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3,8

sur 100 notes
Guy Boley, en associant Elisabeth à la biographie de son frère, Fredrich Nietzche, dresse dans A ma soeur et unique un portrait de femme terriblement démoniaque.

Elisabeth est une femme vénale, méchante, menteuse, bigote et raciste, incapable de tendresse, ni même d'une simple humanité. Son seul but semble de tenir sa place dans la “bonne société”, s'enrichir pour mieux en imposer et, en plus, récolter la compassion de tous. Prête à tout, et même à trahir les écrits de son frère et à le transformer en antisémite et fasciste, elle en fait un penseur adulé du Troisième Reich.

En dix parties, Guy Boley tente de rétablir la vérité en racontant, comme un conte, l'histoire de ce génie si précoce, philosophe, penseur et musicien à la fois, souffrant notamment de douleurs ophtalmiques. Vient renforcer ce récit, la présentation de sa relation avec sa soeur, cadette de deux ans, prête lors de sa jeunesse à aliéner son destin à celui de son frère pour prendre soin de lui.

Avec l'amitié pour le musicien Wagner, avant que Louis II de Bavière ne le prenne sous son aile, Guy Boley transforme son joli conte en tragédie. En effet, Frédéric est décrit se réfugiant de plus en plus dans la solitude et Elisabeth commençant à apprécier les avantages de la haute bourgeoisie.

Lorsque Fredrich décide de ne plus faire semblant, alors la rupture s'annonce ! Non seulement, il ne devient pas pasteur comme toute son ascendance. Mais le penseur déclare qu'il n'accompagnera plus sa mère, ni sa soeur, le dimanche, au service. Et, même, il écrit dans un de ses livres, “Dieu est mort” !

Et ainsi de suite, jusqu'à l'effondrement psychique de Frédérich. Alors, la petite princesse se transforme en véritable sorcière !

Car, tout au long de ce récit romancé, des situations de plus en plus démoniaques se présentent. Ils révèlent la personnalité d'Elisabeth, certes peut-être bête comme le disait son frère, mais avant tout cruelle et corruptible. Et, l'écoeurement devant tant de duplicité n'est jamais loin !

En écrivant chaque jour à sa mère, aussi régulièrement à sa soeur, et aussi à ses amis, Nietzche laisse une documentation énorme qui vient d'être complètement publiée. Guy Boley s'en est largement inspiré.

Le style de Guy Boley regorge de mots, de phrases longues qui débordent quelques fois, un peu trop, comme de trop, par trop de précisions. Les virgules s'ajoutent pour que les adjectifs ou les verbes précisent une nuance. L'enthousiasme de l'écrivain afflue de toutes parts.

Celle que Nietzche appela Lama, fut sa nurse, sa béquille qu'il qualifia pourtant de “Stupide dinde, vindicative et antisémite”. de plus, lorsqu'il s'est complètement fermé au monde, elle devient celle qui saura utiliser ses écrits comme une corne d'abondance.

Ce portrait de Guy Boley est particulièrement réussi pour éclairer sa biographie et déconstruire la mauvaise réputation qu'on attribue à l'homme, penseur reconnu par tous ! À ma soeur et unique, à découvrir !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Janvier 1889 à Turin, un homme s'effondre. Cet homme c'est Friedrich Nietzsche, il a quarante-quatre ans et il ne se relèvera jamais de ce malaise. Enfermé en lui-même, il ne s'exprimera quasiment plus. de l'asile à sa chambre, il se retrouvera seul jusqu'à sa mort en 1900. Enfin pas tout à fait car dans la famille Nietzsche il y a Elisabeth, la soeur cadette qui de complice et confidente se transformera en exploiteuse de l'oeuvre de son frère jusqu'à la dénaturer.

Guy Boley nous raconte ici une relation fraternelle qui s'étiole au fil du temps jusqu'à devenir une relation de haine. Car de l'amour à la haine il n'y a qu'un pas. Qui ne sera pas franchi en une fois entre Friedrich et Elisabeth mais qui sera la conséquence d'un nombre de choix qui les éloigneront l'un de l'autre. Jusqu'à la chute de Friedrich dans la folie moment où Elisabeth reprendra sa place près de son frère mais pour mieux l'utiliser, ou plutôt utiliser ses écrits.

Nous accompagnons ainsi le frère et la soeur. Une enfance à Naumburg où leur complicité se construit au point que, devenus adultes, Elisabeth et Friedrich en viendront à vivre quasiment comme un couple à Bâle où la jeune fille soutiendra son frère dans son travail de professeur. Jusqu'à la rupture, lorsque Friedrich renie son éducation religieuse et qu'Elisabeth épouse un antisémite notoire et part vivre avec lui pour construire une communauté allemande au Paraguay. Expérience qui se soldera par le suicide du mari d'Elisabeth. Elle profitera de la maladie de son frère pour revenir en Allemagne, à son chevet, et entreprendra de faire connaître son oeuvre, en la détournant pour la rendre conforme à ses propres idées et à ses propres sympathies politiques.

Ce livre est un pur plaisir de lecture. Instructif et brillant, il nous fait presque oublier qu'il s'agit de personnages réels tant les péripéties sont romanesques. Il est par ailleurs servi par une plume alerte et riche, inventive qui rend cette histoire de la fin du XIXème siècle très contemporaine. Il permet aussi de réhabiliter l'oeuvre de Nietzsche, dénaturée par sa soeur au point d'avoir été récupérée par le nazisme. Idéologie dont Friedrich était en réalité bien loin.
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Avant que d'être réduit à un nom de famille, terreur des étudiants en philosophie et toujours activement commenté et critiqué, Friedrich Nietzsche était Fritz, fils et frère d'un « cheptel de femmes », dont il tentera toute sa vie d'échapper à l'influence… en vain.
Fritz et sa soeur Elizabeth - son unique, adorée et haïe - sont les véritables sujets du roman de Guy Boley : leurs relations quasi incestueuses, l'aide d'Elizabeth durant les jeunes années du futur philosophe, puis la rupture jusqu'à la manipulation et la reformulation manifeste des écrits de Fritz, par opportunisme et surtout par vénalité.
Elizabeth, bigote par tradition et antisémite par le mariage, s'avèrera niaise et un peu idiote, mais également carriériste, mégalo et extrêmement persévérante.
Dans un style lyrique, non dénué d'humour, Guy Boley nous présente ce duo, récit parsemé d'aphorismes nietzschéens et d'un recul bien agréable à lire.
L'un comme l'autre ne sont pas présentés sous leur meilleur profil : de l'oeuvre intellectuel de Nietzsche, il ne sera aucunement question ; quant à sa soeur, elle ne pourra qu'attirer une profonde antipathie.
Mais la question se pose : son opiniâtreté à rassembler, en utilisant toutes les bassesses à sa disposition, l'intégralité des écrits de son futur frère immortel, ne compte-t-elle pas dans la célébrité de Friedrich Nietzsche ? Sa pensée aurait-elle diffusée de par le monde s'il n'avait eu cette soeur arriviste ?
Servi par une écriture majestueuse, « À ma soeur et unique » mérite amplement son prix des Deux Magots et il me tarde de découvrir avec gourmandise les autres titres de l'auteur.
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De la vie du philosophe Friedrich Nietzsche, je ne savais rien, si ce n'est qu'il était devenu fou en embrassant un cheval.
Je savais également que sa soeur avait eu une passion pour Hitler, dénaturant les écrits de son frère.La lecture de ce roman m'a permis d'en apprendre plus sur la vie de celui qui fut peu voire pas lu de son vivant, son rapport fusionnel puis inexistant avec sa soeur.J'ai découvert une soeur qui rêvait de grandeur, d'abord en se mariant, puis, une fois son mari mort, en glorifiant son frère. Une soeur capable de mentir et travestir le réel pour qu'il soit conforme à son rêve.

J'ai découvert un Fritz enfant qui souffre de la mort de son père Pasteur, un enfant qui soufre de problèmes de vue qui l'obligent parfois à rester coucher, sa passion adolescente pour le poète grec Théognis de Mégare, nihiliste précoce.

J'ai retrouvé le goût pour la danse du philosophe, et découvert celui qu'il avait pour la petite trempette.

J'ai aimé que l'auteur face intervenir les dieux (les grecs ? les nordiques ?) comme jouant avec les hasards pour unir ou désunir les pauvres humains.

J'ai eu de la peine pour la colonie Nueva Germania que construise Élisabeth et son mari au Paraguay, sans rien préparer, avec leur seule volonté de former une communauté exempte de Juifs loin de l'Europe.

J'ai souris chaque fois qu'était employé le mot cruchon pour désigner Élisabeth.

Je n'ai pas vraiment compris les références à Bernadette Soubirous qui parsèment le roman.

Si j'ai aimé la musicalité du style, comme un long poème en prose, j'ai en revanche moins apprécié les accumulations de mots, comme une liste sans fin.

J'ai aimé les extraits de correspondances, moins les extraits de la maison de santé de Iéna ou à été hospitalisé le philosophe.

J'ai été surprise par le ton de l'auteur, bien loin de ses précédents romans que j'avais aimé.

L'image que je retiendrai :

Celle du cacao van Houten qu'apprécie tant le philosophe, au point de continuer de crier le nom de la marque dans certains de ses délires.
Lien : https://alexmotamots.fr/a-ma..
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Je suis assez peu portée sur la philosophie. Je me suis dit que ce titre était peut-être celui qui m'aiderait à mieux découvrir Nietzsche, l'homme, avant d'avoir envie de découvrir le philosophe. Et c'est effectivement une bonne entrée en matière pour découvrir Nietzsche et sa pensée. Mais j'ai de loin préférée sa soeur, Elisabeth, personnage très fade au départ, qui au final se trouve être une femme pleine de caractère, despotique, et prête à tout pour s'enrichir quand elle découvre le succès des écrits de son frère auxquels elle ne comprend rien.
Je regrette juste que ma lecture ait été très inégale. Je me suis beaucoup ennuyée sur certains passages et été happé par d'autres. C'est aussi ma première rencontre avec cet auteur dont j'avais lu beaucoup de bien, notamment sur le style. Je referai un essai avec une autre lecture.
Merci à Grasset et Netgalley pour cette lecture.
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Friedrich avait une soeur, elle s'appelait Élisabeth.

Dans ce roman fleuve de 468 pages, Guy Boley nous conte l'histoire méconnue de la fratrie Nietzsche. de leur naissance à leur mort, le philosophe allemand et sa soeur traversent l'Allemagne qui bascule, l'Europe qui s'embrase... C'est elle qui apportera de la visibilité à ses écrits d'auteur alors marginal. Elle, aussi, qui les offrira à un homme et son parti : Adolf Hitler. Passionnant mais de trop nombreuses longueurs dans l'écriture à mon goût. le récit aurait parfois gagné à être resserré.
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Elisabeth Förster fut l'unique soeur de Friedrich Nietzsche, écrivain, philologue, philosophe, être perpétuellement souffrant, vivant dans une solitude totale. de deux ans sa cadette, elle fut sa première lectrice, compagne, admiratrice. Tôt, elle se promet de tout faire pour que brille l'oeuvre de son frère à laquelle elle n'entend rien. En effet, elle fera tout. le soignera, l'assistera, le portera. Elle ira jusqu'à vendre ses écrits à Adof Hitler, homme que Friedrich eut haï s'il l'avait connu.

Guy Boley retrace chaque épisode de leurs vies : leur enfance complice à Naumburg, leur vie conjugale à Bâle où Fritz est professeur et où Lisbeth l'assiste, les week-ends chez les Wagner puis la rupture : l'affaire Lou-Salomé, le mariage d'Elisabeth avec Bernhard Förster, antisémite déclaré avec lequel elle part en 1886 au Paraguay fonder la colonie Nueva Germania. Pour revenir trois ans après, au chevet de son frère tombé dans la folie, inconscient, alité, qu'elle dit soigner mais qu'elle va trahir et spolier.

J'adore les romans de Guy Boley mais ce nouveau roman, au sujet pourtant fort intéressant, est une grande déception. J'ai éprouvé une sensation d'étouffement dans un texte où un mot est décliné dans la foulée en une dizaine de synonymes. Des accumulations insupportables, des mots savants à tour de bras, un lyrisme et une grandiloquence loin de la finesse et de la poésie de ses premiers romans. L'écriture excessivement travaillée prend le pas sur l'histoire, dommage...


Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Bonsoir,
« A ma soeur et unique » de Guy Boley ce soir aux Editions Grasset et Fasquelle. Un roman, un documentaire sur la vie de Nietzsche et sa soeur. Leurs relations depuis l'enfance jusqu'à la mort du dernier la soeur. On dit que parfois la vie est plus riche, plus surprenante que ne peut être l'imagination. C'est le cas ici une vie incroyable, un destin qui prend vie sous la très belle plume de Guy Boley. On grandit avec eux deux, on les suit chez Wagner. Une relation surprenante entre ces deux là une fusion, de la jalousie, de la haine, de l'amour, de l'ambition. Vous voulez lire un roman d'aventures, d'amour ? Ce livre est tout à la fois et en plus on apprend énormément de choses sur Nietzsche et sa vie. Passionnant !
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Quel plaisir de retrouver la plume de Guy Boley, dont j'avais déjà apprécié les textes précédents, découverts grâce aux 68. Les textes précédents étaient intimes.
Cette fois, il va narrer la vie de Friedrich Nietzsche et de sa soeur, Elisabeth Forster.
Avec un style foisonnant, poétique, intriguant, nous découvrons la vie du philosophe, des références à ses oeuvres, subtilement distillées et la vie de sa soeur et la façon dont elle a perpétué l'oeuvre de son frère. Ils ont vécu pendant une époque si foisonnante, si bouleversée, il ont fait des rencontres célèbres (j'ai aimé croiser Wagner, que j'ai retrouvé dans une autre de mes lectures récentes (Les maîtres de Bayreuth de Charles Roquin)), insolites (un premier chapitre troublant lors du malaise de Nietzche face à la mort d'un cheval, les scènes lors de ses nombreux internements, avec les comptes rendus des médecins).
J'ai peu de références sur l'oeuvre de ce philosophe, à part le souvenir d'une création théâtrale de son texte " Ainsi parlait Zarathoustra". Mais j'ai aimé comprendre certains de ses concepts et l'évolution de sa pensée, pendant sa vie.
J'ai apprécié la description de l'époque, des personnages que l'on croise (Wagner, Lou Salomé..). Il nous parle de la vie de Nietzche mais aussi de sa soeur (qui a tenté de créer une colonie au Paraguay, en reprenant les concepts nazis, de pureté, une "nueva Germania".)
Ce qui en fait une lecture plaisante, malgré le sujet, qui aurait pu être ardu c'est le style de l'auteur qui nous entraîne, qui nous décrit des scènes spectaculaires, mais aussi intimes (les rapports de Friedrich avec sa mère, avec sa soeur). Ce texte ne va peut être pas m'inciter à lire les écrits philosophes mais j'ai aimé la description de cette époque, et découvrir d'autres protagonistes de ce texte.
#Amasoeuretunique #NetGalleyFrance
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Ce roman historique retrace dans les grandes lignes la vie de Nietzsche, ainsi que ses relations familiales, en particulier les interactions particulières qu'il entretient avec sa soeur Elisabeth. Puis, on découvre cette soeur méconnue, et l'influence qu'elle aura dans la réception que nous avons aujourd'hui de l'oeuvre de son frère.

Les théories de Nietzsche ne sont pas développées ici (ce n'est pas le sujet), et il ne faut pas s'attendre à découvrir un résumé de la pensée foisonnante de cet homme aussi excessif que travailleur compulsif. On croisera bien sûr Wagner, Lou salomé, mais surtout, on découvrira la facette familiale de Nietzsche. Elisabeth sera, pendant un temps, une seconde mère pour lui à défaut de pouvoir être une épouse. Elle le soutiendra, tiendra sa maison, sera présente à ses côtés et admirera son intelligence et ses oeuvres, avant d'évoluer et de tenter d'en tirer profit.

Le sujet du livre est passionnant, et j'en recommande vraiment la lecture.

En revanche, il m'a fallu une période d'adaptation avec le style, qui contient des accumulations systématiques, donnant parfois l'impression qu'au lieu d'un adjectif clair et précis pour exprimer une idée, Guy Boley décline tous les synonymes du dictionnaire, ce qui entraine une certaine lourdeur, d'autant que le procédé est répété sans fin. Par ailleurs, j'ai eu l'impression qu'il voulait à tout prix « faire littéraire », car de nombreux termes inusités parcourent aussi les pages, ce qui n'allège pas le récit. Il ne fait aucun doute que ce texte est très travaillé, et je dois avouer, que c'est très agréable. Au départ j'ai pensé qu'il l'était un peu trop peut-être, puis je me suis laissée porter et j'ai dévoré ce roman.

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