En premier lieu, grâce à cet ouvrage, j'ai pu rejoindre mes potes de 79 avec « Led Zep » dans la tête et la nostalgie dans la musette. Pour nous, le must : ressembler à nos idoles.
Inévitablement, il y avait celui qui portait le gilet à franges sur son torse nu, son jean blanc moulant à la ceinture s'évasait amplement sur ses pieds nus dissimulés sous le cône de toile « pattes d'eph' » élimé à force de s'éclater sur le mythique « Whole Lotta Love ».
Le « beau gosse », le «
Robert Plant » de base. Comme dans le livre.
Seulement il ne s'appelait pas Stéphane et il n'a pas été assassiné.
On avait «
Alice Cooper », pour celui-là, on demandait à sa mère d'aller nous acheter des collants noirs au « Monop' » pour se dépêcher ensuite d'y faire d'énormes trous aux ciseaux avant qu'il les enfile sur ses jambes poilus. Après ça, on lui obscurcissait les orbites au noir de bouchons brulés. Trop cool !
Seulement il ne ressemblait pas à Jean-Jacques et il n'est pas devenu un musicien reconnu, compositeur et guitariste. Comme dans le livre.
Il y avait « Bowie » aussi, période « Alladin Sane » avec l'éclair multicolore sur le visage et la bouche enamourée.
« The Prettiest Star ».
Mais rien à voir avec Blaise au physique un peu ingrat qui, dans le roman, veut faire de la politique et produire une comédie musicale branchée avec ses amis colocs. Avide de réussite.
Et puis moi, qui n'étais pas en reste avec mon maxi à carreaux roses, mes « Clark's » bleues et mon bonnet plat, le « Ian Anderson » (Jethro Tull) du 12ème arrondissement.
« Sitting on the park bench » attendant mes cop's pour aller faire un « flip » au rade du coin après nos cours.
On était une vraie bande, comme dans le livre, on faisait les mêmes conneries, on avait les mêmes attentes, les mêmes craintes, les mêmes ambitions, les mêmes désillusions.
Seulement que l'on n'a pas subi de drame. Pas comme dans le livre.
Et puis il y avait les filles, enfin, les filles… on était souvent amoureux de la même, et une fois qu'elle avait choisi, on se faisait une raison. Dans le roman, peut-être pas !
Entre Jean-Jacques, Blaise ou Stéphane on ne sait pas. On ne comprend pas, enfin pas tout de suite…Parce qu'avec la douce et libre Agatha, on se pose beaucoup de questions.
Et puis il y a aussi Virginie qui chamboule tout par amour, toujours, et Ruth qui apaise la braise, présume-t-on…
Mais voila qu'apparaissent et se manifestent les enfants de ces gens, Esfera et Jonathan qui ont hérité de leurs parents les frasques d'antan. Ils veulent comprendre, dissoudre la souffrance, se défaire de ce qui les fige dans le vécu, dissiper le brouillard des non-dits, apprivoiser leur mitote…
Marceline Bodier « s'est laissée aller à son goût à l'introspection », et c'est là finalement où réside toute l'importance de son texte. Son intérêt lui, se niche dans les multiples facettes, décortiquées, disséquées, épluchées de chacun de ses personnages.
J'en suis sorti « Dazed and Confused ». Et c'est bon !