Charles, professeur de français décide de quitter Bruxelles pour les Ardennes. L'homme de lettres y découvre ces contrées où le langage, qui l'a bien souvent sauvé de la noyade, ne lui est plus d'un grand secours.
Ici, les escargots lui remémorent les gens de la ville qui roulent au pas, les vaches ressemblent à des supporters de football, mais la grandeur d'un homme se mesure à celle de son tas de bois.
Ici, l'or noir est blanc, c'est le lait des vaches qu'on déverse dans les champs, quand la colère des agriculteurs mène à la révolte. Ici, l'homme est réduit à la condition d'esclave, une bête de somme au service de cette terre qui le nourrit à peine.
Ici, aussi, il y a Irène. En face d'elle Charles perd pied, s'enfonce dans les flaques, s'embourbe dans les champs et désespère de goûter aux fruits mûrs de la belle fermière, de plonger dans l'océan de ses yeux alors que l'égérie du monde agricole se retrouve à la une des journaux.
La vie n'est pas un roman, c'est à peine un poème, et encore, pour ceux qui ont le courage d'ôter le capuchon de leur stylo.
Alain Bertrand a puisé ce courage dans ses racines, pour nous offrir sur fond de terroir une histoire d'amour qu'on n'imaginerait certainement pas à la ville.
D'une écriture sensible, tour à tour ironique, sensuelle, voire drôle ou tendre,
le lait de la terre est une véritable incursion en Ardenne et en Gaume, une promenade au coeur des préoccupations paysannes. C'est savoureux comme une gelée de framboises au fond d'un yoghourt et bon comme du bon pain (bio bien sûr).
BEATRICE DEPARPELe lait de la terre,
Alain Bertrand, coll. Plumes du coq, éditions Weyrich.