Le premier héros s'appellera Anthony.
Ca ne sera pas si important de le savoir pour l'enjeu de l'aventure et il pourrait s'appeler Barnabé, Joseph ou Dimitri mais il se pourrait qu'un jeune écouteur d'histoire questionne le grand lecteur avant de démarrer la lecture (vous les connaissez, ils ont besoin d'être bien installé dans une histoire) et lui demande comment s'appelle le petit garçon : alors voila, c'est Anthony, direz-vous.
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Anthony et la gargouille", c'est une histoire d'amitié et la gargouille pourrait se substituer à un animal de compagnie très familier.
Nous ne serons pas comment cela est possible mais Anthony se sera vu offrir un oeuf de gargouille et patiemment, il attendra qu'il éclose.
Nous arriverons pile au bon moment dans l'histoire, il sera enfin l'heure. Et donc depuis ce jour, Anthony et cette petite gargouille seront inséparables.
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Anthony et la gargouille" sera aussi un livre sur le souvenir, de la douce nostalgie qui borde sa larme au coin de l'oeil aux remémorations qui font chaud au coeur.
Anthony est très jeune, c'est un enfant, que pourrait-il avoir déja à regretter ?
Tandis que les parents d'Anthony regarderont un peu dans le rétroviseur pour ne pas perdre de vue les moments qui passent et s'effacent, ceux qui restent capturés sur les photos pour maintenir le lien (nous y verrons la maman d'un des deux parents, avec Paris en fond de décor. Elle s'y trouve donc), Anthony fera face à l'avenir avec deux événements qui vont le faire peut-être un petit peu grandir.
La santé de sa mamie et se séparer de sa gargouille.
L'album nous prendra les enfants par les sentiments, usant du mode de la bande dessinée sans bulles pour qu'ils se racontent ce qu'il se passe en jugeant de l'illustration, invitant le petit raconteur d'histoires à prendre les rênes et interpréter. L'illustratrice
Maja Kastelic ne se montrera ni théâtrale ni trop démonstrative dans les mises en scène de ces cases, le petit lecteur devra déduire de la gravité des situations avec le fil de lecture des cases (et non en les jugeant séparément. Oui, le lecteur est à un pas de lire seul).
Nous parlerons de la famille, de celle d'Anthony et de celle de la gargouille.
Anthony finira bien par comprendre qu'il manque quelque chose à sa gargouille et l'impossibilité de se tenir immédiatement au chevet de sa mamie devrait aider à saisir.
Rien ne servira de parler de Paris en photos à cette petite gargouille, il lui faudrait sans nul doute nouer ce lien par elle-même.
Double mission donc vers Paris !
L'auteure
Jo Ellen Bogart ne jouera pas avec les émotions des enfants, ne surjouant pas la carte du drame et de la tristesse.
C'est calme, posé, la tristesse s'installe avec pudeur dans un vague à l'âme et les décisions se prendront alors pour que chacun se trouve auprès de l'être aimé.
En plus de l'Hôpital, nous grimperons donc aussi tout en haut de la Cathédrale Notre Dame de Paris.
Le mode suivra d'un rythme tout doux, posant le thème du temps qui passe d'un côté et celui des souvenirs, de l'autre. Nous serons en famille, tout le temps, à 3, à 4 et 5, les photos accrochées à l'entrée de la maison nous raconterons déja son histoire, c'est habile.
Ces photos permettront finement d'indiquer au lecteur plus ou moins d'où vient la gargouille.
Il y a de la famille en France, la grand-mère et nous profiterons d'un joli bouquet de clichés touristiques illustrés qui exploseront et feront rêver quand la famille posera un pied hors de la gare pour la visiter.
Nous serons dans le romantisme du Sacré Coeur et des autres architectures parisiennes où le touriste étranger se plait à flâner.
Nous aurons l'impression qu'Anthony ne sera pas revenu ici depuis longtemps.
La fin sera assez sereine et même mature avec notre Anthony qui ne fera aucune scène et cèdera au bonheur de son ami avant le sien de l'avoir toujours auprès de lui (un peu finalement comme la grand-mère qui verra partir son fils et sa famille très loin).
C'est assez adorable à tous points de vue.