J'ai reçu ce titre grâce à un concours organisé cet été par dix « jeunes » auteurs. Je profite donc de ma chronique pour remercier à nouveau tous les organisateurs (notamment
Rodolphe Fontaine) et
Cathy Borie qui m'a fait parvenir son livre (avec une petite dédicace).
Vous le savez, je lis pas mal de littérature contemporaine (enfin, peu si l'on compare avec mon débit en littérature Imaginaire, évidemment) mais je me méfie toujours car je ressens rarement quelque chose avec ce genre de récits. Je suis toujours curieuse de découvrir d'autres ouvrages mais souvent un peu « réticente » et généralement assez exigeante avec ceux-ci.
Or,
Triptyque, du haut de ses 80 pages seulement, a su me convaincre du début à la fin. L'histoire est touchante, l'héroïne attachante et la forme particulièrement bien pensée. J'approuve et je conseille vivement !
Cécile, la cinquantaine, entretient une correspondance virtuelle avec Jean, 29 ans, le meilleur ami de son fils. Au fil des jours, les courriers se multiplient, les échanges deviennent téléphoniques et elle ne peut plus s'en passer. Elle tombe amoureuse. Mais cette histoire est impossible, la différence d'âge est trop grande, elle est trop vieille, trop fripée… elle pourrait être sa mère !
Derrière cette intrigue très ancrée dans notre société contemporaine et donc pas forcément très « originale », se cache les réflexions, sentiments et agissements de l'héroïne. Je ne suis pas une femme de 50 ans amoureuse du meilleur ami de mon fils et n'ai jamais été dans cette situation, mais malgré tout, grâce au talent de
Cathy Borie, j'ai compris les doutes et angoisses de Cécile et j'ai parfaitement ressenti ses joies et ses peines. 80 pages, c'est très court, mais je vous assure qu'on a le temps de s'attacher à l'héroïne et que l'on se sent très impliqué par ses aventures futures.
C'est ainsi que, complètement entrée dans l'histoire, je n'ai pas vu venir le retournement de situation du dénouement… je me suis fait avoir, complètement. Avec du recul, je me rends compte que le procédé n'est pas absolument extraordinaire mais les choses les plus simples - si elles sont bien mises en oeuvre, ce qui est le cas ici - sont souvent celles qui fonctionnent le mieux. Bravo !
Outre l'intrigue et son héroïne, ce que je retiendrai surtout de cette lecture, c'est sa forme particulière. En effet, je pense qu'on peut rattacher le titre choisi par
Cathy Borie -
Triptyque - à la division du texte en trois parties.
La première prend la forme d'un journal intime. Cécile y raconte ses premiers échanges avec Jean et l'évolution de ses sentiments. Comment mieux rapporter une profonde introspection que par quelques entrées du journal intime de l'héroïne ? La partie suivante revêt les habits d'une pièce de théâtre pour introduire le dialogue entre Cécile, sa soeur (Marielle) et sa meilleure amie (Annie). Dans celle-ci, l'héroïne questionne ses plus intimes confidentes pour savoir ce qu'elles pensent de cette relation et pour trouver les réponses à ses interrogations. Enfin, dans le troisième et dernier morceau de
Triptyque,
Cathy Borie choisit de passer au récit à la troisième personne pour nous conter « le passage à l'acte » de son héroïne. Ces choix formels ne sont pas anodins à mon goût, et sont parfaitement réfléchis car en accord avec le fond : c'est intelligemment construit !
Vous l'avez compris, j'ai aimé. Et je remercie
Cathy Borie car c'est grâce à des textes comme le sien que je reprends un peu « confiance » en la littérature dite « contemporaine ».
Lien :
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