C'est un roman sur le corps, le corps des femmes, celui qui vit, celui qui bouge, celui qui se donne à voir, celui qu'on maltraite, celui qui souffre, celui qui donne la vie et qui donne aussi, parfois, la mort.
Béatrice a eu deux vies. Dans la première, elle a aimé, elle a dansé, elle s'est montrée, elle a eu deux (en fait, trois) enfants, elle a été abandonnée. Dans la suivante, elle a dissimulé son corps et ses sentiments sous la blouse rose d'une auxiliaire de puériculture, et dans le difficile quotidien d'une maternité, a commencé à côtoyer, jour après jour la vie, la mort, la peur. Elle passe en revue chaque chambre de son service (à commencer par la numéro 2), trouvant derrière les portes parfois le bonheur, souvent la tragédie, toujours des élèments qui la ramènent à des souvenirs de sa vie d'avant. Dans ce lieu d'immense solitude qu'est l'hôpital, Béatrice s'efforce de se protéger en restant neutre et professionnelle devant l'absurdité de certaines situations, mais à l'intérieur c'est un concentré d'émotions brutes, de colère et de sensations violentes que l'on sent progressivement monter au fil des pages, qui ne demande qu'à exploser.
C'est le premier roman de
Julie Bonnie (Lauréate du Prix du Roman Fnac), qui est elle-même chanteuse et puéricultrice, et l'on sent qu'elle a écrit avec ses tripes et toute l'empathie possible pour ces mères perdues, épuisées et brisées à l'un des moments les plus importants de leur vie. Absence de communication, manque de temps, médecins hautains, infirmières débordées, fatiguées, agressives... l'univers hospitalier dépeint est réellement effrayant, et même si le tableau est volontairement noirci puisqu'on se trouve bel et bien dans un roman et que les anecdotes sont fictives, on entrevoit la part de réel où un accouchement peut être une jouissance comme une déchirure. Avec crudité et réalisme,
Julie Bonnie parle des femmes et de la maternité avec une liberté rare.
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