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EAN : 9782070787401
248 pages
Joëlle Losfeld (15/03/2007)
3.6/5   20 notes
Résumé :
Un roman qui parle du malaise des cadres ? En partie oui. Le personnage central est en effet directeur des achats dans une entreprise moyenne qu'un grand groupe « restructure ».

On devine les joyeusetés de cette situation. Mais il s'agit aussi du portrait d'un homme qui aménage à la bonne franquette ses amours, ses maux, ses espoirs et ses petits bonheurs.

Ainsi va la vie. Pas toujours gaie, mais souvent drôle. D'autant que le texte e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Je me suis offert une expédition faramineuse dans les petites rues de mon quartier. Je les connais toutes. J'y ai joué pendant l'enfance, et adolescent, j'y ai erré. Mes amarres ont toujours été courtes. Ou alors, c'est que je suis né sans ailes : le destin m'a très tôt amputé de toute vocation de migrateur. Je n'aurais jamais été qu'un piéton de la vie. Et alors ? Si le périmètre où je piétine mes pas anciens manque d'immensité, si mon bout du monde n'est pas au bout du monde, et si je n'en possède qu'un tout petit morceau, au moins je m'y retrouve. Quelques ruelles, une place, des immeubles familiers, des perspectives san,s surprise, des lieux tranquilles : un paysage à voix basse. Ici, les rues ignorent l'agitation. Elles sont hors des circuits importants. Les grandes voies évitent cette partie de la ville. le plus souvent, l'automobiliste égaré qui s'y risque ne sait pas exactement où il va. Ce sont des rues d'inadvertance. Oui je ressemble bien à mon quartier. Nous ne cherchons vraiment pas à attirer l'attention.

L'on se promène dans cette histoire comme le narrateur se promène dans les rues de son quartier natal, avec nostalgie, humour et parfois tristesse. En avançant cahin caha, au gré des mutations de l'entreprise, de l'être humain, en passant au travers des mâchoires carnassières des nouveaux requins toujours plus performants, Pierre observe en direct les temps qui changent, et les gens avec. Il joue avec les mots comme ses supérieurs jouent avec sa carrière. Non pas qu'il soit un mauvais élément, au contraire, mais que voulez-vous, vous n'êtes pas assez agressif, pas assez mordant. de quoi en attraper une rage de dents. Mais lui c'est plutôt les intestins qui s'agitent, qui le chamboulent. Il y a bien Hélène, avec qui il vit une relation aussi intense qu'une correspondance, mais aux lectures assez espacées. Et pourtant. Plumier, son DRH, qui se fera plumer parmi les premiers. Sa nouvelle patronne, en liens étroits avec sa secrétaire attitrée. Aussi étroits que l'impasse dans laquelle il vit maintenant. « J'habite une impasse. On ne sait pas ce que c'est qu'une impasse avant d'y avoir mis les pieds. le profane imagine que ce n'est qu'une rue empêchée, un morceau de voie qui va donner du nez contre un obstacle et qui reste là, interdite, désemparée, sans savoir où aller. Une rue sans avenir et sans descendance : une vieille fille urbaine. »

Une vie pas vraiment noire, tirant plutôt sur le gris, comme la robe de la directrice, avec quelques éclaircies, comme les joues des femmes, de Juliette, sa secrétaire à lui, joues contre lesquelles il aimerait passer ses journées, pleines de promesses de sourires, de douceur. Pleines.



(amours, belles amours), nostalgie des ébats volés à quelques corps souples et acrobates, vigueur de plantes encore bien vertes, « le diable au coeur ». Jeunesse envolée, restructuration de la société, il en faut des ailes pour survoler, voir tout ça de haut. Coeur à l'envers, intestins trop ingrats, hôpital, billard, charcutage, arrêt maladie, retour difficile, effectif renouvelé, bureau déjà occupé, collègues sacrifiés, exténués.



Jeux de mots alambiqués, pour ne pas piquer du nez, ne pas sombrer, surtout. Humour toujours, corrosif, tendre, blasé, l'humour au secours de la détresse, et Hélène, qui voudrait capter ses signaux de fumée.

« Ensuite, je n'ai fait ni une ni deux, j'ai fait trois », « sachez que j'ai ici-même un émile, une belle adresse avec un bel acrobate au milieu », « cohoutchinne d'image », francisation de l'anglais pour dénoncer le jargon souvent ridicule des sociétés françaises qui veulent être « in », mais qui sont déjà « out ». L'auteur déplore sans jamais se plaindre le manque d'humanité, enfin plutôt la perte de celle-ci, dans un monde socio-économico-marketingo-financier dur, froid, gris. « Ne dite plus terminer, achever, mettre au point, fignoler, aboutir, conclure, conduire à son terme, mener à bien, finir, arrêter, clôturer, parachever : dites finaliser. » « on finalise bien les chevaux ». « Et temps réel alors ? Ne dites plus café instantané, dites du café en temps réel. » C'est ça le "méchant daïzinngue"



Quand le nouvelliste se met au roman, c'est un pur régal.. on ne reste pas sur sa faim. Quoique.. de ce style j'ai grand appétit.. Et le narrateur, quoiqu'il en dise, garde une belle soif de vivre.. ça tombe bien, ce livre m'a mis l'eau à la bouche.. Il y a des chances pour que je remonte à la source...
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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Beaucoup d'humour, une pointe d'angoisse et de désespoir et des portraits éclatants.
Un cadre, plus très jeune, dans une entreprise en plein relookinge, qui voit ses collègues s'en aller les uns après les autres, et qui attend son tour de plus en plus certain qu'il arrivera. L'humour, les bons mots, le théâtre et les amours, passés et actuels, pour éloigner le plus possible les angoisses qui le rongent.
L'auteur s'amuse avec les mots pour notre plus grand plaisir.
En prime, vous y trouverez la recette du lapin à la moutarde. Je vous laisse pour la cuisine...
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Un livre sur le malaise des cadres seniors en entreprise… Difficile de ne pas me sentir concerner car je ne suis pas loin d'atteindre le cap fatidique des 45 ans, âge à partir duquel un cadre commence à être considéré comme un senior !

Le personnage de ce livre est un senior "d'âge avancé" puisqu'il n'est pas loin de l'âge de la pré-retraite, et c'est sans vergogne qu'il est poussé gentiment (enfin pas tant que cela) vers la sortie. Il a beau avoir de l'humour, la pilule est dure à avaler.

Il est question de restructuration, de nouvelle politique managériale, de changement de culture d'entreprise… Tout cela fait marrer notre directeur des achats, adepte de la blague à deux balles et toujours prêt à se moquer des concepts à la mode. Il n'entre pas trop dans le moule et c'est bien ce qu'on lui reproche. Quand il tombe malade et s'absente pour quelques temps de l'entreprise, son cas est sérieusement étudié...

J'ai compati aux malheurs de ce monsieur et souri de ses mésaventures mais j'ai aussi sauté quelques pages... La vie quotidienne de ce quinqua, fort sympathique au demeurant, m'a parfois amusée mais également lassée. Par ailleurs quand je me plonge dans un livre, j'espère m'évader de mon univers de travail !

Je trouve tout de même à ce livre des qualités, notamment celle de dénoncer avec un humour souvent caustique le monde impitoyable de l'entreprise.

Une réflexion ironique sur la façon dont on traite les quinquas en entreprise
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Un livre plein d'humour et de légèreté sur un sujet grave. le héros, cadre dans une entreprise, chargé des achats et équipé d'une conscience professionnelle à l'ancienne doit faire face à la restructuration de son entreprise qui vient d'être racheté.

Certains passages sont hilarant comme le guide de survie de la réunion ou la lecture des effets indésirables des médicaments.

Et ce personnage qui fait des concours de blagues et de jeux de mots chez son boucher ou au café est extrêmement attachant.*

Je connaissais des recueils de nouvelles de cet auteur mais cela me donne vraiment envie de lire ses autres romans. J'ai passé un excellent moment.
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Avec ses petits instants de vie, morcellés en courts sous-chapitres, ce livre nous accompagne, au début un peu de manière anecdotique. Au fur et à mesure des pages, il nous talonne et nous rattrape. Pour moi, ce fut au chapitre 10, page 217 : c'est à ce moment qu'il m'a conquis, que j'ai moi aussi cherché où était ma piscine.
C'est léger et bien écrit. Comme une petite musique qui vous attrape et vous résonne bien dans les oreilles.
Comme dirait Juliette Arnaud (France-Inter) : "Merci, bisous, Merci"
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Coiffeur désespéré - Vocation fichue -Bistrotier compatissant - Souvenir de balcon - Joues des femmes - Culotte d'actrice -Grande gueule dans un couloir et couille dans le potage

LA VÉRITÉ VRAIE

Dieu sait que je ne leur veux pas de mal, mais c'est ainsi : les coiffeurs du quartier m'ont en horreur. Dès que je pousse la porte de leur officine, je les vois s'attrister. Un coup d'oeil leur suffit pour me juger : frise à plat. Des tifs qui manquent de densité, d'épaisseur, de tenue, de nerf, de vitalité, de force, de brio. Une malédiction pour les tondeuses et les ciseaux.
C'est simple, quand il pleut, je ressemble à un rat, quand il ne pleut pas, à un balai.
Je ne suis pas né coiffé.
Pour ne pas affliger toujours les mêmes, je change souvent de crémerie. Un coup l'un, un coup l'autre. Le quartier où j'habite favorise mes desseins : sous la modestie de ses dehors, il recèle des secrets. Dont le nombre extravagant de ses salons de coiffure. Pourquoi cette profusion ? Mystère. Ce sont des énigmes dans lesquelles je ne désire pas entrer. Je constate seulement que, pour une coupe de cheveux, j'ai l'embarras du choix. Pas les coiffeurs : ils ont, eux, l'embarras sans le choix. Je répands chez eux l'amertume et l'accablement, voilà la vérité vraie.
Je les sélectionne donc selon l'humeur. J'écume la profession. Je varie les déplaisirs.
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ÇA VA ? (n°21)
Ça va ?
Pas super. J'ai peur d'avoir attrapé la métempsycose.
Si c'est que ce truc-là, c'est pas grave. La métempsycose, ma femme en met dans l'armoire pour chasser les mites.

ÇA VA ? (n°22)
Et toi, ça va, Terloo ?
Oh putain, lui. Mais t'en as donc pas marre d'être con ?
Et c'est ainsi que le con fit "ture".
Bon d'accord, ça va, ça va.

ÇA VA ? (n°23)
Ça va ?
Tais-toi, je parle plus qu'à mon chien. Les hommes, moi, j'en ai plus rien à cirer.
Et ton chien, ça va ?
Ça va bien, et le tien ?

ÇA VA ? (n°24)
Comment ça va ?
Résultats moyens, ne doit pas se décourager, poursuivez vos efforts.
Qu'est-ce qui te prend ? T'es devenu maboule ou t'as changé de métier ?
Non, c'était dans le bulletin scolaire du petit.
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j'aimais bien quand elle dormait au moment de mon arrivée. Je m'asseyais, je ne disais rien, je la contemplais, et la discussion entre nous commençait. On peut très bien débattre sans parler. Nous échangions des propos muets sur la vie comme elle va. Et comme elle ne va pas aussi. Nous nous faisions des confidences sans prononcer un mot. J'avais l'impression qu'elle me refilait en douce des échantillons de ses rêves. Ils étaient paisibles en général. et contagieux. Je me laissais contaminer par cette quiétude. Je regardais dormir la vieille dame, je grignottais les morceaux de songe qu'elle m'abandonnait, je me laissais aller.
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les coiffeurs du quartier m'ont en horreur, dès que je pousse la porte de leur officine, je les vois s'attrister. Un coup d’œil leur suffit pour me juger: des tifs qui manquent de densité, d'épaisseur, de tenue, de nerf, de vitalité , de force, de brio. Une malédiction pour les tondeuses et les ciseaux. C'est simple quand il pleut je ressemble à un rat, quand il ne pleut pas à un balai. Je ne se suis pas né coiffé. Je constate que pour une coupe de cheveux, j'ai l'embarras du choix. Pas les coiffeurs: ils ont eux l'embarras sans le choix. Je répands chez eux l'amertume et l'accablement, voilà la vérité vraie.
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j'habite une impasse. On ne sait pas ce qu'est une impasse avant d'y avoir mis les pieds. Le profane imagine que ce n'est qu'une rue empêchée, un morceau de voie qui va donner du nez contre un obstacle et qui reste là, interdite, désemparée, sans savoir où aller. Une rue sans avenir et sans descendance: une vieille fille urbaine. Rien n'est plus faux. Les impasses regorgent d'étrangeté pour qui sait voir. Parce qu'elles occupent, en toute discrétion, un des plus petits de tous les bouts du bout du monde.
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