à un mari qui gère la famille selon ses principes. « Son but est de veiller à ce qu'elle soit bien propre et bien nourrie. A ce que la maison soit propre et bien tenue. La femme est programmée pour entretenir leur hygiène du bonheur à tous ». Il n'y a pas à revenir sur ces principes. Elle porte la burka sous la pression de son mari. « Elle voit le monde à travers un moucharabieh flottant ». Une chance, la fille, en âge d'être scolarisée, qui apprend à lire, à vivre, avant qu'elle ne soit, elle aussi vendue, c'est-à-dire mariée.
« Elle est passée devant d'abord sans la voir. Sans vouloir voir en fait. / A cause de sa longue tunique noire, sans doute, qui la rend différente ». C'est devant la vitrine avec la petite robe rouge, on s'en serait douté. Dès les premières pages, tout est en place, les personnes, les objets, les affects dont le désir, le silence, et l'ignorance. La robe rouge de la vitrine s'oppose à la longue tunique noire.
Le désir, oublié depuis longtemps, s'installe. Puis l'attente, jusqu'aux soldes. « Elle l'a vue. / Toujours là, toujours rouge, sa robe. / Elle l'a vue d'abord de biais, d'un peu loin, comme pour faire croire qu'elle attendait que le feu passe au rouge, histoire de l'admirer tranquillement ».
Il reste à ajouter les autres protagonistes, la vendeuse qui comprend le désir, a maitresse de la fille qui souhaite aider la femme. Reste un livre, déposé sur le paillasson du voisin « Qu'est-ce que les Lumières ? » de Emanuel Kant. Sans doute pas le plus facile à lire. « Sapere Aude » repris en rabat de couverture. C'est de Horace « Ose savoir » ou comment se servir de son libre arbitre. Encore eut il fallu savoir que l'on en avait un. Mais la maitresse explique tout à la fill.
« Quand le mari rentre, tout a disparu. le livre dans la marmite, la petite fille dans sa chambre, la jeune femme dans sa cuisine ».
On est pratiquement dans le conte de fée pour adultes. On aimerait que la réalité soit aussi généreuse. Hélas.
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Qu'on ne s'y trompe pas, ce n'est pas parce que ce livre ne recèle que 103 pages, qu'il y a nombre d'interlignes, qu'il n'y a pas une profondeur importante dans ce court texte !
L'histoire de cette jeune femme, élevée comme tant d'autres, sous le voile noir de la tradition. Effaçant ainsi son corps, son visage, sa voix. Elle n'est que ventre à remplir par un mari. Fixant l'horizon pour rien, jour après jour, s'occupant de sa fille qui même si elle va à l'école, est aussi interdite que sa mère.
Cette jeune femme, un jour va passer devant une vitrine dans laquelle se trouve une robe rouge. Couleur rouge-cri, couleur rouge-sang, couleur rouge-vie. de cette étoffe, de cette couleur va naître son désir, une nouvelle vision de ce que peut être la vie si elle osait porter une telle robe.
Naît également une réflexion nouvelle, blanche comme la lumière, le jour où elle découvre un livre de Kant, posé devant la porte de son voisin. Analphabète, elle demande à sa toute petite fille de le lui lire.
Quant une couleur et la littérature vous donne du courage, du sens, de la beauté, de la tristesse aussi et quelques sourires d'espoir alors vous refermez ce livre en ayant envie de prendre tendrement cette jeune femme dans vos bras et lui dire doucement Vas-y, tu peux, tu as le droit !
C'est un petit livre avec un grand espoir et un grand coeur !
J'avais découvert l'auteure avec Guerre d'une vie ordinaire et avait déjà été charmée par son univers.
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Elle a trente-trois ans, elle vit à Paris avec son mari et sa petite fille. Mais elle n'est pas comme les autres, elle n'a pas les mêmes droits : son époux l'oblige à la burka. Elle n'a pas le droit de voir l'institutrice sans son mari, elle est juste, comme dirait Pierre Perret, « sa bête de somme ». le jour où elle passe devant un magasin qui présente en vitrine une jolie robe rouge, elle est à la fois éblouie, et coupable. Elle n'a pas le droit de vouloir, elle n'a pas le droit de désirer, surtout une robe rouge… Et un jour,quelqu'un dépose sur le paillasson de son voisin un livre de Kant, « Qu'est-ce que les lumières ? ». Ce livre, sa petite fille va lui lire, difficilement, ce livre soigneusement caché de son mari. Et la phrase clé, « Aie le courage de te servir de ton propre entendement », accompagne son désir d'éveil.
Il y a beaucoup d'émotions dans ce petit livre. L'émergence du désir de cette jeune femme est touchant, autant que ses hésitations, sa peur et son courage. Un joli petit bijou à découvrir.
A la fin, des paragraphes tirés des écrits de Molière, Voltaire, laissent sans voix les joyeuses féministes que nous sommes...

Première fois édité en 2011, ce livre, un peu passé inaperçu, mérite d'être mis en avant.
De l'héritage légué par ses parents, au croisement d'un grand- père suisse-écossais et d'un autre arabe, d'une grand-mère française et d'une autre berbère, aux croisements de Paris, Berne, Fès, Aberdeen et le Sud marocain, entre une soeur vivant à Montréal et un mari d'origine sicilienne subsiste, comme un phare, la langue française.
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