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La première fois que j'ai entendu Ingrid Betancourt, c'était au micro de Patricia Martin sur France Inter, quelques années avant son enlèvement par les FARC et elle m'avait impressionnée par la force de ses convictions et de son engagement. Des années plus tard, j'ai lu avec passion Même le silence a une fin, pour faire la part des choses entre toutes les irritations justifiées qu'elle pouvait provoquer et ce qu'elle avait à dire de sa captivité et j'avais particulièrement apprécié sa finesse d'analyse des comportements humains et la sincérité de son récit.
C'est pourquoi je remercie vivement les éditions Gallimard et Babelio Masse critique de m'avoir permis de découvrir son premier roman, La ligne bleue.
Julia l'héroïne a bien des points communs avec Ingrid Betancourt. C'est une belle jeune fille pétillante et choyée par les siens qui s'engage en politique très tôt. Et elles sont toutes deux originaires d'Amérique de sud, le roman se situe dans les années 70, à Buenos Aires.
Julia s'engage dans la clandestinité auprès des Montoneros au côté de Théo dont elle attend un enfant mais tous deux seront bientôt capturés, torturés. Julia a hérité d'un don de voyance de Mama Fina, sa grand-mère, ce qui lui permet d'anticiper des situations douloureuses tout au long de sa vie. Cela semble un peu artificiel mais les différentes « visions » de Julia qui alternent son récit au passé ou au présent, apportent une note de suspens qui tient en haleine jusqu'à la fin.
L'histoire se termine en queue de poisson, le style est plat mais l'intérêt du livre n'est pas là. Théo ne vit que vous venger son frère décédé sous la torture, Julia mène une vie en apparence tranquille en France où elle élève leur fils Ulysse. La plongée dans l'histoire tourmentée de l'Argentine au moment du retour de Perón est passionnante, les scènes de tortures glaçantes. Comment se reconstruire individuellement et collectivement après des mois de captivité, comment faire surgir la vérité et vivre encore ensemble, Ingrid Bétancourt signe un roman sombre et lumineux à la fois, un livre qui lui ressemble.

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Un beau roman, âpre et fort, avec des personnages féminins marquants et une tension dramatique. En toile de fond, des visions de Julia, l'héroïne, des flash-backs ... Julia en 2006, Julia et Theo plus jeune, Theo le jeune idéaliste, Theo et son frère, puis Theo plus tard père de son enfant ...
Attention si vous êtes une âme sensible, des scènes de torture non complaisantes mais assez réalistes, de nombreux passages en captivité ...
Un roman sensible et intelligent en hommage aux desaparecidos d'Argentine.
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Argentine 1976. « le coup d'Etat militaire dirigé notamment par le général Jorge Videla, marque la fin du gouvernement d'Isabel Peron et le début de la dictature en Argentine. Commence alors une répression contre les « ennemis de la nation ». Les opposants au régime sont arrêtés violemment, torturés puis jetés dans le Rio de la Plata ou enterrés dans l'anonymat, souvent dans des fosses communes. »

C'est dans ce climat politique des plus dramatiques que nous entraine Ingrid Betancourt à un rythme soutenu à en perdre haleine avec de fréquents flash-back, à travers Julia et Théo proches des Péronistes déchus, qui vont être confrontés au nouveau régime, celui de la terreur.
Douée d'un don de voyance et de prémonition surdéveloppés Julia s'en servira pour tenter de sauver ceux qu'elle aime des pires situations de la lutte pour la survie des Trotskistes que le nouveau pouvoir a décidé d'exterminer et dont Théo défend la cause.
Aux côtés de Julia l'Argentine, Ingrid Betancourt donne vie à d'autres superbes figures féminines comme la grand-mère, Mama Fina.
Avec « La ligne bleue » Ingrid Betancourt signe un grand et magnifique roman,
à la fois roman d'amour, et roman d'aventure servi par une très élégante écriture.


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J'avais beaucoup aimé la plume d'Ingrid Bétancourt dans "Même le silence a une fin" ou elle revenait sur sa captivité. J'étais donc curieuse de l'a découvrir en auteure de fiction. J'avais des craintes aussi, elle choisit encore l'Amérique du sud, le résumé parle d'une histoire d'amour, j'avais donc peur de tomber sur une histoire légère, une romance de plus. Et bien je me trompais sur toute la ligne !

Je pourrais comparé ce roman a ceux d'Isabel Allende, c'est la pensée que j'ai eu pendant toute ma lecture. de l'amour bien sur, mais aussi et surtout l'évocation de la dictature qui ont sévit en Amérique du Sud, ici en Argentine, avec juste une petite pointe de magie, de fantastique.

Mais revenons sur la dictature, Ingrid Betancourt choisit de ne rien épargner au lecteur. Autant vous dire que certains passages sont très durs, je pense au scène de tortures notamment. C'est un tout cas un très bon documentaire et témoignage qui m'a beaucoup appris.

Les personnages sont très attachants forcement et j'ai été prise du début a la fin. Ce qui m'a quand même dérangé c'est la construction du roman, on change d'époque très souvent et j'étais un peu perdue au début. Mais je vous rassure on s'y retrouve très vite et le roman se dévore. C'est en tout cas une très bonne découverte.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Après un immense coup de coeur pour Même le silence a une fin dont je garde un souvenir intacte, il me fallait être consciente que la barre était placée très haute.
C'est avec un roman qu'elle revient à l'écriture. Parce que les quelques livres qu'elle a eu entre les mains durant sa captivité lui ont permis de rester debout ; lire ou écrire, reste pour elle un besoin viscéral.

De la dureté des FARC, à la dictature argentine, il n'y a qu'un pas. C'est dans ce pays, miné, dans les années 70 par une dictature sans nom, que les personnages d'Ingrid sont façonnés, sous l'oeil bienveillant, aimant, et extralucide de Mama Fina, la grand- mère que chacun d'entre nous aimerait avoir. Son troisième oeil, c'est à Julia qu'elle le transmet ; troisième oeil, qui est un don Et comme tout don, il doit aider les autres.

En jouant avec les époques, Ingrid Betancourt, nous conte l'histoire d'une jeunesse prise dans les tourments de l'histoire honteuse d'un pays, d'une jeunesse éprise de liberté et d'idéaux luttant contre l'oppression.

Que faisons6 nous de notre liberté ? Choisissons- nous d'être libre ? Comment traversons-nous les épreuves ? Quelles directions prenons-nous à la sortie du tunnel ? La vengeance, ou la vie et le bonheur envers et contre tout ?

Telles sont les questions qui surgissent d'un roman d'une légèreté apparente, et qui de prime abord peut paraitre comme un simple divertissement.

Je retrouve avec plaisir la plume élégante d'Ingrid Betancourt, et son envie communicative de croquer la vie.

C'est en tout cas ce qu'elle dégageait, il y a quelques semaines, lorsque qu'elle est venue, un dimanche après-midi, donner corps à ses personnages, partager son expérience, mais surtout nous parler d'avenir, de ses combats, de ses craintes, et sa foi inébranlable dans les causes qu'elle défend.

Un grand merci aux éditions Gallimard, et à Babélio pour m'avoir permis de lire cet ouvrage.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Le cauchemar. 11 mai 1974, sous le gouvernement de Perón.
L'homme à la fine moustache à la chinoise tire à bout portant avec son pistolet-mitrailleur, blessant mortellement le Père Mugica et touché deux autres personnes au passage. Julia n'avait pu conjurer le sort. Quelques heures auparavant, le serviteur de l'Eglise la saluait encore comme tous les jours depuis un mois, en lui faisant un clin d'oeil. Il était de très bonne humeur. – Ne t'inquiète pas pour moi, lui avait-il dit. C'est une trop belle journée pour que ce soit ma dernière…
Julia prit le chemin de la maison, les larmes lui collaient des mèches de cheveux au visage qu'elle n'essayait même pas de dégager. Mama Fina lui nettoya les joues. Elle la regarda droit de ses yeux clairs : - « Tu as fait tout ce qu'il fallait. – Non, j'aurais dû être là… ».
Julia revivait les tremblements prémonitoires de sa dernière vision. le déclenchement presque instantané de son troisième oeil : un homme robuste affublé d'une petite moustache taillée, debout devant elle. Il portait une parka marron et un pantalon noir, le corps à moitié caché derrière une Renault bleue. L'homme était en train de vider sa mitrailleuse 9 mm sur elle. Sous le choc, Julia vit les jets de sang qui giclaient vers l'avant alors qu'elle s'observait en train de tomber par terre. Elle eut le temps d'apercevoir l'homme à la moustache monter à l'avant d'une Chevrolet verte qui démarrait en trombe.
Mama Fina ne la laissa pas s'embourber un instant de plus. – « Nous sommes seules, ma Julia, il n'y a aucun mode d'emploi. Avec ou sans don, nous sommes tous confrontés à la condition difficile de vivre dans la conscience de notre propre mort, alors que nous nous croyons éternels. S'affranchir de l'entrave du temps, est un désir ardent pour tous. Or toi et moi savons, de façon empirique, qu'il y a des portes de sortie, une libération possible ».
Automne boréal, 2006. Julia est heureuse et se laisse envahir, remplissant tout son être de ce vent voyageur, humant son air piquant à pleins poumons. Elle le reconnaît avec son parfum de sel et de bitume. Cet air du Connecticut ressemble étrangement à celui du Buenos aires de son enfance. Peut-être est-il moins cordé, moins dense, plus raffiné. Elle sait d'expérience que la mémoire encapsule l'essence des choses d'une façon capricieuse. le présent semble souvent plus fade que les souvenirs.
Ingrid Betancourt nous plonge dans l'histoire magistrale de cette jeunesse idéaliste et révolutionnaire de l'Amérique Latine des années 60 et 70. Où Julia, dès l'âge de cinq ans, doit interpréter des visions, des scènes de l'avenir, comprendre leur interprétation. Ce don précieux mais combien encombrant, elle découvrira l'avoir hérité de sa grand-mère Josefina avec qui elle balisera ses cheminements.
Chasse aux opposants, emprisonnements, tortures, disparitions animaient précédemment « Même le silence à une fin » le récit de la captivité de l'auteure dans la jungle. L'écriture de « La ligne bleue » ira plus loin et davantage en profondeur dans la reconstruction de l'individu après le traumatisme : privation de liberté, chantages, sévices, isolement. Disparition de tout lien avec les familles, les amis, le pays. Et surtout, comment reconstruire des relations amoureuses avec l'être aimé qui a survécu de son côté à d'autres épreuves et d'autres traumatismes. Théo qui n'a plus jamais eu de foyer, ayant vécu tout ce temps comme un juif errant…

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La ligne bleue secoue. Elle file, bien droite sur l'horizon, mais le roman progresse par pas de côté, entre le présent de la narratrice, ses souvenirs de jeunesse et les flashes prémonitoires qui lui montrent comment aider ceux qu'elle aime.
C'est un récit dur, qui évoque sans fard les pratiques de la dictature argentine, mais questionne aussi ce que les dissidents sont prêts à faire, pour se protéger d'abord, et se venger ensuite. Nos héros font des choix divergents sur plusieurs plans, tant pour le pays de l'exil que pour le moteur qui les aide à survivre après la souffrance.
Je conseille ce roman, qui nous interpelle autant sur la compromission politique que le sens du pardon. Et puis accessoirement, c'est une piqûre de rappel historique sur toutes ces horreurs que l'Occident a laissées advenir dans le pré carré de la CIA...
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Je n'avais pas réussi à lire son précédent livre "Même le silence a une fin" où elle nous livrait son calvaire de ses années de détention, c'était trop dur de savoir qu'elle avait vécu ça...

Dans ce livre où elle prend le biais de la fiction, ses descriptions dans certains passages sont très durs à lire mais on se dit que c'est de la fiction, et même si on a la nausée au bord des lèvres, on continue la lecture.

L'histoire est poignante, on s'attache aux différents personnages, on espère avec eux. J'ai beaucoup aimé certains passages, très poétiques, pleins de lumières.

J'ai beaucoup aimé, avec cette fin inattendue et d'un côté qui ne pouvait finir autrement.
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Un livre passionnant lu en deux jours.

> Juste un petit reproche qui m'a gêné, l'auteur va de 2006 aux années antérieures sans arrêt.

> Certains passages de tortures sont durs à supporter.

> Julia a hérité de sa grand mère, Mama FINA d'un don. Elle peut voir exceptionnellement l'avenir.

> le sujet du livre est surtout l'histoire de l'Argentine sous la dictature.

> Nous devrions nous estimer heureux de vivre en France à notre époque où nous pouvons dire haut et fort n'importe quoi......

> Je me souviens dans les années 60 à Madrid des amis espagnols dans un café me disant de me taire car j'avais juste prononcé le mot FRANCO.

> Julia aime Théo qui est un Montenero. A la fin du gouvernement d'Isabel PERON la répression des opposants au régime est ultra violente...des milliers de disparus .....

> Roman de détente facile à lire.
Mireine
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Je ne connaissais pas Ingrid Betancourt en tant qu'écrivaine et franchement c'est une belle réussite. J'ai toujours été admirative de son courage à cause de ce qu'elle a vécu en Colombie quand elle était prisonnière des FARC. Je me rappelle, c'était une belle nuit d'été du côté du Pont du Gard en 2008, j'étais à un concert en plein air de Manu Chao, une autre personne que j'apprécie énormément quant au bout de près de 3 heures de spectacle dans un décor grandiose, un murmure est passé dans la foule…. On a appris la libération d'Ingrid Bétancourt après je crois bien près de 6 ans de captivité dans la jungle amazonienne et comme tous ces gens j'étais heureuse.

Aujourd'hui je ne peux que vous encourager à lire ce livre « La ligne bleue » qui n'a rien à voir avec ses propres années d'emprisonnement mais on sent une force et un vécu très fort notamment autour de la captivité et de l'engagement politique. L'histoire se passe en Argentine, pays très cher à mon coeur et où j'espère que mes pas de voyageuse me ramèneront un jour. Ici, l'action se passe en parallèle entre les années 1970 et 2000 à Buenos Aires et à Paris. L'histoire de Julia l'héroïne va basculer lors du retour de Péron en Argentine. Son ami Théo est sympathisant du mouvement des Monténeros et dès lors, ils vont être traqués tous les deux. Ils vont vivre, plutôt subir des moments très durs lorsqu'ils seront en captivité, moments qui induiront leur vie future à jamais.

Julia a la particularité de posséder un don étrange que seules certaines femmes de sa famille peuvent avoir : le troisième oeil qui a le pouvoir de se greffer sur la vue d'une autre personne et qui l'entraîne vers des voyages prémonitoires. Mais elle ne sait pas à travers les yeux de qui elle voit l'avenir, elle devra d'ailleurs chaque fois trouver des signes qui l'aideront à reconstituer le puzzle pour reconnaître la personne en danger lors de ses visions. Elle a 5 ans la première fois que cela arrive et qu'elle est projetée dans un monde d'adulte brutalement, elle habitait alors Colonia del Sacramento en Uruguay, une ville fantastique où j'ai eu la chance de me balader et que je recommande fortement. Grâce à ce don de voyance qui devrait lui permettre d'aider les autres et de changer le cours des choses, elle réussira à sauver la vie de sa soeur. La famille revient en Argentine et là Julia découvre une grand-mère qui a aussi le don et auprès de qui elle vivra des choses très intenses. Mama Fina exerce une vraie fascination sur elle.

A dix-huit ans, elle rencontre Théo qui sera l'homme de sa vie et qui l'entrainera vers des choses très dures à vivre au temps des militaires. Il est membre du réseau des Montonéros tout comme Gabriel son frère et Rosa qui deviendra une amie précieuse. Elle fait aussi la connaissance du Père Mugica qui exerce un véritable magnétisme sur elle. Théo n'est pas au courant des étranges voyages qu'elle fait et elle ne peut lui confier ses craintes vues dans ses terribles visions prémonitoires. Un jour elle voit un homme à moustaches vider son arme contre elle et elle voit la mort du Père Mugica par anticipation. Avec la mort de Péron quelques semaines plus tard, la situation empire à Buenos Aires et en 1974 les Montoneros passent à la clandestinité. Leurs amis disparaissent ou sont arrêtés. Videla a pris le pouvoir et son objectif est d'éliminer les Péronistes. Mama Fina a une vision terrible concernant Julia et Théo et leur conseille de quitter l'Argentine. Julia apprend alors qu'elle est enceinte mais c'est en prison qu'elle accouchera d'Ulysse. Castelar est un endroit d'où on ne sort ni vivant ni indemne. La description de son incarcération fait froid dans le dos. Un prisonnier dit : « Nous ne sortirons pas tous vivants. Et il nous faudra un jour raconter aux familles des autres ce qui est arrivé ici ». Et pourtant, Julia réussira à s'enfuir et survivra. Elle passera près de trente ans à chercher Théo partout dans le monde pour donner un père à son fils.

Ce livre m'a d'autant plus touchée qu'il y a peu j'ai visité au Cambodge un endroit de ce type ou là bas plus de 20.000 personnes ont disparu et où seuls 7 personnes ont survécu, il s'agit de S21 à Phnom Penh.
Lien : https://detoursetcoupsdecoeu..
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