Quand on forme un couple, un vrai couple, pas pour des raisons matérielles ou de convention, l'amour doit être le moteur, la raison d'être de faire un bout de chemin ensemble, de se projeter dans l'avenir, de mettre chacun la main à la pâte, d'afficher sa joie et sa bonne humeur, de se compléter, de se trouver des raisons de croire en l'autre, de faire confiance, de se réconforter en cas de coup dur.
Mais quand l'un des deux finit par tromper l'autre, peut-on lui donner une deuxième chance ? Jusqu'où peut-on aller pour prouver le contraire ?
Que reste-t-il vraiment de nos passions et de nos amours de la première heure ?
Pour Noémie et Samuel, la vie a dérapé un beau jour ...
Seront-ils prêt à franchir un nouveau cap ?
Pour avoir déjà lu quelques-uns de ses romans, inutile de tourner autour du pot, c'est un virage à 180 degrés que nous propose l'auteur,
Matthieu Biasotto.
Après les thrillers qui vous glacent le sang ou qui vous embarquent très loin dans les frontières du fantastique ou du paranormal, une chose est sûre, vous trouverez toujours du suspense, cette montée d'adrénaline qui ne vous fera pas lâcher l'histoire, des personnages toujours en proie à des doutes existentielles ou face aux tourments de la vie, des intrigues tortueuses à souhait, une écriture qui sait vous faire harponner pour ne vous libérer qu'au dernier mot.
Je remercie l'auteur de sa confiance pour cette lecture qui ne fait que renforcer et confirmer tout le bien que je pense de sa plume, il y a des auteurs avec qui le contact opère et découle dès les premières lignes d'un livre et
Matthieu Biasotto en fait parti, c'est inné et pas besoin de mots pour le démontrer.
"Quand on aime, on souffre en silence ..."
La jalousie est une émotion humaine, une division supplémentaire dans la complexité des rapports à autrui, il ne date pas d'hier, dans la théorie la plus absolue, elle n'existerait pas si le monde était habité seulement par deux personnes mais quand d'autres s'invitent dans la danse de la vie et de la mort, plus on est des fous plus on rit, si seulement, à priori ...
Les émotions contrariées, les affres de la vie qui déboulonnent et font vaciller les socles même les plus endurcis, les vrais sentiments qui se perdent dans le tumulte et des imbroglios les plus divers, l'humain a plusieurs facettes, chacun a sa manière de réagir, de prendre les choses en main, le silence et les non-dits sont des signes annonciateurs, les doutes s'installent pernicieusement, les esprits les plus fragilisés le sont davantage et cela participe inévitablement à cette peur de perdre l'autre, à craindre pour sa zone de confort puis insidieusement, une paranoïa de tous les instants vient se greffer dans le chaos mental, les meilleurs souvenirs d'antan ne deviennent plus que de lointaines évanescences qui renforcent alors tout le mal-être, fait remonter toutes les promesses et les désirs refoulés, il suffit d'un message par ci, d'un regard par là, cette jalousie agit comme un mauvais tour de magie, comme une gangrène qui étouffe, fait déborder des situations les plus banales vers un abandon de toutes les convictions, dans l'absence de l'autre et du touché charnel, ce manque qui fait nouer des banderilles dans le bas-ventre, vers ce qui s'apparente à cette inconscience et une fuite de ses repères habituelles.
La plume de l'auteur sert malicieusement une intrigue qui braque vers un virage délicat dès les premières lignes, une ambiance qui se charge subtilement, couche après couche, peut-on délivrer un deuxième sésame, cette chance unique qui survient après l'impensable, toute faute avouée est à moitié pardonnée, la jalousie n'est que le processus mental pour souligner sa propre insécurité, renvoie à ses réminiscences issues de l'enfance, les déceptions et les blessures qui ne sont jamais guéries, ce point de basculement qui entraîne toutes les personnes concernées de près ou de loin, personne n'est épargnée et cette sphère de l'entourage des protagonistes, tout le monde semble tracer son chemin et trouver la ligne de mire, faire au mieux ne suffit plus, chasser le naturel il revient au galop, ce roman parle d'amour perdu mais sert aussi de révélateur, quand bien même certains personnages se positionnent dans la périphérie du champ de mines, il suffit de quelques étincelles pour se retrouver au coeur du brasier.
"La jalousie est inséparable de l'amour, elle le suit toujours pas à pas." (
François-Victor Hugo )
Addiction quand tu nous tiens, quand cet amour qui tenait de l'infaillible se met à trembler sur ses fondations, je te tue donc je t'aime, quand cet amour trouve un miroir au fond de soi, une vertigineuse plongée dans l'abysse mental, quand on est aucunement préparé, dire que c'est un uppercut ou un direct d'une droite que l'on se prend en pleine figure est un doux euphémisme, le deuil de l'autre s'invite malgré soi, difficile de s'en remettre, l'avoir vécu pour en comprendre tous les mécanismes pervers et sournois, des demi-vérités ou des demi-mensonges, du pareil au même, la souffrance du coeur atteint de nouvelles limites si c'est encore possible, le temps pansera les plaies, tôt ou tard au détour d'une conversation ou d'un mot, de ces instants de solitude asphyxiante, se retrouver face à un mur, enfoncé dans un dédoublement de personnalité, une violence des mots qui surgit, une stupeur et un cri de rage devant soi, le miroir renvoie son reflet dans ses plus larges démesures, un visage qui en dit long, une mise en perspective de ces deux personnages dans les frontières de l'impossible réconciliation, des émotions démultipliées tournoient dans son ventre, le corps en pâtit, dans cette phases de déni ou d'incompréhension la plus totale, l'idée de retrouver ses automatismes et ses valeurs premières deviennent la priorité, la raison de survivre et de vivre en dépend, perte des repères, perte d'estime de soi, vivre cette expérience pour mieux en sortir, pour se trouver d'autres qualités, à son corps défendant, la vie est loin d'être une sinécure, la haine de l'autre, dévastateur moment, rideau.
Que la vie ... recommence !
"J'ai fini par avoir peur de moi-même" (le témoignage de Marie, jalouse repentie)
Lire renvoie toujours à des souvenirs refoulés, à des degré divers en fonction de son vécu et de ses expériences de la vie, à des moments que l'on voudrait voir définitivement enterrés, c'est un catharsis, une délivrance que de lire Jalouse, comprendre c'est savoir, savoir c'est gérer, crever l'abscès, l'aspect psychologique de Jalouse est poussé à son paroxysme afin de mieux comprendre tous les tenants et aboutissants, par moment le personnage de Noémie peut sembler excessif, parfois le personnage de Samuel peut susciter toute sorte d'envies et pas des plus avouables, la qualité de ce roman réside bien dans sa faculté à transcender le genre romance du départ pour s'orienter vers d'autres horizons, vers d'autres profondeurs qui feront se poser une multitude de questions sur la fidélité, la morale existentielle, la liberté, le poids du passé, l'amour dans ce qu'elle se définit dans sa plus pure expression, des réflexions pertinentes, quelle est la limite à ne pas franchir pour accepter l'autre, jusqu'où peut-on aller chercher l'autre sans tomber dans le pathétisme ou la fin de non-recevoir, jongler avec les mécanismes de sa propre peur et du trop plein de sentiments sont des données sensibles, il suffit parfois juste d'une variable de contrariété ou d'un grain de sable pour enrayer la chaîne, la reconstruction passe-t-elle obligatoirement par une déconstruction de tous les acquis et constantes du passé, peut-on pardonner à l'autre, peut-être légitiment accepter de tourner la page ?
Autant de questions que de réponses à découvrir dans ce 12ème roman d'un auteur qui surprend à chaque fois par son audace et le savoir-faire acquis dans ses précédents livres, qui sait jouer des situations les plus ordinaires pour faire basculer nos émotions dans toutes les gammes possible, passer de la quiétude à l'effroi absolue, de la peur à la routine quotidienne d'un couple bien sous tous rapports, les fissures qui pointent, des blessures à l'âme, des fêlures qui tardent à apparaître dans les parties communes, toutes ces plages de dialogues réduits à leur plus simple expression, des soucis qui vrillent l'esprit, des données supplémentaires pour embrouiller et créant une dispersion au regard de l'essentiel, le regard de l'autre, le manque de confiance, l'émergence de conflits intérieurs et le respect vital de l'espace de l'autre, la rivalité, le mépris et la sourde angoisse à l'idée de se perdre dans les eaux tumultueuses de la vie et surtout cette peur viscérale de ... perdre l'autre, sa moitié, sa raison d'être, son point d'ancrage.
Vous l'avez compris, lire Jalouse est indispensable pour passer d'abord un excellent moment dans cette histoire oppressante, sombre par moment, la folie n'est jamais loin, la schizophrénie de ses personnages principaux, tous les écrous de sécurité sont dévissées, donner c'est partager, partager c'est donner, qui récolte le vent sème la tempête, tout est possible et c'est ce que j'apprécie dans toutes les histoires, être surpris, être déboussolé, sortir de son confort, lire des pages d'un page pour renvoyer subrepticement à sa propre existence, à ses ombres du passé ou à ses traumas, la vie apprend à mieux nous ... comprendre, on dit souvent qu'il ne suffit pas d'une vie pour y arriver alors autant commencer le plus tôt possible avant que cela ne soit trop tard.
Jalouse de
Matthieu Biasotto est une réussite, je suis heureux de l'avoir lu et dévoré en deux temps, parfois prendre le temps de lire pose les questions et soutenir la raison de poursuivre, d'éprouver, de suivre les personnages dans des situations souvent inconfortables malgré eux, des épisodes de grande détresse morale et psychologique, jusqu'à la toute fin, se posera cette ultime interrogation, comment tout cela va-t-il se terminer ?
Impossible de ne pas conclure en saluant la couverture qui regorge de détails de l'histoire et que j'ai volontairement occultés pour me concentrer sur le ressenti et tous les ressorts dramatiques qui m'ont traversés lors de la lecture,
Matthieu Biasotto est un écrivain indépendant, hors norme, un artiste du pinceau et des peintures acryliques, au service également d'autres auteurs indépendants pour imaginer et créer des couvertures originales, l'importance, au risque de le répéter, d'attiser le feu de la curiosité lors du premier contact entre un nouveau livre et le lecteur, le pousser dans ses derniers retranchements du début à la fin de la lecture de tous ses romans,
Matthieu Biasotto sait y faire, nous captiver, nous prendre en otage mais pour le plus grand plaisir et pour la plus grande passion de ma vie : la lecture.
Et Jalouse pour prouver sa dimension à transcender un genre tout en défiant les lois du thriller, tout en les tordant et en les malaxant pour ajouter ... nouvelle corde à son arc de talentueux artiste.
Merci Matthieu pour cette nouvelle ivresse de lecture, de ces moments intimes avec Noémie et Samuel, c'est une fiction d'un réalisme accrue et d'une authenticité sans faille. A recommander !
❤️Jalouse de
Matthieu Biasotto est un livre auto-édité que vous pouvez trouver en numérique et broché sur Amazon et aussi sur son site http://matthieubiasotto.com/