Un homme avec des fleurs, le plus empoté, c'est l'homme.
Les hommes ont peur de l’absurde ; c’est, à sa manière, une part divine dans les choses qu’il s’agit de réduire à toute force, un gag de Dieu qui ne fait pas rire.
La jalousie ne libère pas, elle attache. C’est dans le moment que nous serions le plus vacants pour les aventures que le goût nous en passe ; alors, aucune femme ne remplace une autre.
Mais les miroirs embués par trop de souvenance s'obstinent à ne répondre qu'au passé et c'est une tentation assez commune aux hommes que de chercher au-delà, que de les retourner pour savoir ce qu'il y a derrière. Vieux mystère décevant : on n'y trouve rien qu'on ne leur ait apporté ; les miroirs sont nos auberges espagnoles.
Un jour nous abattrons les cloisons de notre prison ; nous parlerons à des gens qui nous répondront ; le malentendu se dissipera entre les vivants ; les morts n'auront plus de secrets pour nous. Un jour nous prendrons des trains qui partent.
Pendant cinq minutes, je sus ce qu'est d'être aveugle : c'est quand on téléphone d'une province lointaine à cette femme que l'on aime, et qu'on lui demande la couleur du jour et celle de sa robe, comme si le prix de l'existence en dépendait. Si elle se tait, le monde, soudain, n'existe plus.
Elle (ma mère) faisait peu de cas de ma femme, estimant qu'une épouse contractée dans les péripéties de l'exode s'inscrivait au titre des dommages de guerre.
Un jour, nous prendrons des trains qui partent.
La vision d'un père, après le travail, conduisant par la main un petit garçon vers le tas de sable, leurs querelles tendres, leur complicité évidente, m'arrachaient les larmes des yeux. Ni veufs ni orphelins... la langue n'a pas inventé de nom pour qualifier ceux qui sont privés de leurs enfants.