Voici un thème de roman fort original et peu traité en fiction. Un thème malheureusement dans l'air du temps, celui des images d'une violence inouïe qui peuplent le net et les gens qui ont à charge de les modérer.
Nous suivons Kayleigh, jeune femme lesbienne qui, suite à une rupture avec une femme vénale, se retrouve endettée et décroche finalement un contrat dans une société de modération de contenus sur Internet. Son job : regarder des vidéos signalées (Youtube ?), les analyser selon des critères précis puis décider de leur publication ou non.
Les images visionnées sont insoutenables : de la violence, de la haine, de la maltraitance sur animaux ou sur enfants, des fakenews... Ce que le web recèle de plus ignoble et dangereux. Alors à la longue, le visionnage de ses images ont forcément un effet sur la psyché des employés qui se serrent les coudes et restent solidaires, d'autant plus qu'ils sont soumis à des conditions et des rythmes de travail épouvantables.
Avec ses collègues, la narratrice lie des relations fortes de camaraderie et tombe amoureuse de Sigrid, avec qui elle se met en couple. On se rend compte, au fil des pages, des répercussions que ces images ont sur cette petite bande de jeunes. Certains ont l'insulte facile, d'autres virent complotistes, Kayleigh devient insensible aux images, notamment pornographiques...
Nous savons que quelque chose de terrible a eu lieu car Kayleigh se livre tour à tour à un avocat, Maître Stitic, ainsi qu'à sa psychologue. Ainsi, une tension se crée et l'on souhaite savoir.
Un premier roman étonnant et très contemporain, traduit du néerlandais et publié au Bruit du monde, jeune maison d'édition, qui nous sensibilise à l'impact des écrans et des contenus violents, quelque soit l'âge du public.
L'écriture de
Hanna Bervoets est fluide et plaisante, le décor géographique des Pays-Bas est plutôt dépaysant et l'homosexualité de l'héroïne est naturel et n'est en rien un sujet, ce qui change.
J'ai juste été un peu déçue par la fin que j'avais imaginée plus impressionnante au fil du récit. J'aurais aimé une résolution plus franche et moins ouverte.
Je conseille ce texte et cette auteure. Malgré mes petites réserves, ça reste une très bonne découverte !