Comment parler du maître? Bilal est pour moi l'un des plus grand dessinateurs que la terre ai porté. trop élogieux? Je suis victime de mon admiration mais quand vous voyiez le travail, comment peut-il en être autrement? Depuis la préado déjà, j'allais à la bibliothèque adulte (dans ma ville d'origine, celle des enfants et des jeunes ne se troue pas dans le même bâtiments) et passais des heures à lire ses BD car ma carte m'interdisait de les emprunter. A 16 ans, je pus enfin les emmener chez moi mais là, j'avais enfin tout lu. Même mon adresse mail contient son nom...c'est pour dire!
Quand "Bug:premier livre" est sorti, je l'ai reçu en cadeau et bizarrement, je l'ai exposé sur une étagère sans le lire. Étrange! J'avais une dizaine de livres en attente (pour ne pas changer) et je me suis dit, je me le réserve pour plus tard comme la cerise sur le gâteau. Puis l'autre soir, je regarde La Grande Librairie (LGB) https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/la-grande-librairie-saison-11/985899-enki-bilal-le-bug-de-l-an-2041.html et Bilal était parmi les invités pour présenter le livre 2 de BUG (il s'agit d'une trilogie). Après l'émission, j'ai filé sur mon exemplaire pour me régaler et l'apprécier d'autant plus. Je ne regrette pas l'attente.
Le livre à proprement parler, nous sommes en 2041, la Terre est confrontée à un Bug généralisé (celui qu'on nous avait promis en l'an 2000) qui plonge la planète dans une panique totale. Au même moment, dans l'espace, un homme, se retrouve doté de toutes les connaissances humaines et informatiques qui ont disparu. Il devient recherché par tous et l'objet de toutes les convoitises. Lui, n'a qu'une idée, retrouver sa famille.
Les illustrations sont magnifiques, soignées. Il décrit un univers sombre dans l'ensemble mais la couleur reste tout de même présente notamment le bleu. Son travail sur les visages est le plus impressionnant. d'ailleurs, c'est la partie qu'il préfère. Je vous invite à regarder l'émission "Influences, Histoire de l'art au présent>Enki Bilal, souvenirs du futur"sur son travail: http://www.tv-replay.fr/04-05-19/influences-une-histoire-de-france5-pluzz-13467649.html. C'est juste fascinant. On y rencontre l'artiste dans son atelier. Il nous livre ses techniques et sa façon de procéder (texte puis image). Chaque image est esquissée, croquée, dessinée puis peinte. Techniques mixtes: acrylique, pastels, un peu de gouache, crayons. Il effectue le montage final par ordinateur et retouche si besoin mais précise qu'aucun dessin n'est fait par outil informatique, seules les bulles sont insérées via l'ordinateur. N'hésitez pas à découvrir par vous-même ne serait-ce que pour le plaisir des images!
Le récit. J'ai posé le sujet sans trop en dire. Je n'aime pas spoiler. Bilal explore le temps. C'est sa marque de fabrique. Sans passé pas de futur. Mais sans mémoire, pas de vie ni de futur possible possible également. Dans "BUG"il pose la question de la dangerosité de nos sociétés hyperconnectées où on se passe de moins en moins de l'informatique et des technologies. En 2014 justement, personne ne connaît plus rien par coeur ou presque. Quand le bug a lieu, c'est la panique et les suicides des jeunes en masse. Ils ne savent pas comment faire sans leur smartphone et autres accessoires. Ils ignorent comment se regarder dans les yeux. Ils n'ont pas appris à le faire. Et si on y réfléchit, on va vers ça, tout doucement mais surement. Asseyez-vous à une terrasse et observez les autres tables, même des couples sont les 3/4 du temps plongés sur l'écran de leur smartphones. Les enfants, c'est encore pire! Si on leur en donne l'opportunité, ils resteront rivés à l'écran 100% de temps du repas. Et même des amis attablés vont regarder leur précieux plus d'une fois au cours du repas, même sans appel, pour envoyer des textos, pour poster un message ou des photos sur leur profil facebook (du repas..qui ne l'a jamais fait?) ou twitter ou ne sais-je encore! Nous sommes esclaves de la technologie chronophage et n'existons plus pour nous-même.
Être a cédé sa place au paraître.
Bilal nous propose une trilogie d'anticipation sur notre monde hyperconnecté, un monde à la Matrix (rappelez-vous Néo) avec des supercapacités mises à mal par un bug généralisé, des humains perdus privés de ces technologies et plongeant le monde dans un chaos où celui semblant détenir la solution devient l'homme le plus traqué de la planète lui-même habité par un autre mal... Un bug d'un autre genre... évoluant en lui et faisant apparaître une tâche bleue sur son visage l'empêchant de passer inaperçu. Détail (la tâche indélébile) non sans rappeler celle que la femme piège portait au bras pour les Bilaladdict.
En somme, une bande dessinée à découvrir si vous êtes amateur de SF ou amateur de belles illustrations dignes d'oeuvres d'Art tout simplement. On en compte plus le nombre d'expositions du travail de l'artiste qu'il s'agisse de ses toiles ou de ses croquis. Il a aussi réalisé et collaboré dans des oeuvres cinématographiques tel que (ad vitam), Bunker palace Hotel ou Tykho Moon. J'appartiens plus à la seconde catégorie et je ne suis jamais déçue.
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