Il s'agit d'un recueil de nouvelles diantrement intéressant par son inventivité. Tout commence par une mystification, l'ouvrage étant présenté comme celui d'un suicidé, un certain Champavert. Je le prends en grande partie comme une moquerie contre le romantisme ; le tragique y tourne bien souvent à la farce, bien qu'il ne soit pas dépourvu d'une certaine puissance, notamment par sa sauvagerie. Cette histoire de faux-suicide, qui peut paraître de mauvais goût, s'inscrit à mon sens dans une démarche teintée d'une profonde ironie. L'écrivain, qui avait la réputation d'être misanthrope, se faisait appeler le "lycanthrope", c'est-à -dire le loup-garou. Il semble également très inspiré par la littérature et les arts de la décadence espagnole, avec ses penchants très macabres, comme en témoignent les nombreuses citations dans la langue de
Cervantès. Amateurs de tournures rares et de fantaisies orthographiques, vous serez servis. Par ailleurs, l'écrivain est un proche de
Nerval, qui a rédigé pour ce recueil un poème signé Gérard, aux accents très Baudelairiens. Enfin, dans l'une des nouvelles on retrouve le procédé littéraire consistant à proposer une loi absurde, envisagée avec sérieux, procédé que l'on retrouve chez
Villiers de l'Isle Adam, dans "Chez les Passants" ou plus récemment, dans
le Passe-Muraille de
Marcel Aymé. Ne serions-nous pas là devant un précurseur de l'absurde ?
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