Mon tour du monde en 80 jours

De mon petit coin des Alpes, j'ai suivi avec passion le dernier Vendée Globe. J'ai admiré ces marins un peu fous mais surtout très entraînés et professionnels, lors de leur préparation, de leur course et à leur arrivée.
Je me suis passionnée pour ce tour du monde mythique et mystique, pour ces vagues gigantesques, cet horizon mystérieux et cette solitude recherchée et parfois redoutée. J'ai admiré sans fin ces sportifs et humains d'excellence !

C'est avec toute cette fougue et cette fascination que j'ai ouvert le récit de Yannick Bestaven, le grand gagnant de cette édition 2020-21. Je pensais mettre un pied de plus dans l'intime de cette course. Je pensais devenir, l'espace d'une lecture, la confidente, la co-pilote, la conseillère de ce skipper d'exception. (Oui, je le sais, je manque d'humilité).

Et bien, j'ai été un peu déçue. J'en attendais certainement un peu trop. Je souhaitais des bouleversements, de la poésie, des questionnements, des émotions et je me suis retrouvée face à des éléments techniques qui m'ont perdue. Je ne cherchais pas un guide de course ou un mode d'emploi. Je voulais juste rencontrer l'homme capable d'un si grand exploit.
S'il s''est parfois laissé entrevoir, il a aussitôt disparu derrière des considérations organisationnelles, financières ou alimentaires.

C'est un bon livre sur l'envers et les coulisses de la course. Mais à moi, il m'a manqué ce supplément d'âme qui sait me toucher en profondeur et m'emmener au-delà des mers dans cet univers de la voile en solitaire si fascinant.

La victoire de Yannick Bestaven a été incroyable, suite à une stratégie audacieuse à l'arrivée.
Trois mois de solitude, de galères, de conditions épouvantables.
Mais hélas, un récit sans grandeur survole l'exploit.
D'un déroulé très factuel, on n'apprend rien de plus qu'on ne savait déjà.
Bien sûr, la situation est impressionnante, mais elle est banalisée.
J'aurais aimé lire un autre récit que celui du carnet de bord.
L'écrit a cette capacité d'aller au-delà de l'action et du visible. C'était la possibilité de rentrer dans les réflexions et les états d'âmes du navigateur.
Mais Yannick Bestaven semble lisse, ce qui n'est probablement pas le cas.
Le livre souffre d'une vraie plume, celle qui embarque dans la démesure de l'aventure humaine.
Un livre plaisant à lire. Sans plus.