Des opéras de lumière

Epargnez-moi aussi certaines inepties que vous me rapportez, comme le propos de cette dame qui dites-vous m'estime supérieur à Corot. Elle n'y entend rien. Je proclame que Corot est le premier peintre de l'époque à mes yeux, que je lui dois beaucoup et qu'il ne me doit rien du tout. (p. 165)

L'académisme a la vie chevillée au corps. Les paysages peints ne vibrent pas. ils sentent toujours l'atelier, le savoir, la construction : des corsets qui étouffent. François -Auguste s'isole pour travailler. Son rêve le tourmente;
(...) L'important est de regarder. S'immerger dans le paysage. Admirer. C'est une fringale. Elle ne se rassasie jamais. Il se goinfre de paysages, il en ingurgite à pleines ventrées. (p. 86)

Peindre est un métier de plein air et un désarroi de chaque jour.

Cela dit, si l'on veut que la représentation soit juste et le relevé exact, il faut reconnaître que la photographie est une arme autrement plus puissante que le crayon. (...) Rien de mieux pour montrer aux érudits et aux curieux ce qu'on a déniché dans la région: des châteaux, des chapelles, des manoirs, des portes médiévales, des puits anciens, des ruines. Tout ce qu'il faut pour composer peu à peu un tableau des richesses historiques et même archéologiques de la région. ( p.97)

Peindre est un métier de plein air, et un désarroi de chaque jour. (p. 145)

Il dessine et il ne pense plus. Il dessine et cela l'occupe tout entier. Il dessine et il sait qu'il est exactement là où il doit être et qu'il accomplit ce qu'il doit accomplir. (p. 144)

Or en art il n'y a point de vérité absolue. Car l'art est comme une vaste maison avec autant de chambres que de manières (...) (p; 161)

En attendant, dessiner est un plaisir qui se suffit à lui-même. d'abord on est seul devant le papier, pas besoin de faire des politesses. Et puis le combat vaut la peine. Parce qu'il s'agit d'une vraie bagarre: on saisit la réalité au col, elle résiste, on s'acharne, elle fuit, on la traque. On perd toujours la partie. Il n'y a qu'à recommencer. le défi n'en finit pas. Quand on est là-dedans jusqu'au cou, on n'a plus rien à fiche de la société qui nous entoure. (p.97)

Le petit Félix, lui , n'en est pas à s'interroger sur son avenir. Ce n'est encore qu'un mioche. Mais un mioche qui découvre en même temps la lecture et le grand livre de Paris.
La ville où il marche avec l'abbé Lacuria est pour lui un poème géant. (p.45)

Ils n'acceptent plus ce qu'on a si longtemps tenu pour évident : considérer la nature comme toile de fond où s'adossent des personnages costumés en héros de la bible ou de la mythologie, et peindre des paysages avec des arbres en carton-pâte, des ruisseaux coulées dans le bronze. Place à la confrontation toute crue avec le motif, vivent les ramures qui frémissent et les ombres nettoyés par le soleil: la petite bande de l'auberge balbutie une nouvelle époque de la peinture. (p. 81)