Guy Boley, en associant Elisabeth à la biographie de son frère, Fredrich Nietzche, dresse dans A ma soeur et unique un portrait de femme terriblement démoniaque.
Elisabeth est une femme vénale, méchante, menteuse, bigote et raciste, incapable de tendresse, ni même d'une simple humanité. Son seul but semble de tenir sa place dans la “bonne société”, s'enrichir pour mieux en imposer et, en plus, récolter la compassion de tous. Prête à tout, et même à trahir les écrits de son frère et à le transformer en antisémite et fasciste, elle en fait un penseur adulé du Troisième Reich.
En dix parties,
Guy Boley tente de rétablir la vérité en racontant, comme un conte, l'histoire de ce génie si précoce, philosophe, penseur et musicien à la fois, souffrant notamment de douleurs ophtalmiques. Vient renforcer ce récit, la présentation de sa relation avec sa soeur, cadette de deux ans, prête lors de sa jeunesse à aliéner son destin à celui de son frère pour prendre soin de lui.
Avec l'amitié pour le musicien Wagner, avant que
Louis II de Bavière ne le prenne sous son aile,
Guy Boley transforme son joli conte en tragédie. En effet, Frédéric est décrit se réfugiant de plus en plus dans la solitude et Elisabeth commençant à apprécier les avantages de la haute bourgeoisie.
Lorsque Fredrich décide de ne plus faire semblant, alors la rupture s'annonce ! Non seulement, il ne devient pas pasteur comme toute son ascendance. Mais le penseur déclare qu'il n'accompagnera plus sa mère, ni sa soeur, le dimanche, au service. Et, même, il écrit dans un de ses livres, “Dieu est mort” !
Et ainsi de suite, jusqu'à l'effondrement psychique de Frédérich. Alors, la petite princesse se transforme en véritable sorcière !
Car, tout au long de ce récit romancé, des situations de plus en plus démoniaques se présentent. Ils révèlent la personnalité d'Elisabeth, certes peut-être bête comme le disait son frère, mais avant tout cruelle et corruptible. Et, l'écoeurement devant tant de duplicité n'est jamais loin !
En écrivant chaque jour à sa mère, aussi régulièrement à sa soeur, et aussi à ses amis, Nietzche laisse une documentation énorme qui vient d'être complètement publiée.
Guy Boley s'en est largement inspiré.
Le style de
Guy Boley regorge de mots, de phrases longues qui débordent quelques fois, un peu trop, comme de trop, par trop de précisions. Les virgules s'ajoutent pour que les adjectifs ou les verbes précisent une nuance. L'enthousiasme de l'écrivain afflue de toutes parts.
Celle que Nietzche appela Lama, fut sa nurse, sa béquille qu'il qualifia pourtant de “Stupide dinde, vindicative et antisémite”. de plus, lorsqu'il s'est complètement fermé au monde, elle devient celle qui saura utiliser ses écrits comme une corne d'abondance.
Ce portrait de
Guy Boley est particulièrement réussi pour éclairer sa biographie et déconstruire la mauvaise réputation qu'on attribue à l'homme, penseur reconnu par tous !
À ma soeur et unique, à découvrir !
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