Nine se voit privée de son bal de fin d'année.
En séjour forcé, dans une cabane au milieu de nul endroit qu'elle puisse connaitre ou vouloir entendre parler ce soir-ci, elle accepte d'entendre les raisons personnelles et "urgentes" de sa mère Titania.
Titania invoque une excuse qui fera son chemin, progressivement, avec des révélations familiales qui ont trop tardé à être mises à jour selon Titania.
Nous nous attendons au pire, avec le caractère "théâtrale" de la situation qui laisse supposer une vérité trop lourde pour la sensibilité la petite fille que fut Nine.
A présent, Nine a 16 ans. Et Titania se présente, son vraie nom est Consolata.
Dans cette cabane, Titania y a vécu. Nine apprend qu'elle a deux oncles, Orion et Octo, que sa grand-mère est toujours du monde des vivants et ainsi les histoires qui vont suivre durant la soirée vont se charger de les rendre familiers à l'adolescente.
Ce n'est pas une séquestration, c'est une réunion très intime entre mère et fille, devant un bol de soupe, promettant des croquants poivrés, des photos souvenirs accrochées et nous savons déja que les trois inconnus arriveront au petit matin.
Mais jusque là, nous attendons, comme Nine, nous lecteurs, de voir où cela être fatal.
Nous attendons le petit matin et l'auteure nous promet que
l'aube sera grandiose.
Les souvenirs d'enfance livrés de Titania sont émouvants, vivants, nous croisons ce profil de petite fan de foot avec celui de la maman protectrice du début d'histoire et cela fait sourire.
Le temps s'égrène en heures pour Nine, en années dans les histoires de Titania.
Nous sommes touchés, au coeur, comme
Anne-Laure Bondoux sait le faire avec ses histoires d'adultes qui malgré eux affectent les trois enfants.
L'auteure évite toutes caricatures, Rose-Aimée aime les hommes et se trouve être une mère exemplaire en même temps.
Où cela pêche t-il?
On pourrait juger négativement et facilement du caractère interchangeable mais peut-être que les faits nous induisent en erreur, car en faisant la connaissance de Jean-Ba le pompiste, de Vadim le docteur, de belles personnes, on peut affirmer qu'ils sont uniques.
Et pourtant, c'est ainsi, un lien se casse, comme si Orion, Octo et Consolata avaient perdus des pères.
Et le leur de père?
Quels sont les révélations qui ne peuvent attendre?
L'auteure ménage son suspens de va et viens dans le temps et les récits, nous consentons bien que ses derniers romans sont liés par des thèmes chers, le secret, la transmission et l'amour familial. Mais à chaque fois, nous ne ressentons pas de lassitude, pour notre part et d'un sentiment de déja vu trop récurrent. Ce sont des histoires à chaque fois inédites, fortes de courage et de sacrifices parentaux dans les silences et les vérités bonnes à dire et à cacher.
Consolata pourra se soulager d'être écoutée et entendue par sa fille.
Le personnage écrivain de métier est passé maître dans la narration des histoires mais l'épreuve la plus dure est sans nul doute d'en venir à la sienne. Et nous tournons les pages en espérant refermer le livre sur une nouvelle aube changeante et grandiose.
Une auteure coup de coeur.