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Philippe Besson (Autre)
EAN : 9782260054672
208 pages
Julliard (07/01/2021)
3.67/5   830 notes
Résumé :
Un roman tout en nuances, sobre et déchirant, sur le vacillement d'une mère le jour où son dernier enfant quitte la maison. Au fil des heures, chaque petite chose du quotidien se transforme en vertige face à l'horizon inconnu qui s'ouvre devant elle.
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Critiques, Analyses et Avis (189) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 830 notes
C'est l'histoire d'une mère. Une histoire, banale à pleurer, belle à chialer. C'est l'histoire d'un enfant, d'un grand garçon, qui quitte le nid.

Ce matin, Théo part, oui, il déménage, il s'en va vivre ailleurs.

La dernière fois que j'ai lu Besson, c'était le temps d'un dîner. Ici, tout se déroule sur une journée. le temps d'un déménagement, d'un emménagement, le temps de tout bouleverser pour cette mère qui laisse partir le petit dernier, le temps de voir sa terre trembler de l'intérieur.

J'ai été ému par cette mère, simple et follement réelle, Anne-Marie.

Anne-Marie. C'est le prénom de cette madame tout le monde à qui Besson donne de la voix comme personne. Anne-Marie, c'est un prénom d'anti-héroïne. Ou alors de celles qu'on croise dans la vraie vie. Ni Scarlett, ni Juliette ou Bérénice, juste Anne-Marie.

« Elle dit : « C'est passé vite quand on y pense. »

Elle parle de la vie. Elle parle de sa vie. »

Une fois de plus, Philippe Besson, horloger de l'intime, dissèque les rouages de ce qui se cache à l'intérieur des êtres. Ces émotions subtiles, universelles, qu'il dépiaute avec bonheur, qu'il épluche avec minutie. Cette mélancolie, cet au revoir, dont les accents de vérité ne peuvent qu'émouvoir le lecteur.

Portrait de femme, de maman, face à elle-même, entre pudeurs et cris rentrés.

J'ai aimé ce roman. Car Besson est là où je ne l'attendais pas, dans la tête de cette femme qui se retrouve fort dépourvue à l'heure des au revoir. Cette journée prend au coeur, fascinante dans sa banalité, dans son universalité, dans ce basculement vers une forme de néant.

C'est un roman qui ne fait pas de bruit, qui ne sort de son chapeau qu'une infime vérité et une douce mélancolie de vivre, sans folie, mais oh combien réelle, palpable.

Autopsie d'un coeur gros comme l'amour d'une maman. Un roman, encore une fois, beau comme l'élégance des sentiments.
Lien : https://labibliothequedejuju..
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Philippe Besson a le don ! le don de m'émouvoir. Et là, je n'avais pas encore passé la page 24 que mon oeil s'humidifiait déjà. Pourquoi ? Certes, le dernier a quitté le nid cette année, c'est un indice ! Certes, nous ne l'avons su que deux semaines avant, le nouveau nid à l'autre bout du pays, c'est un deuxième indice. Mais l'émotion n'est pas venue de ce départ. Elle est venue de l'écriture qui a fait surgir des pensées que je n'avais pas eues, des souvenirs que je n'avais pas encore évoqués… finalement l'auteur m'a fait réaliser pleinement l'impermanence de l'enfance ! Il s'est immiscé dans mon coeur au point de me troubler, et pourtant, il n'est pas « mère ». Il m'a guidée vers des regrets parfois, mais m'a rappelé également que j'ai des passions et ne vis pas que pour ma progéniture !

Alors j'ai lu et j'ai pleuré, moi qui pourtant n'ai pas eu d'enfants pour les garder pour moi, mais au contraire pour qu'un jour ils quittent le nid et vivent leur vie !

C'est habile de titiller l'inconscient avec des mots consciemment choisis. Vers la fin, pourtant, j'ai cessé de vibrer, car je n'ai plus ressenti aucun écho… la vie se poursuit, les livres s'écrivent et ressemblent à la vie.
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En ce dimanche matin, Anne-Marie s'affaire dans la cuisine. Prépare la table du petit-déjeuner. Et attend la venue de son mari, Patrick, pour toaster le pain de mie. Juste quelques paroles échangées. Quant à Théo, il dort encore. D'ailleurs, Patrick se demande s'il ne faudrait pas aller le réveiller. Il y a encore des choses à faire avant le départ, notamment terminer les cartons. Sa femme lui propose alors d'aller s'occuper du jardin en attendant que tout le monde soit prêt. Lorsque Théo débarque dans la cuisine, Anne-Marie le regarde en détail et songe aussitôt que c'est la dernière fois qu'il apparaît ainsi devant elle, que c'est le dernier matin. Nostalgique, elle repense alors à tous les matins qui ont précédé et réalise que la vie ne sera plus tout à fait la même maintenant que le petit dernier quitte la maison familiale...

Théo, le dernier enfant, né quelques années après les deux aînés. Celui avec lequel Anne-Marie, sa maman, aura tissé des liens particuliers, forts. Aussi, lorsque arrive le moment où il doit quitter la maison pour poursuivre ses études à une quarantaine de kilomètres, Anne-Marie s'en trouve bouleversée, vacillante, déchirée presque et une profonde mélancolie l'envahit en ce jour de déménagement. À quoi va ressembler sa vie et celle de son couple, maintenant ? À quoi va-t-elle occuper ses moments qu'elle consacrait à son fils ? le temps d'une journée, Philippe Besson nous plonge dans les émois de Anne-Marie. Avec beaucoup d'émotions, de nostalgie et de pudeur, il nous fait ressentir, avec des mots d'une simplicité rare mais si intense, tout ce que cette mère de famille ressent, et ce jusqu'au plus profond d'elle-même : sa douleur, son désarroi, sa tristesse, son égarement... Un roman émouvant, d'une infinie tendresse...
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« Á ma mère » est-il noté en dédicace de ce dernier roman de Philippe Besson, car il est un peu ce « dernier enfant » qui quitte le cocon familial pour aller faire des études. Cette fiction puise dans le vécu de son auteur, c'est ce qui le rend sans-doute si émouvant et si proche de nous.
Je n'ai pu m'empêcher de prendre à mon compte la mélancolie et la déprime de cette mère qui vit le départ de son dernier enfant. Qui n'a pas vécu ce petit pincement au coeur lorsqu'un enfant quitte la cellule familiale pour aller vivre sa vie ?
Théo, le petit dernier que sa mère espérait garder un peu plus dans son giron, emballe ses affaires pour emménager dans la ville où il va débute run cursus universitaire. L'histoire se déroule sur une seule journée, celle du déménagement du fils accompagné de ses parents, et de son installation dans son studio d'étudiant. Dans les dernières pages, il sera donc bien parti, et cette rupture laissera un sentiment d'abandon et de grande fatigue à sa mère. Ses repères ont disparu, elle ne sait plus à quoi se raccrocher. Elle qui croyait pourtant être préparée à ce départ vacille.
Se pose aussi la question du couple vieillissant, soudain confronté à ce face à face et ce silence retrouvé après le départ des trois enfants.
La nostalgie des souvenirs, l'angoisse des jours sans enfants dans la maison et ce vide qui s'ouvre sous ses pieds, c'est ce que vit Anne-Marie tout au long de ces pages, nous entrainant avec pudeur dans son intimité.
Du père et mari, on n'a qu'un portrait distant, c'est un homme qui parle peu et s'épanche encore moins. Mais il est là, et sa présence silencieuse rassure sa femme.
De Théo, on ne sait que ce qu'en dit la mère. de ce petit garçon si mignon et attachant grandi trop vite et pressé de prendre son envol, elle aurait tant voulu qu'il reste encore un peu dans la maison, et son désordre, les heures passées devant les jeux vidéo, ses tartines qu'elle fait griller, tout cela lui manque déjà. Elle se sent soudain dépossédée de sa maternité et se demande à quoi elle va servir dorénavant.
Ce concentré de tout une vie est décrit avec beaucoup de justesse et de sensibilité. C'est délicat, tout en nuances, et Philippe Besson excelle à raconter les petits détails d'une vie et à nous faire toucher du doigt les pensées et les sentiments d'une mère.
Une belle, une émouvante lecture.



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J'avoue humblement ne jamais avoir lu un texte de Philippe Besson ; voilà qui est fait, grâce à des amis-Libraires [Librairie Caractères / Issy-les-Moulineaux ], ayant eu la gentillesse de me prêter le Service de presse de son prochain livre, à paraître le 7 janvier 2021…

La teneur et le ton de ce roman s'accordent on ne peut mieux, à la photographie, couleur sépia, ornant la couverture…La nostalgie,le chagrin, le temps qui file comme l'éclair…les enfants qui grandissent trop vite, les rejetons devenus adultes sans que les parents n'y aient pris garde…Une brusque solitude des parents, et de la maman, en l'occurrence. Réorganiser une vie de « parents » en une autre existence, à nouveau centrée sur le couple d'origine… La maison vide, les prémices du vieillissement, etc.

Ce roman se situe en une seule journée : journée ultime du petit dernier d'une fratrie de trois enfants ; des parents vont aider leur cadet à emménager dans son premier logement… le narrateur se trouve être la maman, qui a un mal fou à réaliser l'inexorable de ce départ, et chaque détail, même le plus prosaïque de cette dernière journée, va induire un déferlement de souvenirs…

« Pourtant, il pourrait d'ores et déjà rentrer chez lui, parcourir les trois cents mètres qui le séparent de son nouveau domicile, ce serait une façon de ne pas conférer de solennité à ce qui advient, mais cela témoignerait d'une indifférence méchante à l'égard de la peine immanquable de sa mère. Et méchant, il ne peut pas l'être: celle qui s'éloigne est tout de même son premier amour. D'ailleurs, lui aussi, il est ému, et ça le décontenance, ça le déséquilibre un peu, il ne va pas le nier. Ce n'est pas rien, ce qui se passe, c'est un basculement vertigineux; il entre dans la grande photo du monde. (p. 128)”

Avec des mots simples, Philippe Besson exprime au plus juste la douleur intense d'une mère, voyant partir son dernier enfant, vers sa vie d'adulte à construire, qu'il doit inventer à son tour…son désarroi infini devant tout cet espace brusquement “vide” ; le « deuil « incontournable à faire pour chaque parent et chaque mère , à « l'envol » de ses rejetons :

« (...) c'est la dernière fois qu'il apparaît ainsi, c'est le dernier matin.
Et immanquablement, elle est envoyée à tous les matins qui ont précédé, ceux des balbutiements et ceux de l'affirmation, les matins d'école et les matins de grasse matinée, les matins d'hiver dans la lumière électrique et les matins d'été comme celui-ci, les matins malades et les matins en vacances, les pacifiques et ceux du mauvais pied, combien y en a t-il eus, il serait facile d'établir le compte exact, mais elle redoute que le compte exact ne lui donne le vertige, tous ces matins qu'il pleuve ou qu'il vente, elle était présente et c'est fini, ça s'arrête ici, ça s'arrête maintenant. Elle sourit et il fait semblant de ne pas discerner la tristesse dans son sourire. « (p. 26)

Il est aussi question, inévitablement, des écarts de compréhension, de vocabulaire, de codes différents , entre les générations… il n'est vraiment pas aisé d'être parent !...

« La vérité, c'est qu'elle pense à tout ce qui se joue en dehors d'elle, tout ce dont elle est exclue, tout ce que son fils ne lui confie pas, parce qu'un garçon de cet âge parle avec ses amis, pas avec ses parents, elle songe que son fils cloisonne naturellement son existence et que désormais elle se tient du mauvais côté de la cloison , elle songe que, jusqu'à une période récente, elle savait tout et que désormais elle ne sait plus grand-chose, elle partageait l'essentiel et désormais elle n'a plus droit qu'à l'accessoire (…) (p. 70)

Ce texte, dans une prose très sobre, décrit efficacement et frontalement le désarroi d'une mère à l'envol de son dernier enfant… Tout sonne juste, et nous interpelle. de moi-même, je n'aurais sans doute pas acquis cet ouvrage, mais je suis ravie que mes amis-libraires m'en aient donné l'opportunité, et ce moment de lecture a eu du positif, puisqu'il a provoqué ma curiosité sur les autres écrits de cet écrivain...!

Je ne peux pas encore vraiment émettre un avis sur cet auteur, n'ayant lu que cet unique roman…
En parcourant sa bibliographie, j'ai toutefois noté , dans un autre registre, deux publications qui attisent mon envie d'aller un peu plus loin: un texte écrit à partir d'un tableau d'Edward Hopper, « L'Arrière- saison « et « Les jours fragiles », les derniers jours de Rimbaud, avec sa soeur Isabelle...
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critiques presse (5)
LaCroix
21 juin 2021
Philippe Besson sonde avec délicatesse la fébrilité d’une mère dont le cadet quitte le nid familial.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Culturebox
02 février 2021
Un ouvrage émouvant qui raconte le départ de la maison familiale du dernier de la fratrie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LePoint
28 janvier 2021
Que se passe-t-il chez une femme le jour où son dernier enfant quitte le nid ? Elle vacille. Philippe Besson se souvient de la sienne.
Lire la critique sur le site : LePoint
LaPresse
25 janvier 2021
Après nous avoir offert trois romans autobiographiques qui tournaient autour de son histoire d'amour avec « un certain Paul Darrigrand », Philippe Besson revient à la fiction pure en se glissant dans la peau d'une mère de famille dans la cinquantaine.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeJournaldeQuebec
18 janvier 2021
Philippe Besson revient à la fiction en décrivant le parcours d'une mère dans son nouveau livre.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (149) Voir plus Ajouter une citation
(...) c'est la dernière fois qu'il apparaît ainsi, c'est le dernier matin.
Et immanquablement, elle est envoyée à tous les matins qui ont précédé, ceux des balbutiements et ceux de l'affirmation, les matins d'école et les matins de grasse matinée, les matins d'hiver dans la lumière électrique et les matins d'été comme celui-ci, les matins malades et les matins en vacances, les pacifiques et ceux du mauvais pied, combien y en a t-il eus, il serait facile d'établir le compte exact, mais elle redoute que le compte exact ne lui donne le vertige, tous ces matins qu'il pleuve ou qu'il vente, elle était présente et c'est fini, ça s'arrête ici, ça s'arrête maintenant. Elle sourit et il fait semblant de ne pas discerner la tristesse dans son sourire. (p. 26)
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" Maman, faut couper le cordon, tu sais"

Ah non, pas ça, pensa t-elle. Pas cette expression toute faite qu'on lui serine.Chaque fois, elle a envie de répliquer : un, il a été coupé le cordon, deux, pas par moi et on s'étonne après. Pourtant, elle ne balance jamais cette réplique. Les gens lui objecteraient qu'elle n'a rien compris, qu'il s'agirait d'une métaphore. Comme si elle ignorait ce que c'était une métaphore! Et sa réponse à elle, elle ne serait pas métaphorique par hasard? Elle dit : " oui, oui, je sais"
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Patrick, de son côté, est renvoyé à d'autres souvenirs : "Ça ne vous rappelle pas quand on partait en vacances ? On était serrés comme des sardines dans la Xantia parce que ta mère ne pouvait pas s'empêcher d'emporter des tonnes de trucs, des valises bourrées de vêtements comme si on s'absentait pour des mois et des sacs débordant de nourriture comme si on devait tenir un siège." Anne-Marie est un peu surprise d'être montrée du doigt alors qu'elle n'a rien demandé et Théo sourit dans sa moustache encore naissante. Il est exact qu'elle ne lésinait pas sur les paquetages, et du coup, en effet, les enfants devaient se serrer à l'arrière et elle-même parfois se retrouvait à devoir poser les pieds sur un balluchon qui débordait. Il lui importait que la famille puisse s'adapter à des conditions météorologiques changeantes, d'où les anoraks voisinant avec les maillots de bain. Et elle préférait acheter des pâtes et du papier W.-C. en grande quantité à son Leclerc où c'était moins cher plutôt que dans la supérette locale qui n'hésitait pas à arnaquer les touristes.
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"Tu le savais qu'il allait quitter le nid, ça fait des semaines que tu m'en parles."
Anne -Marie ne peut qu'acquiescer :" oui, bien sûr, mais…mais c'est pas pareil quand ça arrive. Tu as beau t'être préparée, quand c'est là, c'est autre chose."
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"La maison, c'est la maison de famille, c'est pour y mettre les enfants et les hommes, pour les retenir dans un endroit fait pour eux, pour y contenir leur égarement, les distraire de cette humeur d'aventure, de fuite qui est la leur depuis les commencements des âges."
Marguerite Duras, "La vie matérielle"
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