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EAN : 9782896499519
315 pages
VLB Editeur (05/05/2022)
3.34/5   32 notes
Résumé :
Schefferville, 1959. Dans le guest house de l'Iron Ore Company of Canada, le vieux Chef se meurt. Attaque cérébrale soudaine. Du moins, c'est ce qu'on prétend. Parce qu'il apparaît vite qu'il se trame quelque chose de louche, à Schefferville. C'est à Paul-Émile Gingras, jeune policier trifluvien pas spécialement doué, que son grand-oncle Jos-D., ministre de la Colonisation et bras droit de Maurice Duplessis, assigne la tâche de démêler tout ça. Alors pas le choix, a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Difficile de comprendre le Québec sans se pencher sur la figure de Maurice Duplessis, premier ministre conservateur qui dirigea la province d'une main de fer de 1936 à 1959 (avec une pause pendant la WW2). Sa réputation est telle que sa période de pouvoir est surnommée « la Grande Noirceur » et celle qui a suivi, dans les années 60, la « Révolution tranquille ». Un homme qu'on croyait indéboulonnable jusqu'à sa mort lors d'une visite à Schefferville, dans le nord du Québec, d'une hémorragie cérébrale. du moins, c'est ce qu'on dit…

Car tel est le point de départ du roman de Joël Bégin : que les circonstances entourant la mort de Duplessis, seul dans une ville nordique isolée, sont pour le moins mystérieuses… au point que les services secrets dépêchent un jeune policier de Trois-Rivières pas très futé, Paul-Émile Gingras, pour démêler cette étrange affaire. Il en résulte un roman à saveur historique mâtiné de roman policier, d'une pointe de fantastique et saupoudré d'une belle dose d'humour, dans un mélange joyeux et bordélique. L'enquête de Gingras croise les manigances politiques pour remplacer Duplessis, une guerre commerciale entre deux compagnies de chips, et différents pactes avec le diable, pour ne citer que cela…

Le tout constitue en fait un vibrant hommage à l'histoire du Québec, qui ne se prend pas une seconde au sérieux, et dont la lecture se révèle aussi fraîche que désopilante. La plume en particulier est un vrai régal. C'est peut-être un peu difficile d'accès si vous connaissez mal le contexte socio-historique de l'époque – mais si vous êtes adepte de la lecture avec consultation parallèle de pages Wikipédia, ce roman est définitivement pour vous. Personnellement, j'ai adoré !
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Le 3 septembre 1959, Maurice Duplessis, Premier Ministre du Québec, s'effondre, victime d'un malaise, dans la guest-house de l'Iron Ore à Schefferville. Invité par les propriétaires américains de la mine de fer, son séjour de repos prend fin abruptement et autour de lui les grenouillages de rigueur s'intensifient pour la succession à la tête du Parti de l'Union nationale et de la province.
Joël Bégin raconte avec verve et virtuosité les trois jours intenses qui suivront avant la confirmation du décès de Duplessis. Trois jours durant lesquels un organisateur électoral chevronné, un brigadier promu détective et sa famille, un apprenti journaliste, deux Polonais en exil, une poétesse en herbe, la figure du diable lui-même et toute une flopée de personnages réels et fictionnels défilent sous les yeux ébahis du lecteur, emporté dans un tourbillon narratif qui ne laisse aucun répit. Une fable politico-historique dans laquelle l'auteur s'est amusé à décrire le déclin d'une ère politique et sociale incarnée par l'autoritaire et omnipotent chef Maurice Duplessis, aux commandes de la province de 1933 à 1939 et de 1944 à 1959.
Un roman aux accents picaresques enjolivé de potins juteux, de faits historiques inédits et dont le langage s'incarne parfaitement dans son époque et ses protagonistes. En outre, l'auteur réussit à remettre en contexte tout un pan de l'Histoire du Québec qu'on a voulu oublier et qu'on a appelé par la suite la Grande Noirceur.
Instructif et jouissif, que peut-on demander de plus?

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Quand on s'attend à lire un polar historique ou, comme le propose entre autres l'éditeur, ou un roman noir et qu'on découvre, au gré des chapitres, une fiction historico-fantastique ! En tout cas, on ne peut blâmer l'auteur, un professeur de philosophie, d'avoir exploité au maximum son imaginaire délirant et de s'en être donné à coeur joie pour exploiter au maximum des qu'en-dira-t-on de l'histoire officielle. À partir du contexte familial des Bégin – dont il est certainement un des descendants – dont est issu l'illustre Joseph-Damase Bégin, politicien sans scrupules du gouvernement Duplessis. En réunissant une brochette de personnalités dans des circonstances improbables qui, à une époque plus contemporaine feront la une des actualités politiques : Gérald Godin, Daniel Johnson, Pierre Laporte, Jean Lesage, Alice Parizeau... et même Denis Vaugeois pour ne nommer que ceux-là.

Avec comme enquêteur un policier incompétent mandaté par le pouvoir pour s'assurer que la vérité n'éclatera jamais au grand jour. Car la vérité sur les circonstances entourant la mort du « cheuf » de l'Union nationale n'est que « fake news » avant l'heure. Elle s'inscrit dans la fin d'un règne de corruption associé à une version personnelle de l'auteur de la « Grande Noirceur » et de manipulation des électeurs illustrée, entre autres, par une guerre inusitée de croustilles à l'échelle du territoire québécois.

« Plessis » nous entraîne dans les corridors glauques du Parlement de Québec. Il nous fait voyager de la Mauricie (rien à voir avec Maurice le Noblet) à la Côte-Nord sous le contrôle des grands « investisseurs » miniers de l'Iron Ore. Il nous fait aussi découvrir l'histoire méconnue du trésor des Polonais caché dans le Vieux-Québec. Et que dire de ces funérailles plutôt mouvementées, une occasion idéale pour les partisans et les adversaires de se faire valoir.

Intéressante cette finale où le mort – vous n'imaginerez jamais l'ambiance fantasmagorique du décès – réfléchit hypothétiquement sur son héritage, sa descendance inexistante tant d'un point de vue personnel que politique et sur sa pensée politique.

Un roman qui a reçu le prix Robert-Cliche 2022 du premier roman et aussi en lice pour le prix France-Québec.

Si vous êtes à la recherche de détails croustillants sur les événements sur lesquels reposent de la trame de cette fantaisie romanesque, vous pourrez vous amuser comme moi à tenter de faire la part du vrai et du faux divertissant. Et risquer d'imaginer à votre tour des faits jamais avérés.


Originalité/Choix du sujet :
*****
Qualité littéraire :
*****
Intrigue :
****
Psychologie des personnages :
*****
Intérêt/Émotion ressentie :
****
Appréciation générale :
****

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
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Le commentaire de Lynda :
Un premier roman pour cet auteur, un roman que l'on pourrait appeler une fiction historique.
Pourquoi historique, est bien parce que tout simplement l'histoire tourne autour de Maurice Duplessis, et plusieurs des personnages ont également existé pour vrai.
Pourquoi une fiction, et bien tout simplement parce que l'imagination de l'auteur a élaboré plusieurs hypothèses sur la mort de Monsieur Duplessis.
Est-ce vraiment une attaque cérébrale pour la énième fois, ou bien encore un complot, un attentat ?
Joël Bégin, y va de plusieurs avenues, en invitant des personnages comme Émile Gingras ou encore Gégé Godin, des personnages colorés, et disons qu'ils apprendront en cours de route.
Même si on connaît bien l'histoire de Duplessis, vous comme moi, avez entendu parler de cette période, fin des années 50, début des années 60. On connaît également toute la noirceur qui a tourné autour de M. Duplessis.
L'auteur, tourne un peu ce drame à sa façon, en y intégrant une partie fictive et un peu humour, je dirais peut-être humour noir... Mais humour quand même.
Le côté politique, est naturellement bien présente, mais en fait le coeur de ce roman est l'enquête, avec des personnages qui vont laisser une marque et que vous vous souviendrez probablement longtemps.
Tout se passe principalement à Schefferville, et beaucoup à Trois-Rivière. Deux endroits que je connais de nom, mais que je n'ai jamais visités. Alors l'auteur m'aura permis un petit séjour dans ce coin-là.
Politique, enquête, drame familial, mort, histoire, humour, si vous mêlez le tout, vous obtiendrez le prix Robert Cliche 2022, et avec raison. Les romans politiques ne sont pas mon point fort, par contre quand ça devient divertissant, enrichissant historiquement, on se laisse embarquer par la plume de l'auteur. Une plume nette, pas beaucoup de longueurs, une recherche historique bien faite, un beau mélange de réalité et de fiction, et une enquête qui nous permet de nous faire notre propre idée, pas nécessairement la bonne par contre.
Je vous recommande cette lecture, si vous aimez les romans policiers-historiques, vous serez bien servi !
Lien : https://lesmilleetunlivreslm..
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Plessis de Joël Bégin est l'histoire de la mort de Maurice Duplessis a Schefferville ville minière de la côte nord du Québec en 1959. Ce roman est un bijou littéraire, on nous raconte avec les mots de l'époque un peuple tenu en laisse par ce chef politique hors norme qui a remporté cinq élections pour être premier ministre du Québec. Un peuple enchainé au clergé catholique qui ne se doute pas de la révolution tranquille qui vient. J'aime bien ce mélange de contes et légendes pour introduire Méphisto qui revient chercher l'âme de Maurice pour ses vingt-cinq ans de pouvoir. Une histoire qui raconte le début de la modernité au Québec et la fin imminente de la grande noirceur. C'est à travers l'enquête d'un policier promu pour l'affaire Paul-Émile Gingras que l'auteur passe en revue les personnages dominants de l'époque, car on croyait que Maurice était mort empoissonné. Une histoire qui renforce ma conviction du besoin de la laïcité votée il y a quelque temps au Québec.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Il n'était pas mauvais à l'école, remarquez bien. Il avait mémorisé des pans entiers de vocabulaire latin et grec, s'était livré au calcul de la cerclure du cercle et la quadrature du quadre, avait appris d'Aristote que le plaisir sexuel sert à aligner les canaux pneumatiques, avait goûté les discours de Tite-Live et assimilé bon nombre d'autres connaissances pratiques. Mais on aurait dit que le savoir n'atteignait jamais véritablement sa conscience; que son éducation lui avait appris à décrypter les signes d'un langage étranger sans qu'il n'accède à leur sens; bref, il savait lire les étiquettes sur les cannes mais n'avait pas d'ouvre-boîte.
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- Veux-tu ben me dire qui serait assez fou pour vouloir adorer le prépuce du Christ? dit Émilien en tirant les billets dans son portefeuille.
- En tout cas, je connais une couple de madames qui l'avoueront pas mais qui rêveraient de tasser les langes des crucifix.
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Il avait adopté le système qu'on lui avait suggéré à l'Association éducative et récréative des aveugles. Il pliait les billets selon leur valeur, sauf les un : les deux sur la longueur, les cinq sur la largeur, les dix deux fois, les vingt en diagonale. Le système ne se rendait pas aux cinquante et aux cent, mais la plupart des aveugles sont, de toute façon, trop pauvres pour en tenir.
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J'ai cousu un grand rêve en courtepointe, et pis j'ai bien abrillé la province.
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Il ruminait, en proie à un trouble vague devant la honte du débardeur pour sa parlure, qui était celle de tout un peuple, cette gêne du bègue qui tique en entendant sa propre voix et qui, partant, tend à se confiner aux marges de la parole, à la frontière du silence.
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