Morel

J'ai vraiment aimé ma lecture. C'est un bon roman historique sur les années où Montréal avait plusieurs projets de constructions (tunnel, stade olympique, autoroute), mais surtout sur la face cache de ses projets. On nous montre les quartiers qui ont été détruit pour prioriser ses projets et donc des familles qui ont du déménager. La vie des ouvriers ordinaires qui travaillaient sur ses projets dont Morel. C'est un hommage à ces hommes qui ont travaillé fort et risqué leur vie sur ces chantiers sans nécessairement en bénéficier eux-même. Les conditions de vie et la sécurité d'emploi qui étaient précaires à l'époque. Pour moi c'était fascinant de lire des descriptions de lieux et de quartier que je côtoie au quotidien. de trouver des repères qui sont toujours présents, mais aussi de constater les changements au travers les années.

Le style d'écriture peut être déroutant, puisque Morel est rendu un homme âgé et solitaire laissé à lui-même avec ses souvenirs. Chaque chapitre passe d'une époque à l'autre de sa vie dans un ordre aléatoire temporellement. Ce qui est réussit, c'est qu'on comprends néanmoins le fil de pensé qui mêne d'un chapitre à l'autre. La premier phrase d'un chapitre est en continuité parfaite avec le chapitre précédent et l'on doit ligne quelques lignes avant de se situer dans le temps. Au fil de la lecture, on parvient à constituer les différents évènements de sa vie.

Il prend au coeur et il prend aux tripes, ce livre-là ! Voilà encore un bel exemple de la très bonne littérature québecoise actuelle, sans cesse renouvelée, toujours étonnante !

Jean-Claude Morel, dont on suit la vie de façon non chronologique, fut un enfant pauvre du Faubourg à m'lasse de Montréal, puis un ouvrier non qualifié qui travailla à tous les grands chantiers de sa ville, pont Jacques-Cartier, immeubles, station de métro, autoroutes ; homme anonyme qui ressemble à "monsieur toulemonde" mais qui devient quelqu'un de passionnant sous la plume de l'auteur.
Marié jeune à Lorraine, cinq enfants rapidement, il est un père heureux même si l'argent manque trop souvent ; et puis, un jour, la petite dernière tombe malade et ses parents n'arriveront pas à se remettre de sa disparition. Commencera alors une descente difficile, trop de colère contre la vie, trop d'alcool, trop de fatigue, Morel perd pied.
Il faudra que le temps passe, quinze ans avec une autre femme, puis quand il se retrouve seul, la survenue de sa petite fille, Catherine, qui essaiera de réparer sa famille endolorie...

La construction remarquable du récit pemet de comprendre la personnalité du personnage principal, héros de la modernisation de la ville de Montréal mais anti-héros de la vie quotidienne ; elle est difficile la vie au Québec pour tous ces ouvriers du bâtiment, ces hommes sans instruction mais sûrement pas sans intelligence !
Et il y a l'écriture, le parler des milieux ouvriers québecois des années cinquante-soixante, des mots charmants et parfaits, des formules amusantes, très évocatrices.
Transformation radicale d'une ville, mise en parallèle avec l'évolution de l'existence d'un homme qui contribue à la construire : c'est un livre magnifique, très humain, un véritable coup de coeur ! Monsieur l'écrivain, nous attendons le prochain avec impatience ! Et merci !

Extrait p 54 : " Faque les français y ont ajouté des planches pour pouvoir traverser avec leurs carrioles, pis y ont rénové tout ça à mesure que ça s'endommageait. Avec des madriers, des briques et du mortier. Pis à la fin du dernier siècle, c'était plutôt avec un bout d'acier par-ci par-là, des cables de métal. Y avaient déjà de l'expérience avec la Tour Eiffel, tu-sais-tu c'est quoi la Tour Eiffel ?"
Lien : https://www.les2bouquineuses..

Fresque de la ville de Montréal du début du 20eme siècle jusqu'au début du prochain.

C'est une histoire où il n'y a pas vraiment de début ni de fin; on suit Morel (Jean-Claude) où ses pensées veulent bien nous emmener. Les dialogues sont réalistes et pleins de personnalités.

J'ai dû lire une centaine de pages avant de m'adapter au rythme et au style de roman; où il peut y avoir une page entière sans point et où les souvenirs du narrateur s'entremêlent. Aussi, le nombre de personnages présents dès les premières pages ont confus légèrement ma lecture. Mais par la suite, ce fut un plaisir de lire ce roman.

Il y a aussi parfois ces longues descriptions au cours d'un action, qui, selon moi, freine le rythme du récit. Quelques unes sont très intéressantes et d'autres beaucoup moins, comme la fonction des tuiles grises dans le métro Papineau, par exemple.

C'est un excellent livre pour ceux qui apprécient les romans familiaux et/ou la ville de Montréal.

La construction du roman est faite de pivots narratifs pour changer d'époque. Il n'y a pas de début, pas de fin, çà devient très lourd. Des pages entières sans point. Aucune chronologie.
On y parle de familles, de luttes des classes, des traces du passé.
Quand même une certaine habileté narrative avec un vocabulaire syndical et beaucoup trop de descriptions.
Aucun plaisir à lire

C'est fou mais plus j'y repense, plus je me dis qu'il s'agit là d'une oeuvre extraordinaire.

L'auteur réussit à brosser un tableau social et historique de la ville de Montréal au 20e siècle et cette évolution - ou régression, diraient peut-être certains - est présentée en parallèle avec l'évolution du personnage principal dans sa propre existence.

On découvre avec tristesse certaines décisions sur le plan urbain qui ont en toute évidence ébranlé le quotidien de milliers de gens.

Ce roman est un bijou de la littérature québécoise.