Citations sur L'Arrière-saison (130)
Elle est convaincue que le monde change, que la vie propose des épreuves mais qu'on peut rester soi-même et triompher de ces épreuves. En fin de compte, les souffrances font partie de l'existence, elles ne peuvent pas nous être épargnées mais elles valent cent fois mieux que des moments insipides, elles sont le prix à payer pour affirmer ce qu'on est et accomplir ce qu'on a décidé.
Il est des circonstances où les maladresses, même les plus familières, vous atteignent davantage que la pure cruauté.
Il faut croire que la mémoire emprunte des chemins étonnants et qu’elle a besoin de chocs émotionnels pour réveiller ce qu’elle a enfoui dans sa besace. P 34
Elle tient à être absolument certaine qu’elle n’a plus à l’attendre, qu’elle n’a plus à attendre. Qu’elle est seule désormais, absolument seule. Qu’elle est bien cette femme, agrippée à son téléphone portable, devant l’océan, à la porte d’un café déserté de tous, et qu’il ne lui reste plus qu’à raccrocher et à aller se jeter du haut d’une falaise, comme cela arrive à d’autres chaque été.
Tout à coup, ils ne sont plus uniquement leur passé ou leur passif, leurs amnésies criantes ou leurs remontrances muettes, ils ont des corps, des formes qu'ils connaissent bien, des peaux qu'ils ont souvent caressées, des bras qui leur ont servi à s'étreindre, des bouches qui se sont touchées chaque jour pendant cinq ans. Le désir, il est palpable. La violence qu'ils ressentent, qui les heurte tous deux ensemble, elle est physique. Ils s'en retournent aux origines.
Le crépuscule de Cape Cod tombe sur les vérandas des villas avoisinantes, où de jeunes femmes aux épaules découvertes ont profité jusqu’au dernier moment des rayons du soleil. Des chaises à bascule grincent avec le vent léger qui se lève, qui arrive maintenant de l’océan. Une balançoire bouge sans que nul ne l’actionne. Un frisson parcourt les dunes et agite les fils électriques pendus aux poteaux qui longent la route de la côte.
Est-ce que les mots qu’on prononce à l’instant des retrouvailles sont à ce point importants qu’il faille les décortiquer, les analyser, en soupeser l’un ou les sens ? P 38
Il est des revanches qu’il ne faut pas s’interdire, dont on ne doit pas avoir honte. Il est de menus châtiments qui consolent. P 75
Cependant, il ne perçoit pas l'intérêt qu'il y a à évoquer le passé si c'est pour n'en retenir que ce qui blesse. Il pense aussi que la prescription est possible, qu'elle est même souhaitable, que tous les deuils ont une fin. Et ça ramènerait un sourire sur le visage de Louise de parler d'autre chose. Elle est en train de se faire du mal et cela le contrarie. Il voudrait lui dire qu'elle ne tirera aucune satisfaction de ces règlements de comptes, qu'on ne guérit pas de ses blessures en les ravivant.
Donc, au début, elle sourit.
C'est un sourire discret, presque imperceptible, de ceux qui se forment sur le visage parfois, sans qu'on le décide, qui surgissent sans qu'on les commande, qui ne semblent reliés à rien en particulier, qu'on ne saurait pas forcément expliquer.
Voilà : c'est un sourire de presque rien, qui pourrait être le signal du bonheur.