Citations sur 06h41 (147)
Je suis arrivée plus tard que lui à Paris. Mais j'étais dans le même état d'esprit. Me faire happer par une foule, choisir les gens que je rencontre et ne plus les subir parce qu'on n'a pas le choix, parce que la province réduit les possibles, parce que les vies se rapetissent.
Les enfants, c'est comme ça. Comme les ballons d'hélium dans les cathédrales. On les lâche, ils s'envolent mais restent quand même à portée de vue, on leur fait des signes, on leur rend visite, ils sont tout en haut, ils sont loin, encore coincés sous nos arcs gothiques. Et un jour, on ne comprend pas pourquoi exactement, ils ne sont plus dans notre sphère.
Elle ne se souvient pas de moi. Tant mieux, d’ailleurs. Je dois me rappeler ça : la plupart des gens ont une touche « supprimer les fichiers » sur laquelle ils appuient à un moment donné, quand leur cerveau est au bord de l’ébullition après des malentendus, des trahisons, des hontes des blessures – et là, des pans entiers d’existence disparaissent, les visages, les noms, les adresses, les couleurs, tout passe à la trappe direction les égouts de l’inconscient. P 43
"Elle m'écoutait parler. Ceux qui écoutent se retrouvent toujours en position de supériorité - ils ne confient rien, restent entiers, intacts, alors que vous laissez voir vos failles."
"Personne ne nous a dit non plus que le plus dur, ce n'était pas les ruptures, mais la déliquescence. Le délitement des relations, des êtres, des goûts, des corps, de l'envie. Jusqu'à une sorte de marécage oú il est impossible de savoir ce que l'on aime. Et ce que l'on déteste...."
La plupart des gens ont une touche "supprimer les fichiers" sur laquelle ils appuient à un moment donné, quand leur cerveau est au bord de l'ébullition après des malentendus, des trahisons, des hontes, des blessures - et là, des pans entiers d'existence disparaissent, les visages, les noms, les adresses, les couleurs, tout passe à la trappe, direction les égouts de l'inconscient.
Personne ne nous a dit que le plus dur, ce n'était pas les ruptures, mais la déliquescence. Le délitement des relations, des êtres, des goûts, des corps, de l'envie.
Je me demande ce qui restera de notre couple quand notre fille sera partie de la maison. Si ça se trouve, on va se planter deux grosses bises sur les joues en se félicitant, « bon boulot avec la môme, maintenant tchao, on peut être fiers », et se séparer sans autre forme de procès parce que ça fait tellement longtemps qu’on ne sait plus qui est l’autre exactement, ce qu’il aime, ce dont il a envie. Ou alors on va rester en cohabitation, des moules sur un rocher, à attendre la prochaine marée.
Parfois, à vingt ans, on ne sait pas bien faire face aux situations.
Parfois, à quarante-sept ans, on n'est pas mieux.
J'aime entendre le bruit des portes qui claquent. Il annonce l'ouverture d'une parenthèse égoiste et jouissive. Pendant les deux heures à venir, rien ne peut vraiment vous arriver. Tout est pris en charge. Vous pouvez décider de vous plonger dans un roman ou de vous laisser bercer par la musique qui sort de vos écouteurs. Vous pouvez également vous laisser absorber par l'écran de votre ordinateur portable, mails, tableaux, chiffres, rapports, un lien direct et pourtant dématérialisé avec l'extérieur.
Je ne fais rien de tout ça. Je divague. Les trajets en train sont les rares moments où je baisse la garde.