AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfanouche24


Je poursuis avec beaucoup d'attention et de plaisir...Un auteur "fou-
passionné" , "doux-dingue" de littérature, d'écriture...en décalage volontaire de la société et de ses congénères !....
"1986-mars
Quand nous écrivons, plus rien n'existe. En somme, nous nous supprimons du monde sans avoir besoin de nous détruire. C'est un privilège qui classe la littérature." (p. 294)

Je poursuis ma lecture des carnets de André Blanchard... ceux-ci ont été récemment édités, alors qu'ils reprennent les débuts de ses carnets entre les années 1978-1986.

"Jeudi 6 juillet [1978 ]
C'est l'année de mes vingt-sept ans. Il faudrait peut-être que je me décide maintenant à accélérer le rythme, et à me coltiner la question essentielle qui m'échoit : qu'est-ce je vais bien pouvoir faire de cette vie ? (...)
Que vais-je devenir ? Cette incapacité à trancher dans le vif , c'est tout moi. En somme, il n'y a que dans l'indécision, que je ne suis pas un dilettante." (p. 79)

On retrouve ses admirations inconditionnelles pour Cioran, Flaubert, Proust, Calaferte, Mauriac, Julien Green, José Cabanis, etc., son indécision, son refus d'une carrière, la maladie qu'il doit assumer, ses grandes difficultés à être publié, ses petits boulots, son regard critique sur notre
monde, déjà en crise économique et sociale... Comme cette remarque qui date de 1982....malheureusement toujours d'une actualité brutale !

"Nous vivons une époque décidément inouïe : quelqu'un que je connais, bac + 3, qui était sans travail, vient d'entrer aux Ponts et Chaussées, sur concours, pour un poste de ...cantonnier ! Et la sélection fut des plus sévères vu le nombre de candidats pour un seul poste, et vu le niveau de ceux-ci, beaucoup de diplômés comme lui !
Tout arrive : cantonnier, naguère l'égal de l'idiot de village, devient une sorte de notable parmi les manuels..." (p. 174)

Désabusement, autodérision; Pour André Blanchard, seules, L'écriture et sa marginalité d'"observateur" font lien avec le monde extérieur...
Il n'en reste pas moins que ces carnets sont "jubilatoires" car il défend les écrivains qu'il admire ; il nous offre un regard acéré sur notre société -spectacle...celle des apparences et de la réussite sociale ! Un regard franc et tonique...qui secoue tous les petits conforts...

Une phrase a retenu mon attention, tout en me faisant sourire, car l'auteur l'a écrit alors qu'il a 34 ans ; En dehors de l'écriture , A. Blanchard ne parvenait pas à adhérer à un projet professionnel quelconque, ni à cette société dans laquelle il se sent "déplacé"....:

"J'en suis encore à me demander ce que je ferai quand je serai grand ! " [1985 ] (p. 261)

@Françoise Boucard-Décembre 2019
Commenter  J’apprécie          300



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}